Рет қаралды 36,692
#84 Transat partie 1 (…)
17 mars 2021, à quatre jours près, il y a un an, nous quittions dans une subversion incompréhensive, le Sri Lanka ! C’était le début du confinement mondial, le début d’une crise virale inacceptable par l’Homme, le début d’un chaos insensé, le début de la privation de libertés ! Depuis, des théories ont été soulevées, des hypothèses ont été affirmées, leurs inverses ont été soutenues, attestations, incertitudes, démentis ont bouleversé le monde. Chacun apporte sa vérité, mais finalement qui la connait vraiment ? Certainement pas nous, d’ailleurs, nous essayons d’en savoir le moins possible pour continuer de vivre et être libre ! Dans le premier chapitre de cette pandémie, nous avions pris l’option de nous confiner dans l’océan indien, sans savoir où nous allions atterrir, nous nous sommes laissés porter par nos intuitions. Sans nous priver, nous avons pu profiter du continent Africain. Douze mois plus tard, un vent de doute continue à peser sur l’humanité, rien ne semble avoir évolué dans le bon sens sauf, peut-être, pour notre planète ! Beaucoup de frontières restent fermées, voyager devient un défi et dans ces circonstances, trouver un pays d’accueil est un challenge, pourtant nous nous sentons plus que jamais libres, nous repartons vers notre inconnu, confinés en plein cœur de l’Atlantique !
Les copains sont tous passés, nous nous sommes donnés rendez-vous de l’autre côté, quelque part, sans certitude, là où nous aurons le droit d’accoster ! Nous allons garder contact par iridium. De toute façon, l’imprévu est pour tous et nous savons bien que la situation peut changer d’un bateau à l’autre, alors rien ne sert d’anticiper, nous allons naviguer à vue !
Midi, la bruine ne s’est pas éternisée ce matin et à l’heure de l’appareillage le ciel s’est dégagé. Dans la baie de Walvis, les cargos semblent flotter, les oiseaux marins profitent de leur escale et les otaries se prélassent sur le banc de sable qui enclave notre abri en humant chaque rayon de soleil ! La terre africaine s’estompe dans les heures de notre sillage et devant nous, l’océan, l’immensité de notre évasion s’étale à perte de vue. Juste le temps de nous éloigner sous moteur, prendre le vent et nous devrions, dès que nous serons sortis du courant du Benguela, bénéficier d’un tout harmonieux, houle-alizée. En attendant, nous allons devoir nous accommoder des interventions désordonnées du flux qui ébranle notre Blacky, le faisant couiner non pas de douleur mais de ragages, sûrement le sable de cet environnement désertique qui s’est faufiler un peu partout ! Voilà aussi pourquoi nous préférons toujours partir en début de journée. Un bruit, un accro, un problème de dernière minute, seront toujours plus facile à déceler de jour, qu’en pleine nuit. Un peu de lubrifiant sur les grincements, quelques ajustements, deux-trois réglages et c’est déjà l’heure du soleil couchant pris d’assaut par un groupe de rorquals dont on ne verra que les jets vaporeux dans les couleurs crépusculaires.
18 mars, la nuit a été agitée, des vagues courtes, confuses et lunatiques se sont amusées à nous tambouriner ! C’est vraiment détestable ! Ça vient de ce fichu courant, nous n’en sommes pas encore sortis, c’est toujours lui, qui, vicieux, vient nous crisper l’océan. Sans ce vilain, pas de supplice, l’oscillation serait langoureuse et le tangage léger, mais pas le choix que d’accepter, il est le caractère de la mer… Avec lui, des bateaux de pêche, bien visibles sur AIS et radar, ont capté notre attention. Comme il y a sept ans, la civilité de ces marins est remarquable ! Au petit matin, par VHF, ils indiquent les points GPS de début et de fin de leur filet et tenez-vous bien, celui qui vient de faire son annonce vient de poser un piège de plus de 30 kilomètres de long ! Les premières vingt-quatre heures nous positionnent par 22º02'730 sud et 12º15'150 est, 142,3 milles à l’ouest de la Namibie. Cap 285º, notre Lion noir avance…
Un pénible barbouillage s’obstine à m’incommoder mais ça va passer, je le sais, les quarante-huit premières heures vont être dépassées et pour me faire tenir, il y a les Mantos, le coca et les bombons au gingembre ! Aujourd’hui, 162,8 milles, 21º04'622 sud, 09º37'512 est, l’océan a retrouvé une belle couleur bleue… Des poissons volants s’échouent de nuit sur le pont !