Merci pour cette émission. À force de lire et d’écouter beaucoup sur cette période (Guillemin, en l’occurrence), plusieurs choses me viennent à l’esprit dont il faut tenir compte, je pense, pour que toutes les analyses, quelles qu’elles soient, ne soient pas faussées. Tous les événements dramatiques de cette époque se concentrent sur une période extrêmement courte : 5 ans entre la prise de la bastille et thermidor. Dans cet intervalle si restreint , il s’agit ni plus ni moins d’assurer la transition entre un système politique pluri-séculaire qui semblait figé dans le marbre et indéboulonnable (la monarchie) et un système républicain, tout neuf et jamais expérimenté sur le sol de France, fondé sur le pouvoir accordé au peuple (théoriquement dans les textes, en tout cas...). La tâche est herculéenne malgré la bonne foi et le bon vouloir de certains qui se révéleront finalement très peu nombreux : Danton, Marat, Robespierre, Desmoulin, Saint-just, et quelques autres...Parmi ces derniers, certains n’ont pu s’empêcher de tirer la couverture à soi et de profiter matériellement du pouvoir que leur accordait ce nouveau régime. Le terme de corruption dans leur cas n’est pas trop fort : Danton par exemple en est l’archétype, dans la filiation d’un Mirabeau. J’hésite à mentionner Fabre qui semble profiter de l’aventure et intriguer dès le début, en dehors de toute conviction ou idéologie... Avec le recul, il est facile de voir que les principaux instigateurs de toutes ces forces inouïes et violentes (Une véritable révolution peut-elle être totalement non violente ? Un seul contre-exemple me vient à l’esprit : le révolution des œillets au Portugal en 1974 où pas une goutte de sang ne fut versé. Y en a-t-il d’autres ?) qui ont mû les événements de cette époque, pris et emportés dans ce même maelström, ont été dépassés et finalement engloutis par leur propre créature. Ainsi, par exemple, Danton et Robespierre ont-ils subi durant leur procès respectif toutes les tactiques ( procès à charge monté de toute pièce, droits de La Défense limités sciemment, choix opportun des jurés, etc...) qu’ils avaient eux-mêmes mises en place (avec un Fouquier-tinville complice) et abondamment utilisées afin de se défaire facilement et « légalement » de leurs propres ennemis (Tribunal révolutionnaire et loi de prairial). Hébert subira lors de son procès la possibilité qu’a le jury de faire cesser les débats et de délibérer au bout de trois jours, afin d’écourter la procédure et d’être plus expéditif, procédé qu’il n’aura eu de cesse de défendre, d’encourager et d’applaudir, quand il s’est agi d’envoyer les girondins, qu’il exécrait, à l’échafaud... Indépendamment de leurs convictions et positionnements idéologiques, n’est-il pas croquignolet de constater que tous ces individus ont péri par là où ils ont fait périr les autres ? Justice immanente ? Dans cet environnement sans cesse changeant, où des événements sidérants se succèdent avec fracas dans un espace de temps restreint ( Varennes, 10 Août, massacres de Septembre, Avènement du TR et des comités, etc,etc..), où les alliances se font et se défont au gré des circonstances et du positionnement politique instable des uns et des autres, est-il absolument illogique de voir un homme comme Desmoulin, qui me paraît foncièrement honnête et droit, changer casaque et appeler en 1794 à l’indulgence, à la libération des prisonniers et à la fin du sang qui coule, alors qu’au début de son sacerdoce il appelait impitoyablement au meurtre des indulgents et des royalistes ? Pas forcément, j’y vois même plutôt un forme de cohérence avec ses idées profondes, un réajustement nécessaire face à ce qui lui paraît être une dérive mortifère. Il aurait pu, contrairement à Danton, user de son amitié avec Robespierre pour échapper à son funeste sort. Il a préféré rester fidèle à ses convictions jusqu’au bout. L’autre aspect rarement soulevé de ces événements, et tout bonnement hallucinant à mes yeux, c’est l’extrême versatilité des foules : quand Hébert, le véritable homme du peuple (nonobstant ses aspects grossiers et obscènes) , partira à l’échafaud, pas un sans-culotte ne lèvera un sourcil et pas un gueux ne se manifestera sur le cortège pour lui porter secours. Le portrait que Denon a croqué de lui, alors qu’il était dans la charrette, est tout à fait éloquent de ses désillusions et de son abattement, je trouve. Enfin, à l’heure du trépas, Danton et Robespierre seront eux-mêmes conspués et insultés par des foules qui les portaient aux nues quelques semaines auparavant.
@emmanueldacunha32113 жыл бұрын
@- navis - Disons qu’il a sûrement eu droit, excusez mon anachronisme, à un procès de type « stalinien »... Les thermidoriens, Collot d’herbois, Varenne ou autre Fouché, avaient tout intérêt de s’en servir comme d’un fusible et à charger la mule, afin de détourner le regard du peuple de leurs propres exactions et mains pleines de sang. Du reste ils commandaient directement le président du TR et dictaient les consignes en sous main. L’image diabolique de Robespierre a essentiellement été créée à posteriori par ces derniers. Mais, comme déjà dit dans mon précédent commentaire, l’arme que Robespierre avait forgée contre ses propres adversaires pour s’en débarrasser plus facilement s’est en quelque sorte retournée contre lui.
@emmanueldacunha32113 жыл бұрын
@- navis - De rien, avec plaisir ! Bonne soirée ! :-)
@Anosaan3 жыл бұрын
C'est une période si complexe de l'Histoire de France, et si controversée à cause de la réaction thermidorienne, que même les historiens ont mis un certain temps avant de dénouer toutes les intrigues et le vrai du faux. Et ils n'ont pas terminé. On attribut souvent trop de pouvoir à Robespierre, car même si ce dernier a volontairement signé le décret d'arrestation de Desmoulins et cie, qu'aurait-il pu faire d'autre? Refuser ? Peut-être. Mais cela aurait été contre la logique de vouloir éliminer les Indulgents pour sauver la République. Aurait-il pu sauver Camille de l'échafaud? Probablement pas, contre les voix réunies des deux comités. Quant à la réaction des sans-culottes ou du "petit" peuple, ce n'est pas étonnant, si on considère déjà que nous-même, avec tout le recul que nous avons aujourd'hui, nous avons déjà du mal à comprendre les faits et les motivations de chacun, imaginez alors le peuple à cette époque, qui voit tomber l'une après l'autre les figures révolutionnaires de la première heure, ses défenseurs (enfin supposés, car c'est discutable pour certains). De plus, les rumeurs allaient déjà bon train à cette époque, et les gens se trouvant loin des intrigues politiques, complots etc, n'avaient aucune raison de ne pas les croire.
@MBJanus3 жыл бұрын
@- navis - Robespierre n'a pas eu de procès. La convention l'a fait arrêter, il n'est pas allé au Luxembourg mais à l'hôtel de Ville, pour cette raison a été déclaré hors la loi. On pouvait dès ce moment se passer de procès, des municipaux ont seulement attesté son identité.
@beatricesimon-hakimi67023 ай бұрын
❤
@lokkiedarmay74714 жыл бұрын
On a appris par coeur les dialogues de la partie 2 du film La Révolution Française, avec l'ami Jean Tullar comme référent historique???????
@christinebourgart34823 жыл бұрын
Une belle histoire romantique que celle de Camille Desmoulins et Lucile Duplessis. Un contraste entre la violence de cette époque tourmentée et la douceur qui se dégage de ce couple amoureux. C'est une histoire qui va finir tragiquement sur l'échafaud...! Et laisser un petit orphelin, nommé Horace...!
@philippecesne84822 жыл бұрын
10 pubs au milieu de cette excellente émission, faut pas exagérer, on y perd le fil de l'histoire Quel dommage.....
@ness5341 Жыл бұрын
Mais c'est gratuit. Et ça c'est génial. Il faut qu'ils puissent rentabiliser cet excellent contenu. Oui se plaindre est vraiment français😳
@user-wi6ku6dk5n Жыл бұрын
Ah ça ira ça ira ça ira… celui qui s’élève on l’abaissera
@lesphinx89844 жыл бұрын
"La mort du Roi s'est joué à très peu de choses près.." C'est pour ne pas condamner la trahison du Duc d'Orléans, dit Philippe Égalité qui par sa seule voix a fait balancer le vote pour le bannissement en condamnation à mort ? 🤔 La différence essentielle entre les Jacobins et les Girondins est la notion centralisée de l'état (Jacobins) et la gestion fédéraliste de l'état (Girondins).. C'est essentiellement sur cette question qu'ils se sont etripés. Ce n'est pas à la Bastille que 30 000 fusils étaient stockés mais aux Invalides et c'est en cherchant la poudre qu'ils se sont dirigés vers la Bastille ! C'est tout de même aberrant de faire de telles erreurs historiques !
@thierrycourteille39344 жыл бұрын
Pas seulement pour chercher la poudre mais aussi pour attaquer un symbole royal fort de six siècles. La bastille etait un bâtiment hyper massif dans le coeur de Paris
@Anosaan3 жыл бұрын
L'idée que les Jacobins étaient des centralisateurs est au mieux, un cliché, qui s'est développé à postériori. Par ailleurs, Brissot et cie sont au départ, aussi membres du club des Jacobins. Même en 1792, lorsque les Girondins ont appelé à voter l'entrée en guerre contre l'Autriche, et même s'ils sont les plus virulents à défendre la guerre, peu de personnes tenaient un discours différent. La séparation entre Girondins et Jacobins s'est surtout faite lorsqu'on a commencé à associer les Jacobins aux Montagnards, sous la Convention montagnarde (ça a commencé avant, mais on retient souvent la date de l'éviction des chefs Girondins de la Convention en 1793). Montagnards et Girondins n'avaient pas la même conception de comment devait concrètement s'appliquer la souveraineté populaire, le pouvoir des sections et sans-culottes dans la vie politique. Le fait qu'on ait voulu une république une et indivisible n'a pas grand chose à voir avec la volonté de centraliser toutes les activités de l'état. Cela a plus à voir avec la nécessaire unité de la nation face à la menace des puissances étrangères. A Paris (puis dans les provinces), il existait déjà un second niveau de gouvernement qui s'organisait autour de la commune insurrectionnelle. Le club des Jacobins lui-même fonctionnait de façon décentralisé, c'était à l'époque la seule société populaire qui comptait autant de clubs répandus dans les provinces et un système de communication aussi évolué et efficace. Chaque club prenait exemple sur Paris, mais fonctionnait de façon autonome. Quant aux Girondins, je doute que la majorité d'entre eux prônaient le fédéralisme. Le fait qu'ils soient pour beaucoup d'entre eux, des députés élus des provinces et non de Paris, ne les transforment pas automatiquement en fédéralistes, c'est un raccourci facile.
@lesphinx89843 жыл бұрын
@@Anosaan Je crois surtout que la vrai séparation d'entre les girondins et les Jacobins se fit lors des massacres de septembre 1792. La conception de la justice par les Girondins n'était pas de laisser la foule étriper les prisonniers à la sorties des geôles, surtout lorsqu'ils étaient innocents comme la Princesse de Lambasle qui avait été acquittée par le tribunal révolutionnaire, mais qui devant tant de sang répandu et devant enjamber les cadavres pour sortir s'évanouit et massacrée par un jeune garçon boucher, qui lui arracha le cœur après l'avoir assommé. Ses organes génitaux furent alors découpés par un autre triste sire qui s'en affubla comme moustaches.. (C'est ce qui ressort de l'enquête qui eut lieu peu après.). Visiblement amie de Philippe Égalité, une enquête fût diligentée pour savoir qui avaient été ses bourreaux alors qu'elle avait été acquittée. Maintenant, pour situer la rupture officielle entre Jacobins et Girondins, on doit remonter aux incidents qui sonnerent le divorce, notamment sur le jugement du roi, puis sur le traitement fait aux vendéens.. Quoiqu'il en soit, c'est sur le sobriquet de fédéralistes que les girondins étaient également nommés. J'en ai pour preuve un mémoire d'un voyageur au moment de la Terreur, qui arrivé à 08h00 du soir à la barrière de Paris, afin de ce qu'il pensait récupérer une somme d'argent qu'on lui devait, ne pensait pas passer plus d'une nuit à Paris. Mais faute d'avoir son passeport visé par le comité révolutionnaire (plein de brigants qui se faisaient fort de paraître sales et gueux, n'étaient en réalité qu'attirés par la friche (monaie, pognon, et tout ce qui pouvait être soutirés aux bourgeois). Il apprit à ses dépends qu'il lui fallait deux témoins de "bonne moralité révolutionnaire"), et oubliant les dettes qu'on lui devait, craignant chaque instant pour sa vie, il se démena de trouver et payer rapidement afin de filer rapidement pour un Coup de froid fatal sur la nuque ou selon le terme de Hebert, substitut de Chaumette désignait selon les termes dans le journal ordurier appelé La grande colère du père Duchêne : Éternuer dans un sac ! (l'amputation des têtes par le fer de la guillotine). Même ses anciens amis jacobins ne voulurent le recevoir par charité ne serait-ce que la première nuit à coucher, l'abandonnant dans la rue, par crainte d'avoir hébergé un fugitif et d'être embarqué, au cour d'une fouille de nuit dans sa demeure. "Le témoin de profession pour mon passeport ayant été témoin d'une trentaine d'exécution ce matin là, fit description des scènes comiques que le valet du bourreau et le jeune cocher du membre du tribunal révolutionnaire qui devait assister personnellement à la mort de ses clients pour la constater juridiquement. Comme la guillotine était toujours prête un quart d'heure à une heure avant l'arrivée des suppliciés le valet s'amusait à danser autour de l'engin fatal dans une espèce de farandole comique pour faire patienter la foule. Quand au cocher du juge qui précédait toujours la Charette des condamné, il ne cédait en rien aux pitreries du Premier, rendu d'autant plus joyeux qu'il y avait de condamnés dans la charrette. Ce jour là, ce ne fut pas le nombre des 30 condamné qu'on allait égorger qui le rendait joyeux mais la présence d'une petite poulette de 17 a 20 ans fraîche comme une rose qu'ils allaient envoyer de force passer la tête par la chatière... De 17 à 20 ans c'est être aristocrate de bonne heure, dis-je.. Ah bien oui, dans cette caste là, ça vous suce le fédéralisme avec le lait, répondit-il. " (page 321 partie la terreur, de l'ouvrage "La Révolution" de George Pernout et Jacqueline Flaissier, éditions Juilliard 1959 ouvrage basé sur les mémoires et témoignages de ceux qui ont vécu la révolution)
@Anosaan3 жыл бұрын
@@lesphinx8984 Un livre intéressant. Divergences sur le jugement du roi oui, les Girondins demandent l'appel au peuple et ne veulent pas qu'il soit jugé par l'Assemblée, où leur influence décline fin 1792- début 93. Ils craignent surtout la réaction des monarchies européennes, ironie du sort quand ils ont été les instigateurs de la guerre, donc de la levée en masse et du soulèvement de la Vendée. C'est précisément pour éviter une redite des massacres de Septembre que les Montagnards ont proposé la création du tribunal révolutionnaire. Les journées du 20 juin (à l'initiative des Girondins), puis du 10 Août qui provoque la chute de la monarchie, confirmée ensuite par l'Assemblée après Valmy légitiment le rôle des sections dans la vie politique parisienne. Les Montagnards le comprennent très vite, savent capitaliser sur ce mouvement et entendre leurs revendications. Ce sobriquet de fédéraliste vient surtout des attaques des Montagnards. Il se figera à tort dans la durée après l'exclusion des chefs Girondins et à l'appel de certains au soulèvement des départements contre la Convention.
@lesphinx89843 жыл бұрын
@@Anosaan Là voilà nous sommes entièrement d'accord. En effet, c'est à la suite des massacres de septembre qui vont durer jusqu'à début octobre 1792, que Danton, alors ministre de la justice, va créer les tribunaux révolutionnaires dont il sera la victime expiatoire en mai 1794 (Peu après l'assassinat par l'échafaud des "Cannibales" (Sobriquet donné aux révolutionnaires après les massacres de septembre et de la façon dont fût traitée la princesse de Lambasle), par décapitation de Madame Élisabeth sœur de Louis XVI et morte en martyr le 10 mai 1794- Une odeur de violette soudain couvrant la répugnante et persistante odeur âcre du sang sur la place de la Révolution). En effet, il y eut une scission entrée jacobins et Girondins, car les uns voulaient la guerre à outrance (Jacobins), contre les girondins, qui avaient déclaré la guerre par calcul et qui, favorables à une monarchie constitutionnelle, souhaitaient le retour à l'ordre (Lafayette qui tire sur la foule sur ordre de Bailly au champs de Mars en juillet 1792 qui va être les prémices de l'attaque des Tuileries et de la destitution du Roi) . En effet, à partir de juillet 1792, l'axe révolutionnaire tourne résolument vers l'extrême gauche et à partir de ce moment tout ce qui aura un parfum de "Monsieur" bourgeois sera considéré comme ennemi de la nation et vivement condamné. (Disparition des marques de civilité anciennes "Vous", "Monsieur" vont être remplacés par le "tu" et le "Citoyen", et pour sa sécurité, il faudra oublier le savon et la propreté des habits pour ne porter à la mode de Marat, une tenue sale et débrayée.) C'est déjà la lutte qui commence entre la conventions et la Commune de Paris. Enttre l'assemblée conventionnelle et les sections des quartiers de Paris qui s'achèvera avec le coup d'état entre Robespierre et la Convention les 25, 26 et 27 juillet 1794.
@edouardodu946 жыл бұрын
Donc Camille desmoulins n était pas si cruel que ça
@romanec37646 жыл бұрын
Il n'a jamais été cruel Camille.
@edouardodu946 жыл бұрын
Dionysus ASMR voter la mort du Roi c est pas cruel ba non !
@cukeskywalker89946 жыл бұрын
Si, il était cruel mais il s'est rendu compte trop tard que la révolution était allé trop loin.
@edouardodu946 жыл бұрын
Cuke Skywalker je pense aussi
@romanec37646 жыл бұрын
+edouardodu94 C'était surtout une girouette politique. Il allait du côté de celui qui parlait le plus fort.
@amesbancal3 жыл бұрын
Aucun regret pour le destin de celui qui a été à l'origine de la violence révolutionnaire, qui sème le vent récolte la tempête
@lokkiedarmay74714 жыл бұрын
Oups! L'info qu'il ne fallait surtout pas donner: avec pour guide Lorànt Deutsch... Cela ôte le sérieux que l'article aurait pu avoir!!! Déjà que "Le Parisien"...