ÎLE DÉSERTE ou presque de Jamaïque 🇯🇲 140 milles entre Haïti et Morant Cay. NAVIGATION ET VISITE.

194 ✍️24 février 2023, 8 heures, heure locale, l’effigie de notre lion se déploie. Jonath est à poste. Nous laissons avec émotion cette petite terre, indélébilement touchés par son peuple. Enrichis de cette escale inoubliable, nous poursuivons notre aventure vers l’inconnu. Vers l’ouest, là où l’instinct de mon capitaine le guide. Il a repéré sur ses cartes, des bancs de sable isolés, à 140 milles. Les Morant Cayes, un groupe d’ilots situé à 34 milles de la Jamaïque.
18 nœuds de vent portant. Sous un ciel bleu, d’un immaculé azur, Blacky s’élance. Un bonheur de courte durée, vite désillusionné par le courant, infâme décisionnaire des océans. Notre toile si bien employée dans son rôle tout à l’heure, claque maintenant, à chaque embardée produite par les brusques déventes dans les surfs ! Dans 10 nœuds de souffle, là où, à l’habitude, Black Lion se ferait plaisir, il peine à avancer à 2,8 nœuds ! Ce flux est contrariant, pire, démoralisant quand on ne va plus qu’à 1,2 nœuds ! Mon Tchoupi fulmine. Ces coups de rappel lui font mal pour sa monture. Pour ne pas finir par faire du sur-place, nous devons nous assister d’un moteur. Et malgré cette collaboration, péniblement, notre speedometre n’affiche que 2-3 nœuds ! Ce courant est une calamité que l’on peut difficilement éviter, d’autant que les cartes sont la majeure partie du temps, fausses ! Ces caprices de la nature nous interpellent et nous questionnent. Fût un temps, dans autant de désordre aquatique, les poissons auraient été à la fête. Aujourd’hui, en certains lieux, il n’y a plus rien ! Plus une touche, plus une chasse, plus d’oiseaux ! Même Vino le dit. Pêcheur depuis toujours, certaines nuits, maintenant, il lui arrive de rentrer au petit jour, sans un seul poisson ! Les facteurs, nous les connaissons tous : surpêche, pollution, sargasses… C’est un fait, le constat est là !
Le soleil pile dans notre trajectoire n’avantage pas notre arrivée. Nous nous sommes trainés, néanmoins, nous allons pouvoir jeter l’ancre avant le crépuscule. Il faut toutefois veiller attentivement. Les écueils peuvent, dissimulés derrière la mauvaise lumière, apparaitre à la dernière seconde. L’impact serait fâcheux. Nous sommes passés de 4000 mètres de profondeur aux alentours des 4 milles de l’ile, aux 200, aux 20, et nous voilà dans 2,70 mètres, bien calés sur 50 mètres de chaine.
Magie de l’instant ! Seuls, enfin presque ! Trois dauphins curieux nous tournent autour. Que venons-nous faire dans leur paradis ?
Aux commandes de son drone, mon capitaine surplombe le phare noir et blanc de North-East Cay, sur Breezy Point. D’en haut, les couleurs beiges et brunes du récif tranchent admirablement avec celles bleues et vertes du lagon et de la végétation. De plus près, quand nous sommes à terre, ces ilots quasi-vierges, éclatants de couleurs, deviennent pour un instant, nôtres. Juste pour nous, les noddies, les sternes et One Love ! Ce n’est certainement pas son nom, mais je trouve que Cyril a exactement trouvé, celui qui correspond à cet adorable chat. Il appartient probablement aux pêcheurs de passage. Près de leurs abris, il est nourri. Mais l’affectueux matou sait s’y prendre pour nous attendrir. Une petite visite guidée de son île, quelques caresses attachantes. Il est malin le bougre ! Il a bien dû sentir que notre sensibilité pourrait bien le faire voyager !
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