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LA CLEF DE VOÛTE. Le Château de Commarque se dresse sur un éperon rocheux au fond de la vallée de la Beune, près des Eyzies. Vaisseau minéral dans une nature sauvage, il garde une part de mystère, évoquant les luttes d'un autre temps.
Le site est un castrum médiéval regroupant, à l'intérieur d'une enceinte, un château, une chapelle et des maisons nobles. Ils ont été construits au dessus d'habitats troglodytes et d'une grotte préhistorique. Le site fait face au château de Laussel, situé sur l'autre rive de la Beune, qui, au Moyen-Âge, fut occupé par les Anglais. On accède au château par un chemin empierré, puis par un sentier d'environ 600 m à travers bois. Le château est tellement difficile d'accès qu'on lui donne le nom de « Forteresse oubliée ».
Fondé au cours du XIIe siècle sur la demande des abbés de Sarlat, le château de Commarque, qui n'est alors qu'une simple tour de bois, doit à l'origine contenir les ambitions des Beynac, leurs vassaux, dans la région et assurer la sécurité de la vallée qui voit le croisement de deux routes commerciales importantes de la région : la route de Périgueux à Cahors et celle de Brive à Bergerac. Les chevaliers de Commarque éprouvèrent alors le besoin de renforcer leur position : la tour de bois devint une tour de pierre.
Progressivement, Commarque devient une coseigneurie dominée désormais par les Beynac qui connaissent leur apogée vers la fin du XIVe siècle avec Pons de Beynac. Vers 1380, celui-ci double le donjon, qui sera plus tard encore rehaussé : la famille la plus puissante se doit de loger dans le donjon seigneurial au sommet. Plusieurs autres tours furent construites, accompagnées à chaque fois d'un logis. Les familles nobles s'installèrent donc légèrement en contrebas comme les Commarque, les Gondrix et les Escars, et un peu en dehors du castrum pour la famille des La Chapelle. Chaque maison-tour est constituée d'un enclos, d'accès propres et de fossés.
Si Commarque est bien une coseigneurie, ses seigneurs ne font pas pour autant preuve de beaucoup de solidarité, comme en témoigne les incessants procès qui opposèrent les Commarque et les Beynac, et les fossés qui bordent et protègent les maisons nobles des Gondrix et des Escars, creusés apparemment sans se consulter de sorte qu'ils ne communiquent pas ensemble. Le castrum s'augmente néanmoins d'une maison au four et d'une longue chapelle, dont la voûte porte les armes des Beynac, qui passe au-dessus de la porte d'entrée du castrum : ceci devait symboliquement protéger l'accès à Commarque dans la mesure où nul n'était censé passer en armes sous un autel.
Pendant la guerre de Cent Ans, les Beynac restent les défenseurs fidèles de la couronne de France. Les Anglais s'emparent néanmoins du château en 1406 et le conservent pendant quelques années. Le déclin de la famille des Beynac date de cette époque. Dans les années 1500, il semble que le castrum de Commarque soit déjà déserté par les anciennes familles résidentes. Plus tard, en 1569, le castrum est à nouveau pris pendant les Guerres de religion par les catholiques. C'est sans doute à cette époque que s'est effondrée la salle voûtée. Guy de Beynac, dernier châtelain de Commarque, y meurt en 1656. Le site est abandonné définitivement au XVIIIe siècle. Un siècle plus tard, le château est en ruine.
En 1968, Hubert de Commarque achète les ruines du château. Le site est, à l'époque, entièrement recouvert par la végétation. Il entreprend de consolider les parties les plus abîmées. Depuis 1994 se succèdent des campagnes de consolidation et de restauration. Un programme de recherches archéologiques est en cours pour plusieurs années.