Рет қаралды 23,364
La version longue ici: • DJADJA version WILLIAM...
Après plus de 40 ans de carrière, le compositeur et chanteur français a annoncé, avec la sortie de son autobiographie, quʹil avait rangé définitivement son piano et ses partitions. Si quelquʹun voulait reprendre le flambeau, comment devrait-il s'y prendre? Analyse musicale du style Sheller, avec en prime une version pour piano et quatuor à cordes de " Djadja ".
Une chronique radio de Pierre-Do Bourgknecht diffusée le 9 avril 2021 dans "Vertigo" sur RTS-La Première
-----------------------------------------
Quelle méthode pour écrire de la musique à la manière « William Sheller » ?
D’abord, au niveau de l’orchestration, on aura tendance à choisir le piano accompagné d’un quatuor à cordes. C’est une formule que vous avez développée avec goût et succès depuis au moins 1984.
Mais bien sûr, on n’oubliera pas que tout au long de vos albums, vous vous êtes aussi aventuré dans des genres bien différents de la musique de chambre : dans le rock, le reggae, mais aussi la musique orchestrale comme les ouvertures à la française dans le style de Lully, etc.
Mais bon, on va se mettre d’accord : pour les instruments, là, on va garder le piano et le quatuor à cordes.
Le style Sheller, c’est aussi une manière de chanter. Une voix légère et relativement haute, avec une inflexion caractéristique : une manière d’attaquer les notes par le bas, comme dans le blues. Car oui, Monsieur Sheller, même si vous n’avez jamais trop aimé le jazz, vous avez souvent chanté des notes blues dans vos chansons. Un exemple assez clair, c’est dans votre premier tube, « Rock n dollar », votre chanson pastiche des hits yéyé de l’époque.
« Pour mon chopper »… En 1989, vous avez même écrit un blues savant pour quatuor à cordes. Avec une belle note blues plaintive au moment où vous chantez « peine »: "Un Archet sur mes veines".
Chez vous, des notes blues peuvent se cacher dans des broderies ou des chromatismes. Comme dans ce pont mélodique jouée par les violoncelles dans votre superbe chanson « C'est l’hiver demain ».
Bref, pour faire du Sheller, il faut chanter un peu bluesy. Et pourquoi : parce que... ("Music-Hall")
Passons à présent au plus complexe : l’écriture musicale de William Sheller. S’il fallait résumer votre style en une phrase, je dirais que ça module tout le temps. C’est-à-dire qu’on change constamment de tonalité.
Pour les auditeurs qui ne font pas de musique, je sais que ce n’est pas évident à comprendre. Disons que lorsqu’on module, on change de gamme, et donc d’univers. Chez vous par exemple, une chanson peut commencer en Do mineur, et puis dès le deuxième accord moduler en sol mineur…
Il y a une façon de moduler qui revient souvent dans votre musique (et qui est facile à comprendre, à entendre aussi ), c’est le fait de passer sans préparation d’une tonalité majeure à la même tonalité, mais en mineur. Par exemple LA majeur qui devient LA mineur. C’est par exemple là-dessus qu’est bâti le refrain de votre « Carnet spirale ».
Il y a plusieurs chansons qui commencent en majeur, et qui module tout de suite en mineur. Voici trois exemples, à la suite, en DO : Gimmick boy (1977) - Oh j’cours tout seul (1980) - Enygma Song (2000)
Bref, pour faire du Sheller, c’est bien d’avoir un piano, un quatuor à cordes, une voix un peu blues et d’écrire beaucoup de modulations.
J’ai appris l’autre jour que vous aimiez bien découvrir sur KZbin des covers de vos chansons. Alors je vous propose d’imaginer ce que ça donnerait si vous faisiez vous-même la cover d’un hit actuel. Pour cela, j’ai choisi quelque chose de bien éloigné de votre répertoire : « Djadja » d’Aya Nakamura ».
Voilà ce que ça pourrait donner dans le style Sheller.