Henri Frenay au micro de Jacques Chancel : Radioscopie (1973 / France Inter)

[@LeSemaphore]

15:50 - 18:40 *« Lorsque nous avons envisagé dans le gouvernement provisoire - je parle de 1944, début 1945 - ce que devrait être le sort de Pétain, on a retenu la solution que vous savez, c'est-à-dire il a été jugé, condamné à mort et ensuite mis à l'île d'Yeu, où il a fini ses jours. Ma solution à moi était différente et dès ce moment-là j'en ai parlé. Je crois qu'elle aurait été à la fois plus cruelle et plus juste. Je pense qu'il n'y a pas de circonstances qui puissent expliquer, excuser, qu'un maréchal de France collabore avec l'ennemi : je pense qu'il n'y a pas à cela ni d'explication ni d'excuse. [...] Dès l'instant où il était à la tête de l'état il a pris ses responsabilités, et à mon avis un homme doit porter ses responsabilités d'autant plus fermement qu'il est porté plus haut. Moi, ma solution aurait été : le jugement, bien sûr, la condamnation à mort - à mon avis elle s'imposait -, la grâce, immédiatement, mais ensuite une cérémonie à l'arc de Triomphe où le maréchal Pétain, devant le front des troupes, aurait été dégradé. On aurait enlevé les insignes de sa fonction et de sa dignité et on l'aurait ensuite envoyé à Villeneuve-Loubet - et non pas à l'île d'Yeu - dans sa maison pour y terminer ses jours comme un vieillard qu'il était. [...] Je ne peux pas oublier que des hommes justes, des hommes droits, des hommes courageux et désintéressés, par lui - et uniquement à cause de lui - ont été portés à la collaboration, ont été portés à la Milice, sont devenus nos tortionnaires, ont été combattre sur le front de l'Est contre nos alliés - ce qu'ils n'auraient pas fait si d'autres que le maréchal Pétain le leur avait demandé. C'est à cause de lui, c'est sous sa responsabilité personnelle, c'est en répondant à ses appels qu'ils ont fait ce qu'ils ont fait. Et ce n'était pas tellement eux les responsables, que ceux ou celui qui les avait encouragés à faire ce qu'ils ont fait. Quand un homme comme Joseph Darnand - chef de la Milice - a été fusillé, et il devait l'être, eh bien il a été jusque-là parce que Pétain lui a demandé d'y aller. Alors que ce même Joseph Darnand, à l'automne 1942 - troublé par l'invasion de la zone libre par les troupes allemandes - me demandait de passer en Angleterre. Mais il avait déjà été trop loin, il fallait qu'il aille jusqu'au bout, que lui aussi porte ses responsabilités, mais s'il y a été c'est à cause de Pétain. Est-ce que ce sont là des responsabilités qu'on peut oublier ? » Henri Frenay au micro de Jacques Chancel, en 1973.*

[@marcfounier7355]

Merci beaucoup. Je découvre et peut être redécouvre la radioscopie de Henry Frenay car je dois l'avoir écouté en mai 1973, j'avais alors 21 ans et je devais avoir lu La Nuit finira. Un homme éminemment honorable, courageux et humain. Je vous suis reconnaissant d'enrichir YTube de toutes vos contributions et ainsi de nous apporter beaucoup de richesses et de plaisirs.......

[@LeSemaphore]

Je vous en prie, Marc. Cette radioscopie d'Henri Frenay - que j'ai découverte il y a quelques mois seulement - m'a profondément ému. Cet homme était d'une probité, d'une pugnacité et d'une lucidité fort rares en cette époque si trouble de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir entendu sa parole, beaucoup de choses se sont éclairées pour moi. C'est pourquoi je me suis fait, pour ainsi dire, un “devoir” de publier cet entretien - afin que le plus grand nombre puisse prendre connaissance du combat et du témoignage de cet homme. J'aurais aimé lire “La Nuit finira”, mais je me suis rendu compte qu'il est malheureusement épuisé. J'espère de tout coeur qu'il sera un jour réédité. Merci pour l'évocation de vos souvenirs : c'est très enrichissant. Bien cordialement. Thibault

[@5alex7]

Une belle force de caractère, un homme sûrement très impressionnant dans le feu de l'action. J. Chancel nous a gratifié de petites perles dans beaucoup de ses interviews, merci pour le partage.

[@LeSemaphore]

En effet, Henri Frenay est admirable. Merci pour votre sympathique commentaire.

[@adrienforbu5165]

Bel interview ! Certains s'exprimaient incroyablement bien à cette époque.

[@LeSemaphore]

Fort heureusement, il reste encore des personnes qui s’expriment très bien de nos jours. Je suis content que cet entretien vous ait plu, Adrien. Merci pour votre commentaire.

[@gillesrenard2267]

Un grand homme!

[@marianneetjean-lucmalleval5342]

Très bonne interview d'Henri Frenay qui a créé le plus grand mouvement de résistance "Combat "et qui fut avec... Jean Moulin ,l'unificateur, un grand résistant !

[@reneclaude6711]

Plus exactement il faudrait dire : "qui fut, contre Jean Moulin, l'unificateur, un grand résistant...

[@linlintcoincoin2146]

il n'avait pas attendu moulin pour creer la resistance interieure ,autour de lui l'af et la cagoule je suis de beziers et petit cousin de maurice druon ,du comandant de vaisseau ferran qui bossait pour l'oss pour le debarquement du 6juin ,et de la derniére vallide du maquis bir hakeim denise guilhem caverivière,et du colonel maury maquis picaussel 11 , ecoutez radio courtoisie et vous aurez des details ! alain caverivière

[@auguste17]

Merci beaucoup pour le partage

[@LeSemaphore]

Avec plaisir, Maxime. Merci pour votre sympathique commentaire.

[@florencefongione1026]

Je lis " La nuit finira".. Passionnant! Quel dommage cette polémique de 1977 au sujet de Jean Moulin..

[@carlotta8]

vraiment interessant

[@LeSemaphore]

*Henri Frenay : « Ma plume n’a jamais été retenue par une espèce d’autocensure. » Le 15 mai 1973, Jacques Chancel recevait Henri Frenay pour l'émission Radioscopie. Photographie : Henri Frenay en 1958 © Getty / Keystone France. Cette année-là, en 1973, celui qui fut l’un des premiers résistants pendant la Seconde Guerre mondiale et fonda le Mouvement Combat, publie enfin ses mémoires sous le titre “La Nuit finira”, aux éditions Robert Laffont. À 67 ans, Henri Frenay, s’il savoure une retraite bien méritée, revient avec précision sur des moments-clés de l’histoire troublée de cette terrible guerre où « on a vu plus d’héroïsme et aussi plus de lâcheté ».* *Invité : Henri Frenay* *Thèmes : Seconde Guerre mondiale / Résistance* *Source : France Inter* #HenriFrenay #Entretien #Radioscopie #JacquesChancel #SecondeGuerreMondiale #Allemagne #Hitlérisme #France #RégimeDeVichy #MaréchalPétain #Combat #Résistance #FranceLibre #GénéralDeGaulle #Nazisme #FranceInter

[@maryausilia2256]

Un homme exceptionnel, courageux, patriote ! Il doit se retourner dans sa tombe si il voyait aujourd'hui la déliquescence de la France ....

[@JM-lu8nn]

27:43 *"Je me méfie des technocrates quand ils sont à une place qui n'est pas la leur. Moi je pense qu'il ne faut jamais prendre un militaire comme ministre de la Guerre, qu'il ne faut jamais prendre un médecin comme ministre de la santé.....Il ne doivent pas être ministre car ce sont des exécutants chargés de réaliser la politique fixé par les hommes politiques"* Monsieur Frenay, nous étions en 1973 et déjà vous pointiez cette dérive......Si vous saviez et voyiez ce qu'il en est aujourd'hui........

[@fuxpremier]

Je ne suis pas bien sûr que je partagerais beaucoup d'idées politiques avec M. Fresnay, en particulier sa conception d'une Europe fédérale, mais sans doute est-ce dû à ce que 50 ans après, je connais la fin de l'Histoire et la dérive technocratique, antidémocratique du machin européen. Je suis étonné de sa condamnation peu vigoureuse du régime soviétique, dont les crimes portent atteinte à l'humanité autant que ceux des nazis à mes yeux. Malgré ces divergences, je dois dire à quel point je trouve cet homme admirable. Son honnêteté, sa droiture transpirent à chaque mot prononcé. Sa sagesse aussi me paraît remarquable pour un homme qui s'est révélé avant tout dans l'action et pour qui les actes semblent avoir mille fois plus de valeur que les mots, qu'ils manie pourtant adroitement. Merci de nous partager ce témoignage, que je trouve à la fois très éclairant pour l'Histoire et très intemporel par la tonalité.

[@nadinebelin6988]

Je suis d'accord avec lui ,en ce qui concerne Petin !

[@laurence278]

29:15 Il faut dire qu'à l'époque, il y avait encore des truites sauvages dans les rivières.