Khatia Buniatishvili est désormais célèbre pour ses interprétations et sa prouesse en concert, et probablement aussi pour sa présence sur scène, pourrait-on dire pudiquement et sans aucune pudibonderie. Ici, elle apparaît surtout, en excellente francophone, pour une géorgienne qui a vécu les heures difficiles de son pays avant de s'expatrier très jeune, comme une personne sympathique et extrêmement brillante. La séquence avec Yann Moix, égal à lui-même lorsqu'il centre sur lui-même son intervention en se montrant comme à son habitude désagréable et caustique, lui permet de faire preuve d'une sagacité et d'une lucidité assez déterminées pour répondre avec intelligence, bienveillance et droiture. Elle est réellement belle et intelligente, parce qu'elle a la beauté de l'esprit et l'intelligence du cœur. Et contrairement à ce que prétend Yann Moix, son interprétation de Rachmaninov est superbe, par exemple lorsqu'elle a donné la romance du second concerto à la Rochelle il y a quelques années lors d'un festival en bord de mer. On n'a pas fini de l'aimer.