LA NOUVELLE THÉOLOGIE DU SALUT D'ARNAUD DUMOUCH - PARTIE 1

La vidéo Pagès "le salut facile d'Arnaud Dumouch" nous a donné l'envie de visionner la vidéo de ce dernier intitulée "Marthe Robin parle du purgatoire et de suicidés", dans laquelle l'agrégé de religion belge, qui se veut thomiste, reconstruit une nouvelle théologie du salut en opposition avec la doctrine traditionnelle de l'Eglise en générale, et avec la doctrine de saint Thomas d'Aquin en particulier.

[@guliolilo4887]

Bonjour le théologien Monsieur Dumouch cite souvent le texte de Benoit XVI spe Salvi 47 pour démontrer que le pape lui même soutiendrait comme hypothèse que l'heure de la mort est un passage ou il y a encore possibilité de salut . Fait-il erreur dans la compréhension de cette encyclique dans ce passage précis?

[@ecoledesagessechretienne4789]

Bonjour , Pardonnez-moi de répondre si tardivement, j'étais parti en vacances depuis deux semaines et je n'ai pas pu lire votre commentaire. J'ai lu comme vous le renvoi de M. Dumouch à Spe Salvi 47, mais quand on lit attentivement ce passage, on voit bien que le pape ne s'écarte pas de l'enseignement constant de l'Eglise (et heureusement). En fait il semble faire allusion à la purification "comme par le feu" du purgatoire, qui échappe au temps chronologique terrestre et qui est plus un "moment" d'intensité qu'une durée mesurable. Cela signifie que ceux qui sont ainsi purifiés ont déjà reçu le jugement particulier qui a lieu selon l'Eglise à l'instant même de la mort, de la séparation du composé âme-corps. Benoît VI parle ici, me semble-t-il, des âmes qui n'ont pas été totalement purifiées ici-bas: "où l'impur et le malsain de notre être nous paraissent évidents"; mais qui n'ont pas rejeté Dieu durant leur vie : "notre façon de vivre n'est pas insignifiante, mais notre saleté ne nous tache pas éternellement, si du moins nous sommes demeurés tendus vers le Christ". Il ne parle pas de ceux qui ont abandonné le Christ et qui meurent en état de péché mortel. Sa phrase sous-entend (le "si du moins" montre bien qu'il y a des conditions pour le salut éternel) que ce péché-là nous tache éternellement et qu'il n'y a pas de purification possible après la mort. Ce n'est donc pas un "passage" qui serait une période plus ou moins longue de stage de rattrapage. Benoît VI parle bien d'un "passage", d'un "moment", d'une durée non mesurable (contrairement à M. Dumouch qui parle de jours ou de semaines), mais il le fait à propos de la purification transformante par le feu résultant, ou comme faisant partie, du jugement de notre conscience. Je ne vois donc pas dans ce paragraphe 47 la théologie révolutionnaire que M. Dumouch croit découvrir. M.Moreau

[@a.dumouch]

@@ecoledesagessechretienne4789 Non, c'est une purification DANS LA RENCONTRE AVEC LE CHRIST et non APRES LE JUGEMENT. C'est donc bien un nouveau degré du purgatoire, celui que je soutiens. Voici le texte : Pape Benoît XVI, décembre 2007 encyclique « Spe Salvi, 47 ». « 47. Certains théologiens récents sont de l'avis que le feu qui brûle et en même temps sauve est le Christ lui-même, le Juge et Sauveur. La rencontre avec le Christ est l'acte décisif du Jugement. Devant son regard s'évanouit toute fausseté. C'est la rencontre avec Lui qui, nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide et s'écrouler. Mais dans la souffrance de cette rencontre, où l'impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le regard du Christ, le battement de son cœur nous guérissent grâce à une transformation certainement douloureuse, comme « par le feu ». La souffrance de l'amour devient notre salut et notre joie. Il est clair que la « durée » de cette brûlure qui transforme, nous ne pouvons la calculer avec les mesures chronométriques de ce monde. Le « moment » transformant de cette rencontre échappe au chronométrage terrestre - c'est le temps du cœur, le temps du « passage » à la communion avec Dieu dans le Corps du Christ.

[@guliolilo4887]

Merci pour votre réponse!! Je voudrais vous poser une question concernant le péché mortelle. Si un homme commet un adultère un péché de faiblesse et il meurt d'un arrêt cardiaque pendants l'acte sans avoir eu le temps de se repentir. Selon la scolastique un tel homme va en enfer. Les choses sont-elles toujours ainsi ou après concile VATICAN II elle ont changés? Merci d'avance!!

[@ecoledesagessechretienne4789]

Bonne question qui pour une bonne réponse nécessiterait une autre vidéo entière. Pour essayer de répondre brièvement: non, la scolastique n'envoie pas nécessairement un tel homme en enfer. Cela dépend ce qu'on entend par "péché de faiblesse". Pour saint Thomas, un acte moral humain reçoit sa raison de bien ou de mal par son objet (l'acte lui-même) et par l'agent (la personne qui fait l'acte). L'adultère est un péché mortel par son genre (l'acte en lui-même) en tant qu'il est toujours un acte contre l'amour du prochain, mais selon la disposition de l'agent, il peut devenir véniel si la personne est tellement surprise par la soudaineté de cet acte qu'elle n'a pas le temps par sa raison de délibérer (de réfléchir) à son sujet. Un tel acte est inachevé car la raison, qui est le principe propre de l'acte mauvais n'a été pris de court par ce "mouvement imprévu d'infidélité". C'est là certes une cas assez extrême, comme le cas mis en avant par saint Thomas d'ignorance involontaire quand on s'unit à une autre femme en croyant que c'est la sienne. Si on entend par faiblesse la passion qui vient diminuer notre volonté comme une maladie de l'âme, il faut qu'elle enlève l'usage de la raison pour excuser du péché. Dans le cas où notre pécheur a eu le temps de délibérer avant le mouvement de convoitise et a toute sa tête, alors la faiblesse, ou la passion, n'excuse pas totalement du péché. Saint Thomas dit que celui qui a eu le temps de délibérer sur son acte même s'il est conduit à cet acte par passion, si la raison n'intervient pas pour exclure ou entraver la passion, il y a péché mortel. (S.T, I-II, 77,8) Mais même dans ce cas-là, le regret, le repentir est encore possible pendant l'acte lui-même ou comme le disait le curé d'Ars "entre le pont et l'eau", c'est-à-dire une ou deux secondes. Lors d'une crise cardiaque, n'a-t-on pas une seconde ou deux avant de basculer, ou même une fraction de seconde pour poser un acte de contrition au moins imparfaite si ce n'est parfaite? Le mieux est de suivre le conseil de saint Paul: "fuyez la fornication!", ou saint Pierre: "Repentez-vous donc et convertissez-vous, afin que vos péchés soient effacés, et qu'ainsi le Seigneur fasse venir le temps du répit". Le premier pape souhaite un temps de réparation, de guérison, de mérite avant la mort et non après.

[@guliolilo4887]

Trop fort!!! Est-il possible de me simplifier cette partie peut-être à travers un exemple pour que je puisse mieux comprendre. "il peut devenir véniel si la personne est tellement surprise par la soudaineté de cet acte qu'elle n'a pas le temps par sa raison de délibérer (de réfléchir) à son sujet. Un tel acte est inachevé car la raison, qui est le principe propre de l'acte mauvais n'a été pris de court par ce "mouvement imprévu d'infidélité"." Cela veut-il dire que la personne ne savait pas que c’était un péché mortelle et donc son péché devient véniel? L’enseignement de la scolastique sur cette thématique est-il toujours celui qui est suivi par la majorité des catholiques aujourd'hui? Merci d'avance.

[@ecoledesagessechretienne4789]

@@guliolilo4887 -Saint Jean-Paul II recommandait en moral de ne pas s'écarter de l'enseignement de saint Thomas d'Aquin. Donc la scolastique reste d'actualité aux yeux du Magistère de l'Eglise catholique. Le problème est que 4 % des catholiques sont "pratiquants", et ainsi seulement 4 % des catholiques écoutent le magistère, mais écouter ne veut pas dire mettre en pratique. Combien suivent l'enseignement scolastique aujourd'hui? Pas beaucoup j'imagine. Cela correspond à l'avertissement de saint Paul sur les temps derniers: Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l'oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l'oreille de la vérité pour se tourner vers les fables (2 Tim, 4, 3) -Cela veut dire que la personne n'a pas eu le temps de délibérer sur ce qui se passait tellement l'acte a surgi avec soudaineté: c'est un cas extrême que Thomas prévoit pour prendre en compte l'éventail des possibilités mais c'est peu probable que cela arrive en réalité. Ce n'est pas tellement qu'elle ne savait que c'était un péché mortel, mais plutôt qu'elle n'a pas eu le temps de se poser la question. -la pensée de Thomas n'est pas toujours très facile quand on n'en a pas l'habitude (quand j'ai commencé il y a 30 ans, je n'y comprenais pas grand' chose). Difficile de simplifier, mais en gros la fornication et l'adultère ne souffrent pas de circonstances atténuantes dans le thomisme (sauf démence et ignorance totale de ce qu'on est en train de faire). Le salut par la repentance est toujours possible in extremis mais avant la mort, pas après. L'arbre coupé reste là où il est tombé après sa chute, pareil pour l'âme. Mieux vaut expier ses fautes ici-bas qu'au purgatoire (moins douloureux et plus efficace).

[@guliolilo4887]

@@ecoledesagessechretienne4789 Tres belle explication mais 4% de pratiquant catholique français c'est la réalité?