LE POISSON TROMPETTE "POT DE COLLE"

Se cacher derrière des individus d’une autre espèce pour chasser.
C’est la spécialité du Poisson-trompette - Aulostomus chinensis
J’ai eu la chance de pouvoir observer et filmer cet étrange comportement.
Le poisson trompette est vorace, il se nourrit de petits poissons et crustacés qu'il chasse à l'affût, généralement en position verticale la tête en bas. Très extensible, sa bouche lui permet d'avaler des proies de taille relativement importante.
Il nage souvent caché derrière de gros poissons ; rougets, poissons-perroquets, carangues, mérous ... pour mieux surprendre ses proies.
Cette espèce a la capacité de changer de couleur rapidement en fonction de son environnement. La coloration entièrement jaune ne serait qu'une phase temporaire chez cette espèce.
Sur cette vidéo, on le voit qui nage caché derrière le dos de poissons inoffensifs (ici poissons papillons) pour s’approcher de ses proies sans éveiller leur méfiance.
Le poisson-trompette a probablement lu l’Iliade et s’est inspiré de la ruse d’Ulysse qui a conduit les Achéens à la victoire : se cacher dans un véhicule n’inspirant pas la crainte pour s’approcher au plus près de l’ennemi sans l’alerter et remporter la guerre… ou, en l’occurrence, foncer sur sa proie pour la dévorer !
De nombreuses techniques existent dans le monde animal pour se fondre dans le décor. Le camouflage en est l’exemple type. Mais lorsque l’animal dissimulé se déplace, il a tendance à se révéler. Certaines espèces ont développé des parades : des motifs complexes, des mouvements comparables à ceux de l’environnement, etc. Ou tout simplement se cacher derrière un autre animal !
Ce comportement restait à l’expliquer. Samuel Matchette, de l’université de Cambridge, au Royaume-Uni, et ses collègues ont mené des expériences près de l’île de Curaçao avec des leurres de poisson-trompette (au corps fin et allongé) et de poisson-perroquet (au corps arrondi), tractés par des fils de fer.
Quand le faux poisson-trompette passait à côté d’un banc de Stegastes partitus, ces derniers reconnaissaient l’un de leurs prédateurs et fuyaient se mettre à l’abri. Si le faux poisson-perroquet faisait le même chemin, les proies ne se sauvaient pas. Et quand les chercheurs combinaient les deux poissons factices, les Stegastes ne voyaient plus le danger.
C’est la première fois qu’un tel comportement - se cacher derrière des individus d’une autre espèce pour chasser - est observé chez des animaux non humains.