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LE PROPRIÉTAIRE D'UN RESTAURANT A DONNÉ DE LA NOURRITURE À UNE MENDIANTE ENCEINTE... ET ENSUITE...
Pierre Laurent, l'un des chefs les plus renommés de Paris, se réveillait chaque matin dans le même appartement modeste à Montmartre, qui n'avait rien de la grandeur de son restaurant, Le Rêveur. Là, entre les murs décorés de photos jaunies et de souvenirs d'une vie depuis longtemps perdue, il suivait une routine aussi méticuleuse que solitaire. Chaque jour était une répétition silencieuse du précédent. Le soleil n'avait pas encore percé l'horizon lorsque Pierre commençait à préparer sa journée. La cuisine de son appartement, organisée avec précision, était le premier lieu où il cherchait refuge. Mais, malgré l'arôme du café frais qui remplissait l'air, il y avait un vide que rien ne pouvait dissiper. Assis à la table, une tasse à la main, Pierre fixait la fenêtre, où la ville commençait à s'éveiller. Dans son esprit, un souvenir persistant surgissait : Sophie. Vingt ans s'étaient écoulés depuis la dernière fois qu'il l'avait vue, mais la perte semblait récente, gravée dans son cœur comme une lame qui n'avait jamais cessé de faire mal. Pendant la journée, Pierre se consacrait à son travail au Le Rêveur, le seul endroit où il trouvait un semblant de réconfort. Dans cet environnement, où la tension et la passion pour la cuisine se mêlaient, il était une légende vivante.
La clientèle élitiste de Paris attendait avec impatience ses créations, et il ne manquait jamais de livrer des plats qui semblaient toucher l'âme. Pourtant, ce que personne ne savait, c'est que chaque plat préparé par Pierre portait un morceau de sa tristesse. Les yeux concentrés du chef révélaient une ombre de mélancolie qui contrastait avec l'éclat des couteaux aiguisés et des casseroles étincelantes. "Plus de sel," murmurait-il pour lui-même, ajustant délicatement l'assaisonnement d'une soupe. À chaque correction, il se souvenait de Sophie, qui adorait le regarder chaque fois qu'il cuisinait. Ils avaient rêvé ensemble d'ouvrir un restaurant, mais sa mort tragique dans un accident de voiture avait détruit non seulement leurs projets, mais aussi le cœur de Pierre. Depuis lors, il vivait comme s'il était prisonnier d'un limbe, où le succès n'apportait aucune joie, seulement un écho de ce qui aurait pu être. À la fin de la journée, lorsque le dernier client quittait Le Rêveur satisfait, Pierre restait seul dans la cuisine, nettoyant les surfaces déjà impeccables, comme s'il pouvait effacer les marques d'une douleur que personne ne voyait. C'était une nuit pluvieuse, avec des éclairs au loin, lorsqu'il décida enfin de fermer le restaurant. Pierre marcha lentement jusqu'à l'entrée, les gouttes de pluie glissant sur le verre de la porte reflétant sa propre tristesse.