LE TOUR DE L’ÎLE - version de 1975 (avec paroles)

La chanson LE TOUR DE L’ÎLE parut en 1975 sur l’album nu même titre (Montréal, Philips, 1975) : la version ici entendue.
Au Québec, les années 70 débutèrent dans les troubles politiques et sociaux dus aux « événements d’octobre » et au premier ministre du Canada d’alors, Pierre Elliot Trudeau, qui, avec la complicité du premier ministre du Québec, Robert Bourassa, et du maire de Montréal, Jean Drapeau, promulgua à Ottawa sa tristement célèbre Loi des mesures de guerre. Témoin du déferlement sur le Québec des forces militaires et policières, Félix Leclerc en fut outré. Lui-même, homme paisible s’il en fut, se fit demander ses papiers, sur son île d’Orléans ! Relatant ces jours sombres, il dira plus tard : « J’ai eu honte ! J’ai eu honte de voir que pour régler nos problèmes, il ait fallu appeler une armée de l’extérieur ! ». Et c’est au cours de cette période de chaos national qu’il écrivit la chanson L’Alouette en colère. Ainsi débuta une nouvelle et ultime période dans la carrière du grand chansonnier. En effet, jusqu’à la fin, il créa beaucoup de chansons à caractère social et politique. Félix Leclerc se faisait désormais créateur de chansons « engagées »… enfin, pas que cela, mais en bonne partie : sur les dix-neuf chansons que j’ai retenues des années 70-78, il y en a neuf qui on un caractère politique ou social, partiel ou total. À cette même époque, il écrivit : « J’ai marché pendant trop longtemps dans les sentiers fleuris et embaumés. Il est plus que temps que j’emprunte des sentiers plus fréquentés, les chemins trop souvent piégés sur lesquels marchent six millions de mes frères. »
Mais il n’y eut pas que des chansons politiques durant cette décennie ; l’album L’Alouette en colère, paru en 1972, en fait foi, car on y trouve des chansons telles : La légende du petit ours gris ; Batelier, batelier ; La mouche à feu...
PAROLES :
Pour supporter le difficile
et l’inutile, y’a l’tour de l’île :
quarante-deux milles
de choses tranquilles.
Pour oublier grande blessure
dessous l’armure,
été, hiver, y’a l’tour de l’île,
l’île d’Orléans.
L’île, c’est comme Chartres :
c’est haut et propre ;
avec des nefs, avec des arcs,
des corridors et des falaises.
En février, la neige est rose
comme chair de femme ;
et en juillet, le fleuve est tiède
sur les battures.
Au mois de mai, à marée basse,
voilà les oies.
Depuis des siècles, au mois d’juin,
parties les oies.
Mais nous les gens, les descendants
de La Rochelle,
présents tout l’temps, surtout l’hiver,
comme les arbres.
Mais c’est pas vrai !
Ben oui c’est vrai !
Écoute encore.
Maisons de bois, maisons de pierres,
clochers pointus.
Et dans les fonds des pâturages
de silence, des enfants blonds
nourris d’azur comme les anges,
jouent à la guerre imaginaire.
Imaginons l’île d’Orléans,
un dépotoir, un cimetière,
parc à vidanges, boîte à déchets,
U. S. parking-e.
On veut la mettre en minijupe
and speak english-e !
Faire ça à elle, l’île d’Orléans,
not’ fleur de lys-e.
Mais c’est pas vrai !
Ben oui c’est vrai !
Raconte encore.
Sous un nuage, près d’un cour d’eau,
c’est un berceau.
Et un grand-père au regard bleu
qui monte la garde.
Y sait pas trop ce qu’on dit
dans les capitales ;
l’œil vers le golfe, ou Montréal,
guette le signal...
... pour célébrer l’indépendance.
Quand on y pense.
C’est-y en France ?
C’est comme en France.
Le tour de l’île : quarante-deux milles.
comme des vagues, les montagnes.
Les fruits sont mûrs dans les vergers
de mon pays.
Ça signifie : l’heure est venue,
si t’as compris.

[@user-rl7nt5of9z]

Nostalgie. .. nostalgie…. Impossible de retenir le larmes à 80 berges,et mes plus belles années vécues entre 65 et 78 dans ce magnifique pays, mon dieu que de souvenirs qui reviennent au terme d’une sans regrets, nostalgie.quand tu nous tiens

[@jacquesfontaine3384]

De la belle poésie très bien chantée.

[@pascalegaillard4363]

Sublime !

[@user-yz3di4ll9r]

Magnifique !!!!

[@Valedam23]

Cette chanson me donne des frissons à chaque fois que je l’écoute ! Merci de la transmettre avec les paroles, mais attention de ne pas mettre des E partout dans le texte ! Notre langue française n’est pas misogyne.

[@lucgauthierFL]

Ces E servent à souligner la prononciation qu’utilise FL. Il s’agit, dans le contexte de cette chanson, de franciser délibérément des mots anglais. Mais bon, peut-être que ça, vous ne l’aviez pas perçu.