« Je ne suis ni un problème, ni une solution » Réaction d’Antoine Kaburahe Sur sa rencontre avec le Président Ndayizeye, Antoine Kaburahe est resté très discret sur le contenu de leurs échanges. Dans un tweet, il s’est contenté de dire qu’une rencontre avec le Président Ndayizeye reste toujours « un moment agréable et très riche. Une personnalité sincère, spontanée. J’ai beaucoup appris », a-t-il écrit. Comme pour faire taire les nombreux commentaires sur les réseaux sociaux, il avait conclu en disant « La teneur de mon échange avec le Président nous appartient. Au besoin, nous communiquerons. » Contacté, Antoine Kaburahe confirme bien la rencontre avec l’ancien Président tout en évitant d’aller en détail sur leurs échanges. Sur la question de son « retour », le journaliste et écrivain dit qu’il faut aller au-delà de son seul cas. « Il y a une centaine de journalistes et/ou militants des droits de l’Homme en exil », a insisté le journaliste. « Que des journalistes soient contraints à l’exil est une situation anormale, notre place est dans notre pays. » Il estime qu’il n’est ni un problème ni une solution. « Je suis un simple journaliste qui était heureux de travailler dans son pays, avec Iwacu, j’avais lancé un bon média, Dieu merci, mes collègues tiennent avec beaucoup de courage », lâche le journaliste. Antoine Kaburahe qui vit un deuxième exil semble très affecté. Il a fui le régime du Président Buyoya pour en 1997, il rentre 10 ans plus tard, en 2008, pour fonder Iwacu. En 2015, il doit encore fuir. « Deux exils dans une vie, c’est un peu trop », m’a-t-il dit. Interrogé sur « les démarches » du gouvernement burundais pour convaincre les exilés à rentrer, il n’est pas étonné et estime que c’est tout à fait normal. Le Président Ndayishimiye le dit d’ailleurs partout et dans toutes les langues, souligne Antoine Kaburahe. « Aucun gouvernement n’est fier que des journalistes soient un exil, car au Burundi ou ailleurs, les journalistes nous sommes un baromètre de la démocratie dans un pays, de la tolérance d’un pouvoir. » D’ailleurs dans votre analyse, vous soulignez, à juste titre, que le gouvernement burundais « veut redorer son image auprès des bailleurs », et vous avez raison. Le fondateur du Groupe de Presse Iwacu, rappelle qu’il a été accusé d’être impliqué dans « le coup d’Etat » et le procureur de la République a lancé même un mandat contre lui. « Il n’y a jamais eu de procès, on m’a dit que les accusations ne sont plus d’actualité », mais « on ne charge pas et on ne décharge pas ainsi un citoyen des faits aussi graves », observe Kaburahe. Le journaliste dit qu’il est « conscient que les choses ne sont pas faciles, que des forces hostiles à l’exercice libre du métier au Burundi sont très actives. » J’ai fait remarquer au journaliste que le gouvernement pourrait gagner en crédibilité et légitimité, mais un journaliste qui ne peut plus exercer librement son métier a-t-il vraiment quelque chose à gagner ? Réponse d’Antoine Kaburahe : « Votre question résume bien toute la problématique ».