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Un suspect a été arrêté après le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans, retrouvée morte samedi dans le bois de Boulogne. Elle avait disparu la veille en sortant de la faculté de Paris-Dauphine. Grâce à la vidéosurveillance, les enquêteurs sont remontés jusqu’à un homme, interpellé mardi en Suisse. Il est âgé de 22 ans, est ressortissant marocain, a déjà été condamné pour viol lorsqu’il était mineur et était sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF).
Le profil et le parcours du suspect ont immédiatement faire réagir la classe politique et ravivé les tensions, déjà présentes depuis lundi, entre le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, partisan d’un durcissement de la politique pénale, et le garde des Sceaux Didier Migaud, qui a rappelé que la justice est "indépendante" et que le taux d’exécution des peines "n’a jamais été aussi élevé".
Un bras de fer entre le très droitier ministre de l’Intérieur et la garde des Sceaux, unique recrue issue du PS, dont se tient pour l’instant à distance le Premier ministre, déjà occupé à recadrer le ministre de l’Economie, Antoine Armand, coupable à ses yeux d’avoir considéré mardi que le RN ne faisait pas partie de "l’arc républicain". Dans la foulée, Marine Le Pen a estimé que le "Premier ministre devait aller expliquer à ses ministres la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris". Ce dernier a appelé la patronne du groupe d’extrême droite et le patron de Bercy a été contraint de se rétracter.
Une attitude qui "révèle ce que l’on sait déjà", a estimé François Hollande. À savoir : "le gouvernement de monsieur Barnier dépend de madame Le Pen. C’est elle qui a fait en sorte d’intervenir auprès du président de la République pour donner un quitus à monsieur Barnier. Et c’est madame Le Pen qui fixe la règle". "Vous pouvez faire ce que vous avez à faire pour fixer une discipline dans le gouvernement sans qu’il soit besoin d’aller demander pardon, c’est de ça dont il s’agit", a encore affirmé l’ancien locataire de l’Élysée, à l’unisson de la gauche, qui dénonce un gouvernement dépendant de l’extrême droite.
Et ils ne sont pas les seuls. Dans l’ancienne majorité aussi certains sont ulcérés par ce basculement. C’est le cas de Sacha Houlié qui a rompu avec le groupe macroniste à l’Assemblée. "Tout le monde a décrété le front républicain (…) Aujourd’hui Monsieur Barnier explique qu’il faudrait travailler avec le RN, c’est un problème. Compter sur le RN pour que M. Barnier ne soit pas censuré, c’est un problème" a affirmé le député de la Vienne qui appelle à constituer un groupe social-démocrate dans l’Hémicycle. D’autres sont montés au créneau sur X pour défendre leur collègue de Bercy. "Un gouvernement soucieux d’appeler d’emblée Marine Le Pen pour la rassurer à la moindre contrariété ne représente pas mes valeurs. Faire barrage au RN pour au final lui être soumis ?" s’est indigné le député du Maine-et-Loire Denis Masséglia.
En revanche, ce rétropédalage du gouvernement est on ne peut plus normal pour le député du Rassemblement national Kevin Mauvieux, qui salue la réaction rapide de Michel Barnier. "On a toujours dit que le gouvernement Barnier était sous surveillance du RN, des électeurs, du peuple français", souligne-t-il. "Pour l’instant, on n’est que sur des paroles malheureuses. Mais s’il y a des actes malheureux derrière, on l’a déjà à plusieurs reprises, on ne se privera pas d’une censure."
La menace plane donc toujours du côté du RN. Mais pour l’heure la formation de Marine Le Pen semble vouloir profiter de sa position pour arracher quelques victoires, même symboliques, à un Premier ministre qui ne devra son sursis qu’aux concessions faites à l’extrême droite et prépare son rendez-vous avec la justice. Le 30 septembre va s’ouvrir le procès de l’affaire dite des assistants parlementaires européens. Le NFP promet lui de déposer une motion de censure contre le gouvernement de Michel Barnier, dès l'ouverture de la session parlementaire à l'Assemblée nationale, soit le 1er octobre. Une coalition de gauche secouée par la mise en examen de la députée LFI Sophia Chikirou dans l’affaire des comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017.
Les experts :
NATHALIE SCHUCK - Grand reporter - Le Point
AUDREY GOUTARD - Grand reporter - France Télévisions, spécialiste des faits de société
IVANNE TRIPPENBACH - Grand reporter - Le Monde
JÉRÔME FOURQUET - Directeur département Opinion - Institut de sondages IFOP, auteur de "La France d’après"
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