P. Humbrecht #3 : La foi a-t-elle besoin de la philosophie ?

[@jeanrenedepardaillec2858]

Tout d'abord, commencez par souligner que tous les ordres monastiques ne sont pas d'accord entre eux sur l'importance qu'il faut accorder à la réflexion intellectuelle. Certains sont ouvertement pour la culture, défendent l'importance de la philosophie et plus largement des sciences, et d'autres choisissent de rester dans leur indigence, et après tout tant pis pour eux. Le christianisme (particulièrement le christianisme, d’ailleurs) est une religion qui s’est développée historiquement AVEC la philosophie, en symbiose avec la philosophie (l’héritage grec puis romain, notamment avec Platon et Aristote et encore les stoïciens, puis l’héritage médiéval avec Thomas d’Aquin et tant d’autres, et même toutes les disputes qui ont existé durant la modernité avant les Lumières). Contrairement à l’Islam (par exemple), la religion chrétienne ne se satisfait pas uniquement d’un rapport d’obéissance à des textes qui seraient comme des vulgaires manuels de développement personnel (« faites ceci, faites cela, ne posez pas de questions, et vous serez bienheureux mes petits »). La Bible donne des intuitions fondamentales que la raison doit analyser et développer, et les dogmes doivent toujours être incorporés par la raison. Dans la religion chrétienne, l’usage de la raison (et notamment la connaissance de la philosophie occidentale et de son histoire) est CONSTITUTIF du rapport à Dieu, à la vie, au monde, aux autres, etc. Ce n’est pas un vulgaire « supplément » optionnel qu’il faudrait « consommer avec modération ». Vous parlez de la toute-puissance de la raison aujourd’hui : mais enfin, croyez-vous véritablement que la majorité des personnes pensent aujourd’hui ?... Vous confondez la raison qui calcule (économie, gestion...) et l’intellect qui, par l’effort de la réflexion, s’élève vers Dieu (philosophie, théologie, sciences, art, mais aussi savoir-faire artisanaux...). La raison est une exigence de la religion chrétienne, et l’indigence (fut-elle obéissante) est un péché, comme le dit Thomas d’Aquin. L’amour de Dieu envers les hommes, c’est aussi le souhait de Dieu de voir les hommes accomplir leur dignité en s’élevant (et c’est pour cela qu’il a doté l’homme de la raison). S'il est juste de dénoncer un certain rationalisme (aux XVIIe et XVIIIe siècles, les philosophes abandonnent la religion et font de la physique la nouvelle « religion », un nouveau modèle sur laquelle la philosophie doit prendre exemple - voir par exemple Locke), ne tombez pas dans l’opposition à la raison et la valorisation de l’indigence. Notre époque meurt de la bêtise et de l’indigence, et la religion si elle est séparée de la réflexion philosophique et de son héritage intellectuelle finira alors dans les bas rangs du développement personnel et du spiritualisme pour les nuls. Ce sont Luther et les protestants qui disaient que la raison est "la putain du Diable". Les catholiques savent, eux, au contraire, que la raison est un don de Dieu. Si certains en font un mauvais usage, c'est eux qu'ils font dénoncer, non la raison.

[@louloustliges7450]

Comment saint Thomas définit-il la foi ? Est-ce une connaissance des premiers principes plus complète grâce à la révélation ?

5:46 comment avez vous deviner mon porte clés de voiture ?

[@TheMamelie]

« (...) même sa foi n’était pas cohérente »? Mais que serait une « foi cohérente », puisqu’il semble qu’ici, nous partions postulat qui consiste à dire que la foi, justement, échappe à tout raisonnement « rationnel », et à tout excès d’intellectualisation? Si tel n’était pas le cas, pour quelle raison pourrait-elle donc faire l’économie de la philosophie?

[@kisitomomotene9318]

La religion catholique n'a jamais dit que la Foi échappe a tout raisonnement au contraire, elle commande d'éclairer notre Foi, . Les articles de Foi peuvent être partiellement ou totalement éclairé par la raison, et se priver de cet éclairage est un péché (le péché d'aveuglement). Les disciples de Jésus sur le chemin d'Emmaus ont été blâmés par Jésus, car ils n'avaient pas eu l'intelligence des écritures face aux évènements de la passion du Christ.