Puy-st-Pierre en septembre 1944 Yvette, Aline et Gabrielle se souviennent...

Yvette MARTIN et Aline BERARD, filles de Victor Paul BONNARD et Gabrielle CRESTO, habitante de Puy Richard, avaient dix ans lors des combats qui ont détruit leur village de Puy-Saint-Pierre (Hautes-Alpes). Depuis, le village de Puy-Saint-Pierre s'est reconstruit. Il ne reste aujourd’hui de l’ancien village qu’une maquette, œuvre réalisée par Victor Paul Bonnard dans les années 50 selon ses souvenirs, et quelques témoignages d’habitantes, que nous avons souhaité recueillir et capter pour ne pas oublier, se remémorer et rendre hommage à ceux qui ont lutté pour notre liberté.
Chronologie des événements :
Début septembre 1944, la commune de Puy-Saint-Pierre s’est retrouvée aux premières loges des combats engagés par les forces alliées pour reprendre la ville de Briançon de nouveau occupée par les Allemands après la 1ère Libération du 23 août. Le village de Puy-Saint-Pierre constituait en effet un point stratégique important, tant comme point d’observation que comme avant-garde de défense de la ville.
Les habitants de Puy Saint Pierre ont alors dû fuir très vite. Abandonnant tout, y compris les animaux dans les étables, chacun prît la direction de Puy Chalvin, et le col de la Pisse, via la Vallouise, pour être ensuite évacué sur Embrun. Les troupes allemandes avançaient en tirant de toutes parts. Dans les villages d’en bas ne resteront que les vieillards. Exception à cet exode, une partie des habitants de Puy Richard restera sur place.
Puy-Saint-Pierre une fois investi, les Allemands fortifièrent la position au moyen d’un canon pointé vers Briançon sur la route à l’entrée du village, d’une mitrailleuse installée dans le clocher et de plusieurs mortiers en ceinture autour des maisons. Des postes de guet étaient installés dans le clocher, en avant du rocher où est enterré Maurice Petsche et dans le cimetière.
Le 5 septembre 1944, après l’échec d’une première offensive menée depuis Puy Richard, les forces de libération, décident de bombarder les défenses en place.
Avant même la fin du bombardement, deux compagnies de tirailleurs se ruent sur le village, l’une de front, l’autre par les hauts. Après trente minutes de combat au milieu des décombres et des flammes, les Allemands lâchent prise et s’enfuient in extremis en se jetant dans le pierrier en contrebas du village, seule échappatoire possible. Ne laissant derrière eux que les corps calcinés de leurs camarades et un village réduit en cendres. Seules l'église et 6 maisons sur 53 seront épargnées par l’incendie.
Le récit de Mme Yvonne BERT (ancienne habitante de Puy Richard, décédée en 2022), publié dans l'ouvrage de Gabrielle SENTIS sur les quatre Puys du Prorel :
Une compagnie de tirailleurs marocains est arrivée à Puy Richard
dans la nuit du 4 au 5 septembre 1944 venant des
Vigneaux. Ils devaient attaquer Puy-St-Pierre qui était occupé
par les Allemands depuis plusieurs jours et où ils avaient installé
des postes de guet, dans le clocher de l'église, en avant
du rocher où est enterré M. Petsche et dans le cimetière. Il y
avait des mortiers installés aux alentours du village et un canon
était posté à l'arrivée de Puy-St-Pierre sur le rocher qui domine
Briançon et où est actuellement la pancarte «Puy-St-Pierre».
Les tirailleurs arrivés dans la nuit ne pensaient pas que le
village de Puy-Richard était encore occupé par ses habitants
et ils ont été agréablement surpris de retrouver des Français.
Ils partirent donc à l'attaque au petit matin mais ils durent se
replier sur Puy-Richard en ramenant avec eux plusieurs morts
et blessés. Les morts furent déposés dans la chapelle en attendant
de les évacuer à dos de mulet vers !'Argentière, les blessés
reçurent les premiers soins sur place et furent aussi évacués.
Les tirailleurs passèrent la journée du 5 septembre dans le village
de Puy-Richard en attendant de retourner à l'attaque vers
le soir. Dans la journée, l'artillerie française qui était à Villard
Meyer bombarda Puy-St-Pierre (avec des obus incendiaires).
Au crépuscule les tirailleurs retournèrent à l'attaque et s'emparèrent
de Puy-St-Pierre. Les Allemands partirent en mettant le feu à plusieurs coins du village. Il y eut des morts car l'on
retrouva dans les décombres des ossements. Les tirailleurs repartirent
le soir même pour le village de Sachas d'où ils repartirent
le lendemain pour libérer Briançon. La compagnie était
commandée par un lieutenant et l'aspirant Jan qui fut tué à
Briançon le 6 septembre. Des maquisards étaient venus en reconnaissance
queques jours avant l'arrivée des tirailleurs et nous
les avions renseignés au sujets des Allemands qui depuis quelques
jours tiraient depuis Puy-St-Pierre d'où ils dominaient
toute la vallée. Le village de Puy-Richard a reçu plusieurs obus
qui ont touché des maisons et les bombes incendiaires sont tombées
à proximité sans jamais incendier le village.
Voir la bande annonce : • Puy-st-Pierre en septe...