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Chaâbi 1ére Partie
En cette soirée d'été, près de Bir Djebbah de Mesyed el-Ghoula vers Sidi Abd-er-Rahman Sidi Abd-el-Aziz bou-Nakhla et Dar Bou-Djenah de la rue Porte neuve à la rue souk-El-Khan !
Les adeptes du chaâbi, foule bigarrée, silencieuse s'agglutinait près de la scène pour voir leur idole El Hadj El-Anka, le maître vénéré à la voix mielleuse qui égrenait avec art,la touchia du Ghrib de son mandole
Les You-You stridents, des jeunes femmes aux yeux de jais parés d'antimoine, se mêlaient des terrasses, au baroud des vieilles arquebuses d'où la fumée ocrée, sous un ciel figé semblait suspendue, à sa féérique sensualité qui le boude !
La soirée s'étira langoureusement au fil de subtiles qacidate que le cheikh, tour à tour, entonnaient de sa voix mélodieuse.Le Sobohi, au son du muezzin au levée du jour aux mille facettes achevait solennellement la fête, de ses douces complaintes pieuses !
I/Le chaâbi
Le chaâbi est un genre dérivé de l'Andalous, jugé trop aristocratique et surtout réservé à une élite de connaisseurs. le Chaâbi a rompu avec toutes les règles musicales trop académiques ou strictes ! Le chaâbi est une vulgarisation de l'Andalou avec en prime un important élagage au niveau de la forme et du style...
Littéralement, chaâbi, signifie « populaire »
Ce genre musical, a été inauguré au cours des années 1920 par Mustapha Saïdi dit Cheikh Nador (1874-1926) qui a su capter et faire fructifier l'héritage du « Melhoun » (poésie issue du Sud marocain, sorte de littérature orale maghrébine). Le chaâbi, contrairement à la musique classique arabo-andalouse, est une musique populaire née dans les fins fonds des venelles de la casbah d'Alger, son berceau géographique. Avant que ce chant n'évolue et devienne le « chaâbi » en 1946, il était nommé le « Moghrabi » puis le « Medh » (louanges qui glorifient la vie du Prophète de l'islam et des saints). Ce style est une déclinaison de la musique arabo-andalouse, non pas une version appauvrie et simpliste, mais l'adaptation festive et conviviale de cette musique savante. S'il est bâti sur les structures de la « nouba », il s'en éloigne au niveau mélodique et rythmique. II se caractérise par une liberté de ton et un sens aigu de l'improvisation au travers de longues Qaçaïde (poésies). Le chaâbi puisait ses notes au contact du petit peuple des quartiers populaires d'Alger et ses mots dans l'ambiance de mauvais garçons des fumeries « mahchachate » de la casbah où se mêlaient les odeurs de l'opium et du hachich. Ce genre musical a connu ses véritables heures de gloire à l'aube des années 1930/40 sous la houlette d'El Hadj M'hamed El Anka (1907-1978) qui bouscula les normes établies par l'art andalou. El Hadj M'hamed El Anka, cet enfant de la vieille casbah est encore de nos jours le grand maître incontesté du genre. Premier protagoniste du chaâbi moderne, il diminua, à partir des années 1950, la pure déclamation poétique au profit du refrain. El Anka a largement contribué à l'inclusion d'instruments nouveaux dans le répertoire du chaâbi tels que le mandole, le banjo et la derbouka. Il devient de son vivant une école et à sa mort une véritable légende. Grâce à El Anka, le chaâbi « moderne » est devenu un art citadin par excellence. Il laisse une empreinte profonde sur plusieurs générations de mélomanes à savoir les plus populaires : Boudjemaâ El Ankis, Dahmane El Harrachi, El Hachemi Guerouabi, Abdelkader Chaou, Amar Ezzahi, AbdAllah Guettaf...