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Paru en 1941
D'écrivain comblé et adulé, Stefan Zweig était devenu un exilé se plaignant auprès de Romain Rolland de ne plus recevoir de courrier. Admirant profondément Montaigne mais aussi Nietzsche, Dostoïevski et Freud, Stefan Zweig souffrait d'être si peu semblable à ses modèles. Il lit et commente passionnément Montaigne pour y trouver la voie de sa liberté intérieure, la force d'assumer son ultime décision.
Ainsi l'attitude de Montaigne face à la vie, comme celle de tous les libres penseurs, aboutit à la tolérance. Celui qui revendique pour lui-même la liberté de pensée reconnaît le même droit à chacun, et personne ne l'a mieux respecté que lui. Il ne recule pas d'effroi devant les cannibales, ces Brésiliens comme celui qu'il a rencontré à Rouen, parce qu'ils ont mangé des hommes. Il dit clairement et calmement qu'il trouve cela bien moins important que de torturer des hommes vivants, de les tourmenter et de les martyriser. Il n'est pas de croyance ou d'opinion qu'il refuse de prime abord, et son jugement ne se laisse troubler par aucun préjugé : "Je n'ai point cette erreur commune de juger d'un autre selon que je suis." Il met en garde contre la violence et la force brutale qui, plus que tout, peuvent gâter et insensibiliser une âme en soi bien faite.