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C’est l’objet d’un nouveau rapport de l’association Pleine Mer et de Transnational Institute. Cette étude montre comment l’industrie de la pêche peut avoir un impact sur l’émergence de nouvelles routes migratoires. On a contacté Thibault Josse pour en parler, ingénieur agro-halieute et un des deux auteurs du rapport.
Si le lien entre surpêche et migrations est peu familier du grand public, c’est pourtant un phénomène bien connu dans le secteur de la pêche. Non-dit et opacité n’ont rendu possible aucune véritable analyse systémique avant celle-ci. C’est ce lien que pointe le rapport. La pêche industrielle sur les côtes d’Afrique de l’ouest est une cause de migration. Les personnes migrantes, qui peuvent se retrouver à travailler dans le secteur en Europe, utilisent souvent des bateaux de pêche pour traverser la mer méditerranée.
Thibault Josse, coauteur du rapport, pointe du doigt les accords de pêche avec l’Europe, et les accords bilatéraux entre les pays d’Afrique de l’ouest et d’autres pays.
Il nous explique que quand un pays n’est pas capable d’exploiter au maximum ses stocks de poissons, d’autres Etats, ou même d’autres entreprises, peuvent pêcher dans la zone économique exclusive de ce pays. Il s’agit de bateaux gigantesques, pouvant atteindre plus de cent mètres, à l’image du Margiris. Ces chalutiers géants, qui ne subissent aucun contrôle sur leurs techniques de pêches ou sur les quantités de poissons ramassées, participent à l’épuisement de ces ressources.
Conséquence : les filets des artisans pêcheurs d’Afrique de l’Ouest sont presque vides. Au Sénégal par exemple, où près de 20% de la population vit de la pêche, c’est toute une économie qui est menacée. Poussés à la faillite, ils sont nombreux à migrer vers l’Europe.
Ce rapport, qui cite plusieurs enquêtes du Guardian ou du Globe and Mail met également en évidence des réseaux de rackets. En Irlande par exemple, certains armateurs font venir des migrants en leur faisant miroiter un visa, un travail et un salaire. Une fois arrivés, aucune des promesses ne sont tenues et une prise d’otage se met alors en place : soit la personne reste, illégalement, sans droits et avec un salaire très faible voire inexistant, soit l’armateur la dénonce à la police. Un véritable esclavage moderne.
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