Bonjour, merci pour ce podcast. Je me permets de poser une question, je n'ai peut-être pas tout compris. D'après Aristote, la justice distributive correspond à une notion d'égalité géométrique ; il faut donner à chacun ce qui lui est dû en fonction de sa valeur et de son mérite. Pour l'oligarchie, la justice consisterait donc de donner plus à ceux qui possèdent les richesses et le pouvoir ; pour l'aristocratie, donner plus à ceux manifestent l'excellence ; et pour la démocratie distribuer à parts égales entre tous ceux qui possèdent la liberté, j'imagine les citoyens. Pour le premier régime, Aristote en fait-il seulement le constat ou bien considère-t-il réellement cette distribution comme juste? Il me semble que vous objectez autour de 19 min que la conception aristotélicienne n'est pas une conception méritocratique ni même un universalisme moral. Pourtant il semble que la justice distributive consiste, dans l'aristocratie, à donner plus à ceux qui manifestent l'excellence. Peut-on considérer une telle conception comme méritocratique? Et dans le cas de la démocratie, la justice distributive semble être une distribution arithmétique plus qu'une distribution géométrique, en distribuant les biens matériels et symboliques à tous les citoyens. Est-ce que cela pourrait être une conception universaliste? Je n'ai peut-être pas bien compris ; je vais essayer de relire cette partie de l'Ethique à Nicomaque.
@ESOPHIA12 жыл бұрын
Bonjour Julien, Merci beaucoup pour ta question à laquelle je vais essayer de répondre le plus clairement possible. Aristote procède ici à une description de type ontologique : il répond à la question de savoir ce qu'est la justice sociale dans ces différents régimes. En quelque sorte, c'est à la fois descriptif et normatif. Ensuite, ces régimes appliquent plus ou moins bien ces principes régissant la justice sociale. La justice sociale dans une régime aristocratique repose sur l'excellence. On ne peut pas vraiment parler de méritocratie : ce serait un anachronisme. La méritocratie suppose que chacun reçoit en fonction de ses talents naturels, de ce qu'il est capable de faire, indépendamment de son statut social par exemple. Avec tous les problèmes que cela pose comme Rawls et Bourdieu l'ont montré. Enfin, dans la démocratie, il ne faut pas oublier que les femmes, enfants, esclaves n'ont pas le statut de citoyen. Il n'y a donc pas une égalité arithmétique dans la distribution des biens matériels et symboliques. On reçoit des biens matériels et symboliques en fonction de son statut de citoyen. Comme tout le monde n'est pas citoyen, il n'y a donc pas d'universalisme moral. J'espère avoir répondu à tes questions ! A bientôt et merci de ton passage ici !
@julienlascaze66112 жыл бұрын
@@ESOPHIA1 merci vivement pour votre réponse 👍
@SimoneChoule81 Жыл бұрын
Mon impression est qu'Aristote a très bien exposé que l'égalité n'a pas à être parfaite et qu'il est plus affaire d'équité et de proportion selon le mérite, mais malheureusement le problème n'est que partiellement résolu car il est très difficile de qualifier ce qu'est le mérite, de le quantifier, etc... Il a déplacé le problème. De fait la seule institution qui de manière efficace mesure le mérite en tenant compte des préférences des individus et a pour fonction d'orienter les actions des individus est le marché, et cela, on ne peut pas pleinement s'en satisfaire à moins d'être libertarien. Un auteur de gauche aurait pu en réponse à l'ouvrage d'Hayek "le mirage de la justice sociale" écrire "le mirage du mérite".
@BaldeMorkare Жыл бұрын
J voudrais une explication beaucoup plus clair de la conception rawlsien de la justice