Рет қаралды 247
Ce texte "Laissez-moi vous dire" est extrait de L'âme insurgée (1977)
"Armel Guerne, véritable habitant du langage, chauffé au feu blanc de la Poésie - cette Parole hautement nourricière, ce lait d’aube du Verbe -, est né à Morges, en Suisse, le 1er avril 1911 et mort le 9 octobre 1980 à Marmande dans le Lot-et-Garonne. Poète et immense traducteur - entre autres de Yasunari Kawabata, de Hölderlin, de Novalis, de Heinrich von Kleist, de Martin Buber (pour les Récits hassidiques rassemblés par ce dernier), etc. -, Armel Guerne écrivait comme on allume des feux de signal sur les montagnes. Berger de la parole, il s'est engouffré corps et âme dans la pelure des mots, dans l'épaisse beauté de leur sang noir, dans la bouche d’or qui ressuscite les grandeurs oubliées.
Grand germaniste, il a su redonner à la figure trop galvaudée du Romantisme, son puissant souffle d'insurrection primordiale - mettant en relief ce refus du médiocre et de la bassesse qui constitue en partie cet élan de l’âme, de l’âme insurgée.
Voici ce qu'il en disait : « Le grand refus posé devant vos forces déployées et brandies, vaines et implacablement. Toutes les horreurs, les viols, les arrogances, l'injustice, toutes les férocités, l'atroce surenchère de toutes les polices, la persécution, l'astuce, la torture, l'évidence et le secret de votre barbarie ouverts sur notre pertinence d'êtres vifs, annulés par notre refus qui les reçoit comme un hommage ; toutes vos duretés finalement brisées contre notre dureté plus dure. »
Résistant pendant la Seconde Guerre Mondiale, il fut arrêté par la Gestapo en 1943. Lorsque les assassins de toute parole et de toute vérité le capturèrent, lui et sa femme, Armel Guerne refusa de répondre en allemand à ses tortionnaires. Les bureaucrates du crime lui montrèrent alors un exemplaire de Novalis traduit par ses soins.
Armel Guerne répondit vertement : « Non, bien sûr : c'est moi. Mais j'ai oublié cette langue du jour que les Allemands ont franchi la frontière sans passeport. »
Si cela n'est pas du courage - et du plus étincelant qui puisse être -, qu'on me dise donc ce que c'est.
Le verdict des bourreaux fut sans appel : déportation à Buchenwald. Durant le trajet, il parvint à s'évader du train avec d'autres compagnons de galère.
Dès son retour en France, après bon nombre de tribulations, il se consacra entièrement à témoigner pour la Création - et tout particulièrement pour la parole poétique, source créatrice par excellence : ruisseau de survivance au sein des eaux mortes qui l'encerclent toujours sans pouvoir l'avaler totalement.
Il entretint également avec le philosophe roumain, Emil Cioran, une correspondance accrue. Au nihilisme de Cioran, Armel Guerne répondait, dans une lettre datée de 1978, par ces mots : « Il n'y a pas beaucoup de raisons de vivre, je l'admets, mais il y en a une infinité de ne pas mourir - ne serait-ce que toutes celles qui complotent à nous faire crever ! »
© Thibault Marconnet 2014 - Merci à Mr Marconnet pour ce billet !
* * *
__ Armel Guerne - Entretien du 3 juin 1975
Faut-il être écrivain pour être traducteur ?
A. G : On ne peut pas être traducteur sans être écrivain, tout au moins quand on fait des traductions de grandes œuvres. Parce que l'essentiel du problème et la solution de ce problème se passent uniquement dans le patrimoine de la langue dans laquelle on publie cette traduction. Dans le patrimoine original, c'est-à-dire dans la langue de l'auteur, les problèmes et les rapports de l'individu avec le génie de sa langue sont résolus. Le texte est là. Il est fixé. On a tout le temps qu'il faut pour l'examiner. Par contre, les exigences du génie de la langue dans laquelle on va proposer cette œuvre, les équivalences à trouver, la qualité sonore, harmonique, les images, la rigueur du sens, enfin les mille ressources qu'on peut mettre au service d'une œuvre sont à découvrir et à pratiquer à l'intérieur de la langue qu'on écrit. Autrement dit, on ne peut pas traduire si l'on n'est pas d'abord un écrivain.
Et l'on ne peut, bien entendu, pas traduire un poète, si l'on n'est pas avant tout, un poète ; et je dirais : un poète égal en ambition sinon en dimension à celui avec lequel on se trouve en affinité.
#ArmelGuerne #ArmelGUERNEQuiestilFranceCulture1984 #carolynecannellaauteur #anthologiegataxanga #ArmelGuerneLesilenceetlattentionàlavie# #Novalis #Cioran #YasunariKawabata #Hölderlin #HeinrichvonKleist #poesie #MartinBuber #textaudio #poetrycommunity #carolynecannellaauteur #poety #textaudio #audiotext #audiopoetry #poésiecontemporaine #poesiefrançaise #poètes #poesiecontemporaine #audiotext #ArmelGUERNEpoèteTraducteur #LaoTseu #paracelse #audiobooks #poésiefrançaise #poesiefrançaise