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Le "making of" du livre Bel Espoir, de Nedjma Berder et Virginie de Rocquigny - reportage réalisé au chantier du nouveau trois-mâts de l'association AJD, à l'aber Wrac'h, par Claire Louët pour France 3.
Après l’équivalent de plus de vingt tours du monde aux mains de l’association AJD, le Bel Espoir, son trois-mâts emblématique, endommagé en 2017, s’est avéré irréparable. Cette association qui propose un cadre de vie et de formation à des jeunes de tous horizons perdait là un navire mythique, indissociable de la figure du père Michel Jaouen, son fondateur.
Qu’à cela ne tienne, l’AJD n’a pas tardé à lancer la construction d’un nouveau navire qui portera le même nom et qui fera usage de tout ce qui pourra être récupéré sur l’épave de son prédécesseur. La coque a été construite au chantier Piriou de Concarneau, puis remorquée jusqu’au chantier de l’association à l’Aber-Wrac’h, dans le Finistère, où le bateau sera fini par les stagiaires de l’AJD. Depuis le jour de la pose de la quille, le photographe Nedjma Berder et la journaliste Virginie de Rocquigny s’emploient à raconter le travail et la vie du petit monde chaleureux, unique au monde, du Bel Espoir - dit « B.E. », pour les intimes.
Le nouveau trois-mâts prendra bientôt la mer et prochainement, il sera temps de raconter ses premiers bords… Ce livre, tissé du quotidien de l’association et du chantier, mais aussi de l’histoire extraordinaire de l’AJD, racontée par ceux qui l’ont vécue depuis les débuts, racontera la renaissance et la vie nouvelle du Bel Espoir.
RACONTER LE BEL ESPOIR ?
La première fois que nous sommes allés sur le chantier du Bel Espoir, il n'était pas question de faire un livre mais un simple article à paraître l'été suivant. Sauf qu'il y a eu bien trop de rencontres, trop de trouvailles dans les archives, trop de repas partagés à la cantine... On s'est laissé happer par le monde du Bel Espoir, sans aucune résistance.
Deux ans plus tard le navire est à flot, et voilà le travail.
Le bateau est rapidement passé à l'arrière-plan. Ce n'est pas que nous l'avons oublié, il était toujours devant nous, une coque nue au départ, un trois-mâts à l'arrivée. C'est plutôt que les gens autour de lui ont pris le dessus. Les jeunes et l'équipe oeuvrant à sa reconstruction. Toutes les personnes qui ont embarqué sur ce voilier depuis 1968 et qui en gardent l'empreinte.
Ces récits nous ont emmenés dans d'autres univers, loin du bras de mer de l'Aber-Wrac'h et du bruit des machines-outils. Nous avons décidé que tout cela avait sa place dans ce livre. Ecouter les vies qui se cherchent, bifurquent ou s'affirment autour du Bel Espoir nous a semblé la façon la plus juste de raconter ce bateau.
LES AUTEURS
Nedjma Berder, photographe : « J’ai commencé à photographier la construction du Bel Espoir quand la coque est entrée en chantier à Concarneau, et puis j’ai continué en venant à l’aber Wrac’h. Ça s’est passé comme pour les stagiaires : si tu veux faire un truc à l(AJD, tu te trouves une place à table et après tu te débrouilles. Il n’y a aucune attente. C’est rare.
« Ça va faire deux ans, je fais un peu partie des meubles maintenant. »
« Je vois les stagiaires arriver, se métamorphoser. Leurs postures, leurs comportements. Ils trouvent une place. J’aime les suivre à cette période où le domaine des possibles est au plus large. Je les vois élaborer des projets… Parfois c’est utopique, on sent que ça va se casser la gueule, mais il y a une dynamique, c’est toujours porteur. Ce qui me plaît aussi c’est que c’est vraiment contemporain…
« Dans l’organisation du chantier, on dirait que tout s’enchaîne naturellement. Tu as la logique des marées, celles des saisons, la disponibilité du matériel, des pièces détachées, la présence des stagiaires qui se succèdent… Et ça marche. Et puis je suis bluffé par l’attitude des formateurs. Ils laissent des stagiaires qui ont encore la trace du stylo de l’école sur les doigts tailler les grosses pièces de chêne pour le bateau… La clé, c’est la confiance. Et pour moi, c’est le temps. »
Virginie de Rocquigny, journaliste : « Pour l'AJD, le Bel Espoir est avant toute chose un outil. Pour moi, c'est un prétexte pour raconter celles et ceux qui le construisent ou qui ont embarqué à son bord depuis 1968. Je passe du temps à l’aber Wrac’h avec les stagiaires de l'AJD, mais ces récits m’ont aussi conduite dans un squat à Montpellier, sur les bancs de la fac, dans le Marseille des années 1960, en maison d'arrêt, à l'arsenal de Brest ou chez MacDo. À les écouter, je ne m'ennuie jamais. Cette parole forme un matériau auquel je tente d'être le plus fidèle possible, sur la forme et sur le fond, pour écrire les textes de ce livre. »
Deux ans de reportages et de rencontres, dans un beau livre relié au format carré de 22*22 cm, 288 pages tout en couleurs.