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“Il court il court,le sujet... ” avons-nous rappelé, le 11 octobre dernier,évoquant une comptine des plus familières. Plus mobile,même,que « La truite qui file»(1),il nous avait filé entre les doigts au moment même où nous avions pensé l’avoir saisi,à peine sorti des lèvres de nos instituants: « Instituteur » ou « Maîtresse! »,ils nous ont en effet rendu l’immense service de nous apprendre à l’attraper à condition qu’on pose la question « Qui est-ce qui...?», c’est assez dire... à l’expresse condition que l’on commence par un retour sur la langue, (où l’on voit déjà se pointer la Widerholungzwang,ou «Pulsion de répétition», en laquelle Freud repère génialement la pulsion de mort émanant du seul « Moi»). Autant dire que le sujet ne se laisse saisir que lorsque l’on commence à parler. «Les pulsions de mort progressent en silence» dit-Freud au plus près. Et aussitôt,le sujet s’est manifesté,dans le mouvement de s’adresser à un autre sujet:Du « Qu’appelles-tu…?» de Socrate, initiant la seule interrogation proprement philosophique,en passant par Descartes, écrivant,« enfin il faut conclure, et tenir pour constant que cette proposition : Je suis, j'existe, est nécessairement vraie, toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. »; et bien-sûr Hegel, qui rappelle dans la préface à sa « grande» logique qu’«En tout ce qui devient pour lui (l’homme), quelque chose d’intérieur(...) tout ce qu’il fait sien,le langage s’est immiscé». Ce vaste mouvement réflexif donne une singulière épaisseur temporelle au recentrage opéré par Lacan, du « Champ freudien », autour de la parole.
«Le donné de cette expérience est d’abord du langage, un langage, c’est-à-dire un signe. De ce qu’il signifie, combien complexe est le problème, quand le psychologue le rapporte au sujet de la connaissance, c’est-à-dire à la pensée du sujet. Quel rapport entre celle-ci et le langage ? N’est-elle qu’un langage, mais secret, ou n’est-il que l’expression d’une pensée pure, informulée ? Où trouver la mesure commune aux deux termes de ce problème, c’est-à-dire l’unité dont le langage est le signe ? Est-elle contenue dans le mot : le nom, le verbe ou bien l’adverbe ? Dans l’épaisseur de son histoire ? Pourquoi pas dans les mécanismes qui le forment phonétiquement ? Comment choisir dans ce dédale où nous entraînent philosophes et linguistes, psycho-physiciens et physiologistes ? Comment choisir une référence, qui, à mesure qu’on la pose plus élémentaire, nous apparaît plus mythique. Mais le psychanalyste, pour ne pas détacher l’expérience du langage de la situation qu’elle implique, celle de l’interlocuteur, touche au fait simple que le langage avant de signifier quelque chose, signifie pour quelqu’un. »(2)
Plusieurs de nos auditeurs nous ayant signifié la difficulté que présente l’abord immédiat du style lacanien, il nous a paru utile,et même nécessaire,entre deux sessions mensuelles, de les y préparer tant soit peu, au travers de la causerie qui suit.
(1) «La truite qui file»: cf. fr.m.wikisource.org/wiki/Ang%...
(2) J.Lacan: Au-delà du principe de réalité/in Ecrits