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Hervé CASTANET - "Jean GENET et la politique : Les Palestiniens"

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Hervé CASTANET-chaîne MI-DIT

Hervé CASTANET-chaîne MI-DIT

Күн бұрын

Hervé CASTANET, professeur des Universités, membre de l'École de la Cause freudienne, est psychanalyste à Marseille.
De 1968 à 1986 (date de son décès), la vie de Jean Genet est marquée par son engagement décidé pour l'action politique - pour les causes perdues et radicales, ont dit certains. Cette période n'est pas une passade, une parenthèse, une anecdote : consacrant donc exclusivement dix-huit années à cet engagement, il ne publiera plus, de son vivant, de textes dits littéraires. Pourquoi ? Comment ?
Le troisième de ses engagements est auprès des Palestiniens.
Lisons les mots de Genet au début de son texte "Quatre heures à Chatila" :
"A Chatila, à Sabra, des non-juifs ont massacré des non-juifs, en quoi cela nous concerne-t-il ?" - Menahem Begin (à la Knesset)
Personne, ni rien, aucune technique du récit, ne dira ce que furent les six mois passés par les feddayin dans les montagnes de Jerash et d’Ajloun en Jordanie, ni surtout leurs premières semaines. Donner un compte rendu des évènements, établir la chronologie, les réussites et les erreurs de l’OLP, d’autres l’ont fait. L’air du temps, la couleur du ciel, de la terre et des arbres, on pourra les dire, mais jamais faire sentir la légère ébriété, la démarche au dessus de la poussière, l’éclat des yeux, la transparence des rapports non seulement entre feddayin, mais entre eux et les chefs. Tous, tous, sous les arbres étaient frémissants, rieurs, émerveillés par une vie si nouvelle pour tous, et dans ces frémissements quelque chose d’étrangement fixe, aux aguets, protégé, réservé comme quelqu’un qui prie sans rien dire. Tout était à tous. Chacun en lui-même était seul. Et peut-être non. En somme souriants et hagards. La région jordanienne où ils s’étaient repliés, selon un choix politique, était un périmètre allant de la frontière syrienne à Salt, pour la longueur, délimitée par le Jourdain et par la route de Jerash à Irbid. Cette grande longueur était d’environ soixante kilomètres, sa profondeur vingt d’une région très montagneuse couverte de chênes verts, de petits villages jordaniens et d’une culture assez maigre. Sous les bois et sous les tentes camouflées les feddayin avaient disposé des unités des unités de combattants et des armes légères et semi-lourdes. Une fois sur place, l’artillerie, dirigée surtout contre d’éventuelles opérations jordaniennes, les jeunes soldats entretenaient les armes, les démontaient pour les nettoyer, les graisser, et les remontaient à toute vitesse. Quelques-uns réussissaient l’exploit de démonter et de remonter les armes les yeux bandés afin de pouvoir le réussir la nuit. Entre chaque soldat et son arme s’était établi un rapport amoureux et magique. Comme les feddayin avaient quitté depuis peu l’adolescence, le fusil en tant qu’arme était le signe de la virilité triomphante, et apportait la certitude d’être. L’agressivité disparaissait : le sourire montrait les dents."
Cette position de Genet a fait l'objet de vives critiques. Ainsi celles argumentées d'Éric Marty publiées dans "Les Temps modernes" où l'antisémitisme du poète est affirmé. Celui-ci écrit : "Genet est un antisémite. Ou plutôt, il joue à l’être. On imagine bien qu’il lui est difficile de soutenir la plupart des thèmes de l’antisémitisme. Refuser les droits politiques aux Juifs ? Mais il se moque de la politique. Les exclure des professions libérales, leur interdire tout commerce ? Cela reviendrait à dire qu’il se refuse à les voler, puisque les commerçants sont ses victimes. Curieux antisémite qui se définirait par sa répugnance à voler les Israélites. Veut-il donc les tuer par grandes masses ? Mais les massacres n’intéressent pas Genet ; les meurtres dont il rêve sont individuels. Alors ? Poussé dans ses derniers retranchements, il déclare qu’il “ne pourrait pas coucher avec un Juif”. Israël peut dormir tranquille. Dans cette répugnance je vois seulement ceci : victime des pogromes et de persécutions séculaires, l’Israélite fait figure de martyr."
Cette vidéo se propose de lire Genet (qui écrivait : "On me demande pourquoi j'aide les Palestiniens. Quelle sottise ! Ils m'ont aidé à vivre.") et les attaques portées contre lui, notamment celles d'Éric Marty, hors de toute hagiographie et de proposer une nouvelle piste de lecture qui éclaire son choix politique.

Пікірлер: 3
@TouriyaFili
@TouriyaFili 3 жыл бұрын
Excellente lecture. Merci!
@abdelrhaffarsouiriji3285
@abdelrhaffarsouiriji3285 3 жыл бұрын
Merci beaucoup pour cette étude... Apres Jean genet la littérature française contemporaine n'a pas connu une aventure littéraire du meme niveau... Jean Genet, un marocain-palestinien, d'origine française
@azizhedaji4085
@azizhedaji4085 9 ай бұрын
J ai cherché la tombe jean genet je l ai ratée de peu confusion avec un cimetière musulman voisin à l'arrache le cimetière espagnole l hébergé Toujours
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