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À quelques jours de la rentrée scolaire, Laurence De Cock, enseignante, publie École publique et émancipation sociale aux Éditions Agone - Contre-feux. Un livre utile qui revient aux origines de l’école publique, le quinquennat Macron et les réformes Blanquer. Et qui pique un peu la gauche sur ses impensés mais aussi ses trahisons sur l’école. Elle est l’invitée de #LaMidinale.
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Sur l’émancipation sociale à l’école
« Il faut retrouver un des mots confisqué par la droite et notamment le néolibéralisme : l’émancipation est un mot de la gauche. »
« L’émancipation, si on ne l’accouple pas à la dimension sociale, peut devenir simplement une définition de la libre entreprise de soi (…). Y’a des gens pour lesquels, c’est le rôle de l’école. »
« Quand on parle de réussite scolaire, on voit bien que derrière il y a l’idée que l’école est faite pour réussir, comme si la réussite n’était pas socialement construite. »
« J’ai voulu rappelé que le terme d’émancipation sociale, au départ, n’est pas lié à la question de la réussite ou de la libre entreprise de soi. Elle est liée à la désaliénation et à la question de la suppression des rapports de domination. »
« L’émancipation sociale est l’une des premières vocations de l’école publique. Il y a dans l’école publique, une vocation qui est à la fois la protection des plus humbles - d'où le caractère public -, et de tendre vers une société meilleure qui passe par la disparition des injustices. »
Sur l’abandon de l’idéal de l’école publique
« Ce livre ne réhabilite pas l’école de Jules Ferry. »
« La faute originelle dès le départ est d’avoir fabriqué un fossé très important entre un discours et une pratique d’un côté - qui était celle de l’accueil des plus démunis -, et l’absence de courage politique qui a fait qu’on a laissé subsister la possibilité de filières parallèles pour la bourgeoisie. »
« Il n’y a pas eu ce courage politique de gauche de dire que la bourgeoisie doit se plier aux mêmes règles que les enfants des catégories populaires. »
« On a laissé la bourgeoisie faire tranquillement et dans le même temps, on a traqué les enfants des catégories populaires qui n’allaient pas à l’école. Donc d’emblée il y a quelque chose qui ne va pas avec une mise sous surveillance de la pauvreté et une absence de mise sous surveillance de la bourgeoisie. »
« Il ne peut pas y avoir de service public si ça n’est pas l’ensemble des enfants qui sont sous protection de l’institution publique. »
Sur les inégalités scolaires
« Aucun homme politique ne dira qu’il est pour les inégalités scolaires. »
« Ce discours sur la résolution des inégalités scolaires, lorsqu’il est porté par la droite, gomme complètement le caractère social des inégalités scolaires (…). A aucun moment pour eux il n’est question de la redistribution des richesses. »
« On ne lutte pas contre les inégalités sociales sans redistribution des richesses. »
« Dans les pratiques, la question des inégalités est évacuée au profit de croyances neuro-béates ou de sciences cognitives dévoyées. »
Sur les impensés et trahisons de la gauche
« Il y a une responsabilité importante de deux types de gauche dans le sabotage de l’école publique : la première gauche, c’est la gauche chevènementiste, la gauche souverainiste qui arrive au début des années 80. C’est une gauche qui elle aussi à sa manière va gommer la problématique des déterminismes sociaux en essayant de les fondre dans un grand tout souverainiste-républicain-laïcard qui est censé dépasser la question des inégalités sociales. C’est une école qui à travers ses contenus d’enseignements va décréter que tout ce qui permet une réconciliation nationale est beaucoup plus important que le fait de lutter contre les inégalités sociales. »
« Beaucoup de familles bourgeoises cultivées constatent qu’il y a des dysfonctionnements majeurs dans le fonctionnement de l’école publique. Leur réponse qui pourrait être de faire en sorte de militer pour que cessent ces dysfonctionnements est plutôt de dire : sauvons nos progénitures d’abord et avant tout [inscription dans les écoles privées] et ensuite on verra ce qui se passe. »
« Il y a une généralisation d’un idéal de quête du bonheur, d’un idéal très néolibéral - y compris dans la bourgeoisie intellectuelle cultivée qui continue de se prétendre de gauche - qui participe de la construction d’un néolibéralisme désirable. »
« Fuir l’Etat pour créer de l’alternative en se disant qu’on contribue à fabriquer un projet de société différent est une décision politique lourde qui va dans le sens des néolibéraux qui détruisent l’ensemble des services publics. »
« L’une des pistes de l’école publique c’est la prise de conscience que nous sommes toutes et tous responsables des enfants qui ont le plus besoin de nous. »