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Peut-on parler d’un but de la vie, et si oui quel est ce but ? Quelles sont les activités qui ont véritablement du sens ? Qu’est-ce que s’accomplir, se réaliser ? Le but de la vie est-il de se faire plaisir ? Autant de questions fondamentales qui ont été traitées par Aristote dans l’Ethique à Nicomaque, et je vous propre de voir la manière dont il les a abordées et les réponses qu’il y a apportées. Dans cette vidéo et celles qui vont la suivre, nous allons étudier l’Ethique à Nicomaque d’Aristote, en particulier le livre 1, qui présente une philosophie du bonheur, et pour les élèves de terminale, je signale qu’elle abordera également par endroit d’autres notions du programme, le devoir, la justice, la raison, la nature, le temps, la vérité et le langage. Dans cette vidéo, nous allons détailler deux étapes du raisonnement d’Aristote : dans un premier temps nous verrons qu’il faut que chacun d’entre nous rapporte ses actions à un but ultime, sans quoi toutes ces actions seraient vaines, deuxièmement nous verrons qu’il identifie ce but ultime avec la notion de bonheur, mais qu’il faut critiquer les conceptions courantes du bonheur, comme celles qui se focalisent sur la richesse ou le plaisir par exemple. Et dans la vidéo suivante, nous verrons qu’Aristote propose une conception du bonheur dont les termes clef sont les notions d’excellence (en grec « areté ») et la notion de « logos », qui signifie à la fois la pensée rationnelle mais aussi le langage.
l’Ethique à Nicomaque est un traité d’éthique au sens où il s’agit de déterminer comment mener sa vie, pour s’accomplir, pour se réaliser. Cela n’est pas du tout sans rapport avec l’éthique au sens plus courant pour nous, qui est une réflexion générale sur le bien et le mal, sur ce qu’il faut faire ou ne pas faire absolument parlant ; les deux approches sont malgré tout bien distinctes, comme on aura l’occasion de s’en rendre compte dans ce qui suit.
Le livre 1 de l’Ethique à Nicomaque s’ouvre sur un préambule dans lequel Aristote montre qu’il faut penser la vie humaine et nos différentes actions comme orientées vers une fin ultime. Toute action vise à réaliser un but, mais ce but n’est généralement pas une fin en soi, il est lui-même un moyen pour atteindre autre chose, cette chose est elle-même généralement un moyen également pour en atteindre une autre etc.
Les chaîne d’actions ne peuvent être composées simplement de moyens, il faut qu’elle s’arrête vers quelque chose qui est une fin en soi, une chose qui soit désirée pour elle-même ; si elle ne s’arrêtait pas, on se trouverait dans un cas de régression à l’infini, ce qui impliquerait que toute la chaîne serait absurde. Aristote écrit : il faut exclure « l’hypothèse que nous choisissons tout pour autre chose, car alors, évidemment, on irait à l’infini, jusqu’à rendre vide et vain le désir » (EN, I, 1 ; 1094a20) Il faut un but ultime, qui commande les autres buts, qu’on peut appeler des buts partiels, un but qui soit au sommet de toute la hiérarchie. On appelle cela traditionnellement le « souverain bien » (le mot « souverain » signifiant ce au-dessus de quoi il n’y a rien), ou le « but de la vie » ; aujourd’hui on parlerait également du « sens de la vie ». Richard Bodéüs écrit ainsi : « La question qui sert de tremplin à ce que nous appelons l’éthique aristotélicienne est en réalité celle de savoir que faire, de préférence, pour donner sens à la vie humaine » (p.26-27).
Aristote ajoute alors : « Est-ce que dès lors, pour l’existence, la connaissance de [ce but ultime] n’est-elle pas d’un grand poids ? Et, comme des archers, ne serions-nous pas, avec une cible, mieux en mesure d’atteindre ce qui convient ? » (EN, I, 1, 1094 a 22-24)
Bien que cette finalité ultime soit, comme nous allons le voir, naturellement recherche, initialement nous ne savons pas exactement en quoi elle peut consister, bien que nous le connaissions confusément.
Quel est le bien suprême ? « Sur son nom, en tout cas, la plupart des hommes sont pratiquement d'accord: c'est le bonheur [eudaimonia] […] tous assimilent le fait de bien vivre et de réussir au fait d'être heureux. Par contre, en ce qui concerne la nature du bonheur, on ne s'entend plus […]. Les uns identifient le bonheur à quelque chose d'apparent et de visible, comme le plaisir, la richesse ou l'honneur : pour les uns c'est une chose et pour les autres une autre chose ; souvent le même homme change d'avis à son sujet : malade, il place le bonheur dans la santé, et pauvre, il le place dans la richesse » (EN I, 2, 1095a17-25).
00:00 L’idée d’un but ultime de la vie
04:34 Connaître le but ultime
06:13 La richesse et la santé sont des moyens
07:07 Le plaisir. Critique de l’hédonisme
09:26 L’honneur
10:53 L’excellence (arétè)
13:39 Critique de l’identification bonheur/excellence
15:10 Conclusion