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Samedi 22 décembre 2018
Jamais elle n’aurait imaginé que ce serait si étrange de rentrer chez elle. Tandis qu’assise dans la voiture, elle se rapprochait du vieux domaine, elle avait l’impression de rajeunir de minute en minute et bientôt, elle ne fut plus une vieille dame aux cheveux grisonnants, mais une fillette aux nattes blondes et en jupe courte. Plus elle s’approchait du manoir, et plus elle se sentait heureuse. La plus grande agitation, bien sûr, aurait lieu aux environs de Noël. Le matin de la Sainte-Luce, la femme de chambre, toute vêtue de blanc, la tête ceinte d’une couronne de bougies, les réveillerait à cinq heures du matin en apportant le café, et ce jour-là signifierait que dans les deux semaines à venir, ils ne pourraient pas compter sur beaucoup de sommeil. Il faudrait brasser la bière de Noël, tremper la morue dans la soude, préparer les pâtisseries de Noël et nettoyer à fond la maison.
Cette « dame », qui rêve de ressusciter la magie de Noël, possède des pouvoirs singuliers : elle a le don d’écrire des contes, et d’y apparaître elle-même en tant que personnage. Elle s’appelle Selma Lagerlöf. Née en 1858, morte en 1940 à l’âge de 82 ans, elle est l’une des plus grandes romancières suédoises, et la première femme lauréate du Prix Nobel de littérature, en 1909.
Son histoire est déjà un conte de fées : enfant, elle souffre d’une paralysie des jambes, et grandit à la lecture de récits d’aventures que lui fait sa grand-mère. Un jour, elle guérit miraculeusement. Adulte, elle connaît un grand drame : son père, qu’elle a adulé toute son enfance, tombe malade et sombre dans l’alcoolisme ; sa mort entraîne la vente du domaine et la ruine de la famille.
En 1910, grâce au Prix Nobel, elle rachètera la maison de son père et fera à nouveau prospérer ses terres.
C’est en 1897, alors qu’elle est institutrice, que Selma Lagerlöf se voit confier, par le Ministre de l’Education, une tâche importante : écrire un livre à l’attention des enfants, afin de leur apprendre la géographie du pays. Pendant cinq ans, la romancière parcourt le territoire du Sud au Nord, et en rapporte les légendes qui lui inspireront son chef d’œuvre, Le Merveilleux Voyage de Nils Holgersson à travers la Suède, publié en 1908.
Ce soir, je vous invite à réveiller votre âme d’enfant, et à partir à la découverte de ces régions mythiques, en compagnie d’une autre grande dame, magnifique interprète dans Poussière de Lars Noren, mon amie et collègue de la Comédie-Française, Martine Chevallier.