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(Rencontres de la Médiathèque - 28 mai 2015)
Conférence de Louis-José Barbançon, Historien
"Caledoun", terre au milieu de l'océan Pacifique, terre d'exils, terre d'enracinements, terre d'avenirs. Terre d'une mémoire qui a refusé de mourir, malgré les souffrances, malgré la honte, malgré le mépris, malgré les silences du non-dit. L'histoire de Caledoun a débuté au XIXe siècle en deux points extrêmes du globe, dans les bouleversements engendrés par l'aventure coloniale française. Condamnés par les tribunaux d'Alger, de Constantine ou d'Oran, plus de 2000 hommes originaires en très grande majorité d'Algérie se sont retrouvés confrontés à l'enfer d'un bagne en Nouvelle-Calédonie. Libérés à la fin de leur peine, ces anciens forçats ont été souvent contraints à un exil sans retour, astreints à une résidence perpétuelle dans le cadre du projet colonial. Colonisés en Algérie, ils sont devenus colons au regard des autochtones kanak en s'enracinant sur des concessions rurales de l'Administration pénitentiaire. À la suite de mariages mixtes et en développant des stratégies de survie, s'est alors rapidement formée une communauté "arabe" sur l'île de "Caledoun". Celle-ci a prospéré malgré les difficultés du système colonial, entraînant dans bien des cas la perte des traditions et un oubli des origines liées à la rive sud de la Méditerranée. Composante à part entière de la société calédonienne, revendiquant leur culture et leur spécificité, les descendants des anciens forçats "arabes" sont aujourd'hui appelés avec le peuple kanak et les autres Calédoniens à la fondation d'une communauté de destin, dans le cadre d'un processus de décolonisation. Portés par leur volonté de retrouver leurs racines, ils sont les acteurs d'une expérience humaine inédite et passionnante, se forgeant une identité recomposée, nourrie des multiples apports culturels issus de l'histoire coloniale de la Nouvelle-Calédonie, désormais leur pays.