Les exportations : «Pourquoi vous vendez moins cher aux Américains ?»

Les exportations d’électricité sont un atout majeur pour l’économie québécoise. Mais, dans un contexte où on prévoit une forte hausse de la demande en énergie au Québec, est-il bien sage de continuer à signer des gros contrats pour exporter notre électricité chez nos voisins du sud? On en parle avec Lynn St-Laurent, porte-parole pour ce dossier, ainsi que Simon Bergevin, directeur principal -Transactions énergétiques et activités commerciales - Marché de gros. On a fait le point sur plusieurs sujets à propos desquels les internautes nous interpellent régulièrement. Pourquoi exporter? En quoi est-ce un atout pour le grand défi de la décarbonation? En quoi est-ce bon pour l’économie québécoise? Est-il vrai qu’on vend moins cher aux américains? Est-ce que nos exportations sont vendues à perte? Quelle est la différence entre les contrats d’exportation et le marché à court terme? Pourquoi y a-t-il tant de résistance de la part des lobbys du pétrole face aux projets d’exportation? Doit-on, en tant que société d’État, porter un jugement moral sur les croyances politiques des personnes habitant dans les territoires où nous exportons? Qui habite la résidence X sur la rue Y?

[@AntenneQC]

Si je fais un calcul rapide. 10,4 TWh pour 20 G$. Cela donne 1,92 ¢/kWh. C'est quand même un prix très bas, dans un marché où l'électricité se vend nettement plus cher...(le client final paye 42,7 ¢/kWh selon le site web d'H-Q), bien qu'on parle du prix de gros (excluant le transport et la distribution). Vous me ferez pas croire que les centrales thermiques et nucléaires de l'état de NY reçoivent un maigre 2 ¢/kWh pour leur production (non transportée et non distribuée). Si c'était le cas, ces centrales feraient faillite car elles ne couvriraient pas leur coût de production. J'irais même plus loin: combien H-Q paye pour l'électricité éolienne qu'elle achète aux producteurs éoliens privés ? J'ai lu des chiffres allant de 6,5 à 13 ¢/kWh dans un article de Gérald Fillion (Radio-Canada) et qu'on peut voir dans les contrats disponibles sur le site d'H-Q. Électricité achetée en gros et qui n'est pas encore transportée et distribuée. Une électricité qui n'est même pas pilotable en plus.... Si vous décidiez de la payer 2¢/kWh, les opérateurs d'éoliennes feraient faillite, c'est pour ça que vous avez signé avec eux des contrats à long terme avec des tarifs nettement plus élevés et qui font monter le prix de production, en plus de capter une partie des profits de l'entreprise pour les donner à des privés qui ainsi, ne prennent aucun risque (capitalisme de connivence). J'aime beaucoup H-Q, c'est un joyau du Québec, mais certaines décisions sont discutables, surtout dans un monde où l'énergie commence à manquer. Nous avons un avantage incroyable sur bien des pays, ne le dilapidons pas. Heureusement, ce 10 TWh, c'est moins de 5 % de la production annuelle, resterait à voir si c'est mieux pour les autres contrats d'exportation. Et c'est certain qu'on se reprend avec Churchill Falls....

[@hydroquebecvideo]

Rappelons qu’il est encore trop tôt pour confirmer les revenus potentiels de cette transaction, mais ceux-ci seront plus élevés que ce qui était entendu par la question lue dans l’épisode. Il faut faire attention de comparer des comparables. On ne peut pas comparer directement le prix du kWh vendu en grande quantité à un autre distributeur au prix du kWh vendu aux clients québécois, qui comprend quant à lui les coûts de distribution. C'est normal qu'un grand volume vendu à un distributeur revienne moins cher à l'unité. Lorsqu'Hydro-Québec livre de grandes quantités d’énergie à haute tension à un seul endroit (au Québec ou ailleurs), le prix de revient est plus bas que si nous livrons la même quantité d’énergie à basse tension dans des millions d’endroits différents (dans vos domiciles). Il s'agit en fait de la différence entre les prix de vente sur un marché de gros et ceux pratiqués pour les ventes au détail. Pour l’illustrer avec une comparaison : si vous êtes un distributeur de fruits et légumes et que vous achetez 10 000 tomates à un producteur, le prix à l'unité sera beaucoup moins élevé que le prix pour une seule tomate à l'épicerie près de chez vous. Le même principe s'applique pour le marché de l'électricité. Dans les faits, quand on compare le prix payé par les clients américains, lorsqu'on tient compte de tous les coûts (production + transport + distribution), ceux-ci payent beaucoup plus cher que les Québécois. Par exemple, à Boston, un consommateur va la payer 34 cents du kWh, alors que nous payons entre 7 et 8 cents ici. Ce qui fait en sorte que nous offrons quand même le tarif le moins cher en Amérique du Nord. Le développement de l’éolien au Québec est issu d’un décret gouvernemental. Hydro-Québec achète actuellement de l'électricité de source éolienne auprès d’une quarantaine de parcs appartenant à des producteurs indépendants. Cela représente une puissance installée de 3 906 MW. Pour fin de comparaison, la puissance installée du parc d’Hydro-Québec est de 37 248 MW. En 2020, 5,2% de la production d'électricité québécoise était de source éolienne. On ajoutera 3 000 MW d'énergie éolienne dans les années à venir. On constate avec bonheur que le prix de l’éolien devient très compétitif, comme nous avons pu le voir avec le projet Apuiat, dont le prix d’achat est d’environ 6 ¢/kWh. Rappelons que l’énergie disponible pour le marché québécois diminuera progressivement au cours des prochaines années et que l'énergie éolienne fait partie des solutions pour y répondre. Nos contrats d’exportation ont contribué au bénéfice net à hauteur de 865 M$.

[@AntenneQC]

@@hydroquebecvideo Malheureusement, l'argument des tomates (le même qui a été apporté dans la vidéo) ne répond pas à mon message. Je vais le dire autrement. Combien ça coûte du kWh pour transporter et distribuer l'électricité ? Quand même pas 32¢. Si la Con Edison vend son électricité à 34 ¢ du kWh au client final, c'est en bonne partie à cause du coût de production et de la loi de l'offre et de la demande sur le marché. H-Q transporte et distribue son électricité sur des milliers de km jusqu’à nos maisons et arrive à faire des profits en vendant le kWh à un prix assez bas, mais il il y a aussi un tarif d'abonnement fixe. Si le coût de production moyen au Québec est de 1 ou 2 ¢ du kWh, une fois le transport et la distribution ajoutée, on arrive quand même à un coût total en bas de 7 ¢, sinon, H-Q ne ferait aucun profit. Donc, transporter et distribuer n'est pas si cher même si ce n'est pas négligeable. Et pour en revenir aux tomates, vendues disons 2$ la livre.. le distributeur les a certainement payé bien moins cher, peut-être aussi peu que 70 ¢ la livre. Mais certainement pas 11 ¢ la livre, sinon, les producteurs ne seraient même plus capable de vivre. Or, ici, c'est un tel ratio dont il est question, 1/17 ème du prix, comme si le transport et la distribution représentaient 94 % des coûts. Évidemment que ce n'est pas le cas, et au final, c'est transformé en profits pour le distributeur US et ça va finir dans la poche des actionnaires en grande partie hors Québec. Si HQ fait 800 M$ en vendant de l'électricité à 2¢, on peut imaginer que les entreprises qui l'importent et le distribuent font au moins 10 fois ces profits. Mais heureusement, j'imagine que tous les contrats ne sont pas aussi désavantageux.

[@Egzoset]

Les amerloques ne constituent pas une clientèle captive. Est-ce que je gagne un prix Nobel?

[@hydroquebecvideo]

Non.

[@alexandreboudreault8866]

Ce qui est désolant c'est le tarif horaire par vue de votre vidéo.

[@hydroquebecvideo]

La vidéo est sortie lundi seulement et nous avons enregistré le tout sur nos heures régulières de travail. Mais merci d'avoir pris le temps de commenter.

[@lalatoyota]

Je trouve que c'est une très bonne initiative d'informer la population sur le fonctionnement d'une société d'état. Juste le temps que tu écrives ton commentaire, l'argent que ça a coûté pour produire ce vidéo a été produite par hydro.

[@HCkev]

Ce qui est désolant, c'est qu'on en soit rendu à avoir besoin de payer des gens pour debunker toute la désinformation, idées préconçues et raccourcis intellectuels qui circulent sur les réseaux sociaux.