Pourquoi faut-il un père ? 3/7 : Paternité et Nature : un lien essentiel

Pourquoi faut-il un père ? 3/7 :
"Paternité et Nature : un lien essentiel"
(par Florent Chaveton, professeur de philosophie et enseignant à l'IKW)
Bibliographie recommandée :
- Michel BOYANCÉ, "Hommes, femmes, entre identités et différences", Presses universitaires de l'IPC, Essai, 2013.
- Elsa DORLIN, "Sexe, genre et sexualités", PUF, 2008.
- Karol WOJTYLA, "Amour et responsabilité", Stock, 1985, pp. 204-216, 237-239.
- Karol WOJTYLA, "Rayonnement de la paternité", Éditions du Cerf, 2014.

[@chiarafrancesca8454]

Merci pour ces réflexions belles et construites, dont nous avons tant besoin !

[@charbelolender148]

Je ne sais pas si je trouverai ici une réponse... Mais qu'en est-il de la paternité adoptive si c'est par l'acte conjugal que se fonde la relation entre les parents et leur fils? Cf 6mn30-7mn

[@afcp-ikw]

Bonjour, Pardon d’avoir tardé à vous répondre. Dans le cas de l’adoption la relation entre l’enfant et les parents adoptifs ne peut pas être cet acte conjugal qui engendre et dont je parle dans mon propos. C’est ce qui fait toute la difficulté de l’adoption : un acte d’adoption ne peut pas effacer le drame de l’origine pour l’enfant et l’ombre de ce drame peut planer une vie durant pour l’enfant devenu adulte. Tous ceux qui sont liés par des relations familiales d’adoption connaissent les conséquences de ce drame de l’origine et des effets qu’il peut avoir dans ces relations. Disons-le donc clairement, l’acte d’adoption ne peut pas remplacer l’acte d’engendrement. Il est une réponse juridique et humaine à un drame terrible qui rend possible dans la société la création d’une nouvelle filiation. Néanmoins cette filiation est vraie. Il me semble que ce qui est dit dans la vidéo est éclairant pour bien comprendre la situation de l’enfant en attente d’adoption. Le drame de cet enfant ne tient pas uniquement dans le fait qu’il est trop jeune pour ne pas avoir de parents, et que sans eux il est complètement indigent et risque sa vie. Le drame tient dans le fait que n’ayant plus ses parents, il se trouve dans une situation où, bien qu’enfant, il n’est plus un fils ou une fille. Il est comme quelqu’un qui ne peut plus prétendre être appelé fils ou fille. Je ne crois pas, lorsque l’on a été épargné de ce drame, que l’on puisse se le représenter de façon adéquate. Ce drame est comme la déflagration d’une bombe dans les fondations même de l’existence. Il compromet gravement la possibilité, pour l’enfant, de faire l’expérience du sens de sa vie et de sa bonté. La vérité de l’adoption se tient précisément ici : on ne peut pas infliger à un être humain de ne jamais pouvoir être appelé « fils » ou « fille » et de ne jamais avoir personne à qui dire « papa » ou « maman ». Toutes les fois où les circonstances rendront cela possible, la loi doit favoriser la création d’une nouvelle filiation par adoption. L’enfant a un besoin existentiel urgent de retrouver des parents et un foyer. Ce qui légitime l’adoption, ce n’est pas la détresse humaine du couple qui ne peut pas avoir d’enfant, mais la détresse existentielle très grave dans laquelle se trouve l’enfant. Cette détresse est celle de retrouver une place de fils ou de fille. Ce qui deviendra le fondement de cette relation n’est pas l’acte conjugal qui a engendré l’enfant, puisque cet acte appartient à l’histoire d’un autre couple, mais c’est bien l’amour conjugal des parents. L’enfant doit entrer dans un foyer, c’est-à-dire un lieu où l’amour conjugal des parents brûle et rayonne déjà et qui devient, non par nature, mais par adoption un lieu de filiation. Si la filiation naturelle implique un amour conjugal constant et croissant des parents pour que les enfants vivent toujours dans la source même de l’amour qui est leur origine, et fassent toujours l’expérience de la bonté de leur vie à la lumière de cet amour conjugal, cela est encore plus vrai pour l’enfant adopté. Il n’est pas issu de l’union conjugale, mais son lien à ses nouveaux parents s’enracine dans cet amour conjugal. En toutes circonstances, il faut que cet amour soit grand pour que la dignité de l’enfant soit assumée et portée dans l’éducation jusqu’à l’âge adulte. Mais pour les parents adoptifs il faut un amour et une vertu héroïque pour assumer le drame de l’adoption et restaurer la dignité de l’enfant blessé dans la vie de leur foyer. Pour en venir au père, dans l’adoption sa paternité est toujours la même. L‘acte de filiation est celui de l’adoption, mais cela ne peut pas avoir de sens si le père ne continue pas à être ce principe sans lequel l’ordre de la vie conjugale et son vécu sont compromis. Si le père n’était plus ce principe, l’acte juridique d’adoption pourrait bien exister, mais l’agir qu’il implique serait sérieusement troublé. F. Chaveton

[@shalommvs]

Merci et bravo !