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Les sanctions massives prises à l’encontre de la Russie mettent le pays au ban de la communauté internationale.
Invité : Grégoire Mallard, directeur de recherche et professeur - IHEID Genève
Présentation : Cédrinne Vergain
Faire de la Russie un paria. Depuis le début de l'offensive en Ukraine, des sanctions sans précédent décidées par l'Union européenne, les Etats-Unis et leurs alliés mettent le pays au ban de la communauté internationale. Elles visent les entreprises, les banques, les oligarques et les proches du Kremlin. Une montée en puissance qui a placé la Russie au bord du défaut de paiement sur sa dette extérieure. En raison du gel de ses réserves à l'étranger, Moscou déclare n'avoir accès qu'à la moitié de ses avoirs en devises et en or estimés à plus de 600 milliards de dollars. Le rouble s'est effondré. De nombreuses multinationales étrangères ont aussi déserté le pays.
"Il est sûr que les sanctions directes contre des proches de Poutine, des représentants de la Douma (...) vont effectivement les affecter. (...) La sanction sur la Banque centrale russe, qui crée une très forte inflation en Russie, va affecter fortement les populations. Donc des effets, il y en aura", souligne dans l'émission Géopolitis Grégoire Mallard, professeur à l'Institut de hautes études internationales et du développement (IHEID) à Genève. "Maintenant, si l'effet voulu est d’arrêter l'invasion russe en Ukraine et amener un cessez-le-feu, on voit que pour le moment ce n'est pas le cas."
"Les sanctions doivent toujours être au service de la diplomatie, alignées sur des objectifs politiques", insiste le chercheur. Il met en garde contre "une démarche totalement moraliste, qui peut amener des tragédies."
- Tels des "pogroms antisémites", selon Poutine -
Dans sa dernière allocution au gouvernement russe, Vladimir Poutine fustige l'avalanche de sanctions qu'il qualifie de "blitzkrieg" économique, comparable aux "pogroms antisémites" des années 30. Visiblement déterminé à résister aux pressions occidentales, il a promis des aides financières à la population russe, particuliers comme entreprises, dénonçant une "stratégie consciente et à long terme" visant à "contenir et affaiblir" Moscou.
Dans ce contexte ukrainien, Grégoire Mallard pointe plusieurs écueils d'une escalade toujours plus forte des sanctions. "L'escalade jusqu'au-boutiste risque finalement de suggérer que l'Europe n'a pas clairement mis des lignes rouges, que les États-Unis n'ont pas mis clairement des objectifs de guerre réalistes. Et que finalement la seule option, c'est le changement de régime. Ce qui risque de ne pas arriver en Russie, tout comme ça n'est pas arrivé en Iran", estime-t-il.
L'arme des sanctions "comme fin en soi est aussi problématique, car cela sert de substitut à l'engagement armé", poursuit Grégoire Mallard. "Ces sanctions aujourd'hui répondent à une indignation morale des peuples européens ou américains vis-à-vis de ce qui se passe en Ukraine. Elles expriment aussi une forme de soulagement. Soulagement qu'il n'y ait pas d'intervention armée de l'OTAN sur le terrain ukrainien et que les sanctions s'y substituent finalement."
Au sommaire:
- La Russie face aux sanctions occidentales
- Grégoire Mallard: "Les sanctions doivent toujours être au service de la diplomatie"
- Entre la Chine et la Russie, le jeu d'équilibrisme de Pékin
- Grégoire Mallard: "Les sanctions contre la Russie se substituent à l'engagement armé"
- Poutine, ses adversaires et ses partisans
- En 2000, le Conseil de l’Europe sanctionne la Russie pour la guerre en Tchétchénie
#Russie #Ukraine #Poutine
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