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L'usine PSA de Sochaux, berceau historique de l'aventure Peugeot, est le miroir d'une industrie qui a révolutionné ses méthodes en quelques décennies. Concurrence, globalisation des marchés, objectifs de croissance et de rentabilité ont, au fil des ans, métamorphosé le travail dans cette usine où l'on a longtemps été embauché de père en fils.
Depuis plus d'un siècle, l'usine Peugeot de Sochaux fait et défait la vie économique de la région. Trois équipes se relaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre dans les ateliers pour produire 1 600 voitures par jour. En décembre 2008, la crise frappe de plein fouet le secteur automobile. A Sochaux, 800 contrats d'intérim ou CDD sont supprimés, ainsi que l'équipe de nuit. Lorsqu'au printemps le marché se redresse, l'usine a perdu plus de 1 milliard d'euros et ses dirigeants n'ont qu'un objectif : retrouver croissance et rentabilité.
Après avoir été les cobayes du taylorisme et du fordisme, après avoir vu les robots remplacer un certain nombre de leurs camarades aux postes les plus pénibles, les ouvriers doivent désormais se soumettre à une nouvelle doctrine, inventée par le concurrent japonais Toyota : le toyotisme. Comme le résume Alain Seften, délégué FO : « On fait tout pour que le salarié sur la ligne de montage soit un robot, ne se déplace plus et ait toutes les pièces nécessaires à proximité. » Autrement dit, la cadence de travail s'accélère, les postes sont réorganisés pour limiter les déplacements de l'ouvrier, leur taille est réduite pour faire tenir un maximum de matériel sur une surface minimale. Pour optimiser toujours plus leurs gestes, les travailleurs sont observés en permanence et on rogne sur chaque seconde. Par ailleurs, la concurrence fait maintenant son entrée sur les chaînes : les salaires sont individualisés, le recours aux intérimaires est systématique. L'ouvrier doit désormais être polyvalent, coopératif et adhérer à une charte l'engageant à honorer le groupe, dans et hors les murs de l'usine. Quant à la direction, elle annonce vouloir encore augmenter la productivité de 20 %...