Stefan Zweig - Les Yeux Du Frere Eternel (1922)

Conte philosophique et oriental, cette nouvelle formellement très réussie nous narre la trajectoire du noble Virata qui sut se déposséder de tout jusqu'à disparaître aux yeux des humains.
Successivement la foule le baptisera "l’Éclair du glaive", pour son habileté de stratège, "la Source de la justice", pour son équanimité et son impartialité, "le Cultivateur des conseils", pour sa sagesse et enfin "l’Étoile de la solitude" pour son ascétisme érémitique.
Virata, malgré ses avatars, ne trouvera la paix intérieure qu'en anéantissant son humanité : il finira, méprisé puis oublié, simple maître-chien dans le chenil royal. L'ataraxie a un prix.
Cette légende, en forme d'épure, apaise, tel un baume mais ranime également d'anciennes et lancinantes interrogations existentielles.
"Quand vint l'heure où le cœur se navre,
Et des fatals ciseaux,
Je mourus, comme les oiseaux,
Sans laisser de cadavre." P-J. Toulet