15:57 Gustav Mahler (1860-1911) "Titan", 1ère symphonie en ut majeur, 3ème mouvement (composée en 1888, remaniée à trois reprises jusqu'à sa version définitive en 1903). Ce troisième mouvement, sur les quatre que compte cette symphonie, est une lente marche funèbre en ré mineur directement bâti sur la version allemande de la chanson enfantine "Frère Jacques" ("Bruder Jakob"), composée par Jean-Philippe Rameau en 1811. Sur un mouvement de balancier lourd et sombre des timbales, la chanson, altérée par le mode mineur et préalablement exposée par un solo de contrebasse, se déploie lentement en une sorte de cortège funèbre. La mélodie s’amplifie, se répandant à tout l’orchestre. Soudain, un thème presque vulgaire (aux trompettes), issu des danses de cabarets (qui « ont scandalisé les auditeurs de l'époque »), est joué "Mit parodie" (avec parodie) par un petit orchestre, aux sonorités étranges : c'est la musique d'un mariage traditionnel juif (air qui, à son tour, inspira en 1965 la chanson "Les p'tits papiers" de Serge Gainsbourg). Cette alternance d’éléments graves et futiles scandalisa les premiers auditeurs peu habitués à cet amalgame de genres. Mahler indiqua que l’inspiration saisissante de ce morceau lui venait de la réminiscence d’une image du dessinateur autrichien Moritz von Schwind, familière à tous les enfants allemands et autrichiens, "L’Enterrement du chasseur" ("Wie die Tiere den Jäger begraben"), dans laquelle un cortège d’animaux aux attitudes faussement sombres portent à sa dernière demeure le chasseur, leur ennemi. Toute l’ironie de la scène se retrouve dans la marche funèbre provoquant de la sorte un effet effroyable. Soudain, surgit un thème (en sol majeur) provenant une nouvelle fois des chants du compagnon errant (4ème lied, "die zwei blauen Augen"). Ce bref épisode ramène alors la terrible marche funèbre et, dans sa suite, les danses avant qu’une dernière fois les rythmes de la marche s’éloignant dans le lointain ne referment le mouvement. Mahler aimait qualifier le mouvement de « marche funèbre à la manière de Callot », hommage au célèbre graveur populaire du XVIIème siècle, Jacques Callot (« La tentation de Saint-Antoine »). kzbin.info/www/bejne/r3zIimini56IhaM
@Elixear3 жыл бұрын
Emission du 19 août 1995.
@jf58992 жыл бұрын
Commentaire inutile
@Elixear2 жыл бұрын
@@jf5899 Fort heureusement, je ne l'ai pas écrit pour vous. Mais merci de votre empathie naturelle très agréable.