Awesome interview, I have really enjoyed it, so clarifying. Thanks for sharing it and to Sensei Guillaume 🙌🏼
@philippehavrez91626 жыл бұрын
Bonjour et très belle année 2019. Dommage sue deux français fassent une interview en anglais. Cordialement
@seidobudostudies6 жыл бұрын
La France ne représente que 20% de notre audience, et 25% du 'financement' de nos programmes de recherches (soit dit en passant, mis en ligne gratuitement et sans publicité). De plus, les sous-titres français arrivent dans quelques jours. Un travail, la encore, totalement bénévole.
@aikiirimi41796 жыл бұрын
Y'aura t'il les sous titres en français par la suite?
@seidobudostudies6 жыл бұрын
Dans quelques jours !
@aikiirimi41796 жыл бұрын
@@seidobudostudies merci beaucoup ! Malheureusement, mon niveau d'anglais ne me permet pas de comprendre!
@SRVGH346 жыл бұрын
Merci pour cet interview. S'il est honorable de questionner ses jugements et de douter de ses perceptions, il est parfois aussi négatif de le faire lorsque les constats sont factuels et clairs. Oui, il y a de moins en moins d'intensité et d'engagement dans la pratique, et non ce n'est pas dû à la génération de jeunes qui arrivent. Seulement les jeunes qui veulent s'investir physiquement à fond ne vont plus à l'Aïkido. La question est pourquoi? L'Aïkido évolue-t'il réellement aujourd'hui ou n'est-ce réellement que cosmétique? Je veux dire que sur le "core" c'est à dire les méthodes d'entraînement, par exemple, y a t'il eu des évolutions tenant compte de tout ce qui s'est passé dans le petit monde des arts martiaux récemment? Quelle est l'image perçue de la pratique dans le monde martial? Comment la hiérarchie à la japonaise qui vient avec le territoire pour employer un anglicisme, nuit-elle à la pratique, à son développement, au développement des pratiquants? Toutes questions qui sont malheureusement trop souvent taboues. D'autre part comment considérer sérieusement par référence à ce pratique Osawa Senseï qu'il ne s'agit pas de soumission plus ou moins librement consentie? Il ne s'agit pourtant bien de cela. C'est un tout un système de soumission doté de mécanismes de rétribution symbolique des plus complaisants et de sanction des déviants qui est mis en place. On peut l'accepter ou le refuser mais ne pas le qualifier comme tel me parait à tout le moins bizarre.
@seidobudostudies6 жыл бұрын
Merci pour votre commentaire. Trois choses m'interpellent dans ce commentaire, je vais donc vous faire une réponse assez complete. La première, c'est votre référence au "petit monde des arts martiaux". Guillaume et moi même sommes pratiquants au Japon depuis respectivement 10 et 14 ans. D'une part, ici, les arts martiaux, c'est plus de 2 millions de pratiquants... ça fait beaucoup pour un petit monde. D'autre part, nous ne sommes pas dans les petits papiers de ce qui se passe dans le "petit" monde des arts martiaux français. Non seulement nous avons en effet une vision éloignée et partielle de la situation qui nous interdit de l'aborder avec expertise, mais en plus nous avons d'autres sujets de réflexions prioritaires plus cohérents avec notre situation géographique/culturelle et l'expertise qu'elle nous apporte. Votre réflexion sur les jeunes est très ethnocentrée. Celle-ci n'est pas applicable dans beaucoup de pays de l'Europe de l'Est et en Asie (Japon compris). Cela répond donc fort probablement à votre question finale. Le second, c'est la question de la hiérarchie japonaise. Je pense que nous avons bien abordé ce sujet. Beaucoup d'enseignants ne l'appliquent pas. En réalité, je dirais même que la hiérarchie japonaise n'existe que dans très très peu de cas en France (majoritaire dans le groupe d'André Cognard je pense, un peu à la FFAB, quasiment inexistant à la FFAAA, pour caricaturer). Il serait intéressant de faire de véritables recherches sur le sujet, mais en l'absence de données fiables, tout ce que nous avons pu donner, c'est notre sentiment. À savoir que les "dérives" ne sont pas liées à la hiérarchie japonaise, mais totalement à la nature humaine des pratiquants. Et nous avons tout de même clairement établi que selon notre expérience, il semble y avoir plus de dérives dans l'Ouest qu'au Japon (il ne faut qu'un pas pour avant l'idée que c'est bien l'absence de hiérarchie à la japonaise qui engendre les abus... et pas l'inverse. Mais cela reste à prouver). Enfin, votre commentaire sur Osawa sensei et la question de la soumission. Je crains qu'il y ai méprise. Le rapport de soumission existe dans tout système de transmission de tradition. Que mai 68 ai brisé le rapport de soumission maitre/élève en France, et que ce mouvement ai tendance à se répandre dans l'Ouest ne suffit pas à qualifier de négatif son application dans d'autres cultures. Ce rapport maitre/élève, sempai/kohai existe dans nombre de systèmes de transmission (pas uniquement au Japon, dans l'ouest également) et a fait son office pendant des siècles. On peut vouloir le faire évoluer, cela se discute, notamment si l'on aborde le sujet du point de vue du "recrutement" (il devient difficile de recruter des pratiquants sérieux dans un système basé sur l'autorité lorsque la culture "mainstream" est le refus de l'autorité), mais du point de vue de la transmission, le système à fait ses preuves. J'ai également beaucoup de mal à comprendre les critiques qui d'un côté fustige le manque de martialité et de l'autre refuse la sanction. Connaissez-vous beaucoup de systèmes "martiaux" appliqués au monde réel où le système de soumission/sanction n'existe pas ? (Je parle de systèmes qui fonctionnent en situation, l'armée notamment). D'un côté, on va critiquer l'Aikikai pour son manque de sévérité/sérieux dans la formation, et de l'autre on va critiquer ses enseignants lorsqu'ils sont trop sévères et sanctionnent trop leurs élèves (point de vue totalement biaisé tant le système de soumission dans l'Aïkido est incomparablement plus léger que dans le Kendo, le Karatedo, le Judo... brefs quasiment tous les autres Budo). Quoi qu'il en soit, de ce que je connais de l'enseignant que vous citez, je ne vois pas de dérive inquiétante. Osawa sensei, que l'on aime ou non sa technique (pour le coup, ce n'est pas ma tasse de thé), est un excellent technicien, mais également un homme extrêmement intelligent qui sait comment former ses élèves proches. On peut surement lui reprocher - comme à quasiment tous les enseignants japonais - de mal enseigner en contexte de stage. Je suis d'ailleurs assez d'accord avec cela, mais je ne leur jetterais pas la pierre, compte tenu du fait qu'on leur demande de faire quelque chose qui n'est pas dans leur culture, pour lequel ils ne sont pas formés, pour lequel l'Aïkido n'est pas adapté (à mon avis) et surtout, en lequel beaucoup ne croient pas (leur méthode étant basée sur un suivi continu et un échange de type maitre/disciple). Par ailleurs, je connais nombre de ses élèves plus ou moins proche, dont Guillaume fait parti, et qui ne sont ni formatés à sa technique, ni soumis physiquement à sa pratique, ce qui tendrait à prouver que la méthode de formation qu'il propose fonctionne. Attention, je ne dis pas que tout est parfait. Il y a de la dérive dans tous les systèmes. Je dis simplement que la dérive en question est trop souvent considérée comme un problème majeur et qu'elle me semble être artificiellement enflée par la vision ethnocentrique des pratiquants occidentaux. Je ne dis pas non plus que seul le système japonais est le bon, au contraire. Il est peut-être préférable d'adapter ce système à l'occident, mais cela est alors le travail des maitres occidentaux et non pas celui des maitres japonais. Guillaume fait d'ailleurs très largement ce travail lorsqu'il enseigne hors du Japon. C'est, je pense, le message que nous avons tenté de faire passer dans cette discussion. Je conclurais en disant qu'il est évident que tout le monde subit ses biais cognitifs. L'effet Dunning Kruger de la part des pratiquants débutant et intermédiaire pose un gros problème qui doit être pris en compte par les enseignants (et qui se règle très bien par la soumission à son maitre d'ailleurs) d'un côté, et de l'autre côté, les biais de renforcements qui s'installent chez les pratiquants intermédiaires et avancés (enseignants compris) et qui sont largement renforcés par l'absence de compétition. Il appartient à chacun d'avoir la présence d'esprit de travailler sur ses propres biais et d'avoir la conscience de ceux de son enseignant, de tirer le meilleur des enseignements reçus, et éventuellement, de quitter un enseignant si cela s'avère nécessaire. Je me refuse à déresponsabiliser les pratiquants qui s'enferment dans leur propre logique en remettant la faute sur leurs enseignants. À l'exception des rares cas d'endoctrinement très jeune bien entendu, la responsabilité du pratiquant adulte est de se cultiver, d'apprendre, de se remettre en question et d'avancer ainsi sur la voie. Cela pour dire que la qualité des pratiquants me semble plus largement corrélée à leur capacité de réflexion et de remise en question qu'au nom de leur enseignant (tenant compte du biais qui vas pousser certains pratiquants fermés d'esprit à se rassembler autour du même enseignant, bien entendu...).
@SRVGH346 жыл бұрын
Je tiens à vous remercier très sincèrement d'avoir pris le temps de rédiger une réponse si argumentée et qui plus est dénuée d'agressivité ce qui n'est pas toujours le cas tant s'en faut lorsqu'on parle d'Aïkido sans tabous. Il est toujours très agréable d'échanger directement de cette manière. Le fait de communiquer par écran interposé ne dispense pas d'une certaine correction et d'une certaine courtoisie dont vous faites preuve ici et je vous en sais gré. Quelques remarques rapides sur vos développements : - Le terme « petit monde des arts martiaux » dans ma bouche n'était pas spécialement péjoratif en tout cas il n'avait pas consciemment cette signification. Je conçois parfaitement également le caractère limité géographiquement parlant de mes observations sur l'engagement des jeunes en Aïkido. J'ai toutefois réagi sur une remarque en ce sens de votre part que j'observe en France en effet. Je n'ai pas vraiment d'éléments factuels, mais mon sentiment est bien que l'Aïkido ne va pas très bien, qu'il vieillit et ne se renouvelle que trop peu. Je me trompe peut-être. - Sur le terme hiérarchie à la japonaise, j'ai certainement une connaissance directe très imparfaite et incomplète sur ce sujet ne vivant pas au Japon. Toutefois je me suis un peu documenté sur le sujet et je suis vos excellentes productions vidéo pour m'instruire. Une remarque en passant d'ailleurs, il est toujours difficile de critiquer un système dans lequel on est installé et reconnu, ce qui est probablement votre cas à tous les deux, mais je me trompe peut-être. Quand bien même vous êtes à n'en pas douter deux personnes honnêtes et dotée d'un esprit critique et scientifique affirmé, il est difficile d'être absolument libre dans un système à la japonaise, ou une critique trop radicale vous mettrait directement au ban de la communauté de l'Aïkido et partant rendrait beaucoup plus difficile votre vie personnelle et professionnelle. Il en est de même en France. Bref, que la hiérarchie à la japonaise ne soit pas totalement appliquée par les enseignants occidentaux, j'en conviens, mais beaucoup se sentent dans l'obligation d'en appliquer ce qu'il en ont compris. Faire de l'Aïkido à l'occidentale oblige dans une très large mesure même en France à accepter implicitement une verticalité dans rapports hiérarchiques et dans l'enseignement technique qui remonte jusqu'au Doshu et dont on ne dévie qu'à la marge. Une telle verticalité ne se retrouve pas dans les sports de combats occidentaux par exemple à ma connaissance, il y a ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. - Sur votre remarque qui met en parallèle martialité et système de soumission sanction, j'ai personnellement du mal à voir le rapport. Pour moi ce serait même plutôt un rapport inverse qui serait juste. Le système de transmission martial qui apprend à l'élève à se conformer, à se soumettre, à imiter, sous peine de sanction, un certain nombre de techniques et d'attitudes sans pouvoir s'approprier, habiter, ré-inventer, innover etc, ne fera certainement pas un homme accompli et encore moins un être capable de se défendre dans une situation nouvelle et chaotique. Comme dans l'éducation des enfants, le but est d'amener à l'autonomie et les sanctions si elle doivent exister doivent exister par confrontation à des formes de réel, pas dans l'idée de corriger, punir etc parce qu'on ne suit pas, parce qu'on s'est comporté de façon non conforme à la doxa de la pratique. - Sur Osawa Senseï il est drôle de noter que je n'ai aucun a priori négatif sur cet enseignant dont j'estime beaucoup ce que j'ai vu en démonstration. Il y a sans doute mille et une façons d'habiter le système de soumission propre à l'Aïkido à la japonaise et certaines sont certainement de nature à convenir à un certain nombre de personne et à les faire grandir pourquoi pas. Ce qu'il propose est certainement d'une grande qualité pédagogique et technique. - Sur l'effet Dunning Kruger, pour moi cet effet est beaucoup plus présent en Aïkido chez les gradés que chez les débutants et intermédiaires, mais vous le soulignez, Peut être d'ailleurs qu'un gradé en Aïkido est en réalité un parfait débutant en matière de gestion des confrontations violentes ;-). En effet, comme le disait Guillaume Erard, à mesure qu'il progresse en grade dans la discipline et devient Sempaï il est de fait, de moins en moins challengé, (ce qui est en général l'inverse en sports de combat d'ailleurs), pour autant que la pratique de l'Aïkido challenge réellement, ce qui reste à démontrer surtout si on compare le challenge en Aïkido à ce qui existe en Judo pour rester au Japon, et à ce qui existe en boxe ou en JJB pour en sortir. Très peu de personnes gardent alors la tête froide quand à leur réel savoir faire martial en situation, c'est à dire : suis-je capable ou plus capable qu'avant de me défendre en situation de crise ? Ou plus simplement, suis-je capable même en situation de combat rituel d'appliquer ma technique à quelqu'un qui n'y connaît rien ? Le haut gradé en Aïkido est d'une certaine manière idolâtré par ses partenaires, et s'il est challengé c'est qu'il le veut bien et à ses conditions, chose qui ne se retrouve pas ou moins ailleurs. Et pour ma part, responsabiliser les pratiquants me semble un raisonnement sophistique, (un peu du même ordre que celui qui consister à responsabiliser les pauvres, mais c'est un autre problème ;-), le tout dit sans acrimonie). Pour moi il vaut mieux s’intéresser au système de transmission et d'entraînement qui produit les comportements incriminés et celui de l'Aïkido n'est pas sans poser un certain nombre de problèmes à ce titre, mais je pense que vous en conviendrez. Bien à vous.
@seidobudostudies6 жыл бұрын
Concernant notre liberté de parole, je crois que nous faisons partie de ceux qui se permettent le plus de choses. Malgré cela, nous sommes toujours (relativement) les bienvenus, et notre travail reste, malgré tout, apprécié. Il y a une très bonne raison à cela: nous critiquons positivement et nous faisons évoluer les choses de l'intérieur. Je pense sincèrement que notre travail a contribué à l'évolution du système dans le bon sens. Mais nous jouons notre rôle, notre rôle d'étranger au Japon. Critiquer le système français (ou occidental) n'est pas notre rôle, c'est celui des gens qui sont dans ce système. Par ailleurs nous essayons de ne pas émettre de critiques éthnocentrées, parce que cela ne serait pas constructif. Concernant la hiérarchie et le principe de soumission, je suis désolé, mais c'est comme ça que fonctionne le système japonais traditionnel. Et il faut reconnaitre que dans les arts martiaux, le système de transmission se base sur l'effort constant et sur la sanction systématique en cas d'échec. Je ne peux que vous inviter à aller voir comment ça se passe en Kendo, en Judo, en Karate, etc. au Japon, et vous verrez que ce qui est proposé est bien souvent - du point de vue occidental - psychologiquement violent, parfois même dégradant. Il n'y a bien qu'en Aikido que l'on s'offense de prendre une claque parce qu'on est mal placé... En Judo, en Karate, en Kendo, si vous êtes mal placé lors d'un combat, la sanction est immédiate et sans pitié. Si vous manquez de respect à un Sempai ou à un enseignant, c'est pareil, sanction immédiate (allant des excuses à l'exclusion du dojo en passant par les corvées de nettoyages...) Bref, on commence d'abord par se soumettre et faire totale confiance à son enseignant, et c'est lorsque l'enseignant a terminé son travail de transmission que la liberté peut être acquise. Ça prend du temps, des décennies peut-être, et c'est bien là toute l'incompréhension qu'il y a de ce système. À tout vouloir trop vite, sans passer par les différentes étapes nécessaires à l'apprentissage, on se perd. Je pense par exemple aux pratiquants qui remettent en question la technique systématiquement, du haut de leurs quelques années d'Aïkido. Ces mêmes pratiquants qui vont picorer à droite à gauche, qui changent de groupe, d'école, de technique, voire même... vont chercher chez des enseignants qui ne pratiquent pas du tout l'Aïkido. Je comprends que l'on cherche la liberté dans la pratique et dans la vie. C'est ce que la société occidentale nous dit être le véritable accomplissement personnel. Je pense malheureusement qu'il y a méprise sur les systèmes traditionnels orientaux, car ces systèmes n'ont pas du tout la même manière d'aborder l'accomplissement personnel. Le concept de Shu-Ha-Ri explique bien cela: Obéir > digresser > Transcander. Pour avancer sur la voie, il faut d'abord apprendre les fondamentaux. Hors le temps d'apprentissage de ces fondamentaux étant très long, la plupart des pratiquants s'impatientent. Il y a sans aucun doute des problèmes de pédagogie. Mon opinion sur le sujet étant que pratiquer l'Aïkido d'enseignants très "libres" 7e ou 8e Dan, lorsqu'on est soit même premier ou deuxième Dan est une mauvaise chose. On n'imite pas Yasuno ou Endo sensei quand on est 2e dan, parce qu'on a pas les moyens techniques de le faire. Votre exemple sur l'éducation des enfants est intéressant et totalement ethnocentré. Au Japon, l'éducation se fait par la soumission au système avec sanctions systématiques au moindre écart. Si la sanction physique se fait de plus en plus rare, les sanctions en vigueur restent très fortes. Et ce système permet d'obtenir des adultes formatés à vivre dans la société japonaise. Il est démontré que la plupart des Japonais n'ont pas les armes psychologiques nécessaires pour vivre dans d'autres cultures, parce qu'ils n'ont pas été formés pour cela. Et lorsque je vois le nombre d'étrangers qui jettent l'éponge et finissent par hair la culture japonaise, je peux dire que l'inverse est vrai aussi. Attention, aucun jugement de valeur ici. Je dis simplement qu'il y a une véritable incompréhension entre le système oriental et le système occidental. Il n'appartient pas aux enseignants japonais d'adapter leur enseignant aux Occidentaux. Il appartient aux Occidentaux (comme Guillaume et moi par exemple) qui connaissent les deux systèmes de trouver des solutions pédagogiques pour adapter à leur audience. C'est d'ailleurs toute l'oeuvre de la vie de Christian Tissier. Qu'on aime ou pas ce qu'il propose, on ne peut pas lui reprocher de ne pas avoir fait son job d'enseignant occidental. Tout cela est relativement nouveau, et c'est maintenant à ses élèves de continuer ce travail. Une discussion récente avec Fabrice Croizé me rassure à ce sujet, il continue à faire avancer la pédagogie de l'enseignement qu'il propose, il a identifié ce qu'il considère comme des problèmes et travaille à les régler. Enfin, concernant l’effet Dunning Kruger, il s'applique par définition aux débutants et intermédiaire. Écoutez les réponses d'Okamoto, Tissier et Miyamoto sensei à notre question sur le Shuhari. Ces trois enseignants sont proches du niveau "maximal" de leur discipline, et pourtant chacun d'entre eux ne se considère pas au niveau du "Ri". Ils sont parfaitement conscients de l'immensité de ce qui leur échappe. À l'inverse, en posant cette question, Guillaume et moi avons prouvé être victimes de cet effet, en présupposant qu'à leur niveau, ils doivent tout savoir ou presque. Ce qu'il faut comprendre de ce passage d'interview est en fait plus lié à la question que nous avons posée qu'à la réponse qui nous a été apportée. Tous les Ce à quoi vous faites référence, c'est le biais de confirmation. Vous avez raison, c'est un biais extrêmement puissant en Aikido, d'autant plus puissant qu'il n'y a pas de compétition pour remettre les gens à leur place technique réelle. C'est une question à régler par la pédagogie. Je suis un chercheur, ce n'est pas vraiment mon travail. Guillaume est un enseignant, et c'est un travail qu'il fait. Les discussions que nous avons ensemble, ou avec des enseignants japonais ou étrangers ont aussi pour but d'évoluer et de trouver des solutions. Et à chaque fois que Guillaume et moi discutons, nous nous demandons si nous ne sommes pas victime, à nouveau, de ce biais. Et parfois, nous nous rendons compte que si, nous le sommes, et nous révisons notre jugement. En conclusion, je dirais que je pense que les choses changent, au Japon, comme à l'étranger. On a souvent l'impression que ça ne va pas assez vite, mais ça change. Je ne pense pas que le désamour pour l'Aïkido de beaucoup de gens soit vraiment dû à l'Aïkido en lui même. L'Aïkido est mieux qu'il n'était et il continuera à évoluer et à s'adapter à son époque et à son contexte. J'entends par là qu'au Japon, le but n'est pas du tout l'efficacité, car c'est hors contexte. En France, ça l'est un peu plus, et aux États unis, où l'efficacité à beaucoup plus de sens d'un point de vue culturel, beaucoup d'enseignants travaillent sur ce point. Il est vain de critiquer des enseignants d'autres cultures parce que leurs méthodes et leurs objectifs ne sont pas les nôtres. Ces enseignants font évoluer l'Aïkido dans un sens qui correspond aux besoins des pratiquants qui sont autour d'eux. Au sein d'une même culture, il y a aussi plusieurs groupes de gens qui recherchent des choses différentes. L'offre est large, il y a beaucoup d'enseignants et beaucoup de méthodes différentes. Et l'Aikido n'est peut-être pas fait pour tout le monde non plus. Certains vont s'épanouir au Judo, au Karate, ou même dans la danse, ou dans la boxe. Vouloir faire de l'Aïkido quelque chose d'universel est un bel idéal, mais il ne correspond pas à la réalité du monde dans lequel nous vivons. L'universalité de l'Aïkido se trouve probablement plus dans le fait que l'Aïkido est peu défini et qu'il est assez malléable pour être adapté. Faut-il encore que des gens fassent ce travail d'adaptation et apprennent à ne pas systématiquement taper sur ce qui ne correspond pas à leurs propres attentes personnelles.
@SRVGH346 жыл бұрын
@@seidobudostudies Même si je ne suis pas d'accord sur tout, cet échange me donne des éléments de réflexion intéressants. Merci.
@SuperRiceTea2 жыл бұрын
@@SRVGH34 : La hiérarchie et le principe de soumission"... Alors, au niveau biologique, ça se tient : les deux se tiennent en fait dans leur rôle fondamental de survie des espèces et des individus ; au niveau culturel (humains ou animaux), ça se tient également ; au niveau social, ça se tient aussi. (même chez les plantes). Y-a-t-il donc un seul domaine du vivant ou cela ne participe pas de la vie les hiérarchies et les soumissions ("soumissions" signifiant de facto les "dominations" bien entendu, et donc des... hiérarchies, formelles ou informelles, constantes ou éphémères) ? à vrai dire, ce sont juste les FORMES de hiérarchies et les FORMES de soumissions qui changent et dont on parle, mais rarement leurs essences : toute soumission ou domination en un temps "t" entraînant une forme hiérarchique en ce même temps "t". Même un punk anarchique ivre, ou à l'inverse un dictateur tyrannique sobre sont profondément englués dans de la hiérarchie et de la soumission (apparemment complètement différentes, il va de soi). Mais ces deux-là ne les captent pas, ou pas bien, ou pas complètement, ou pas telles qu'elles se forment en eux, et c'est tout. En occident c'est un peu la même chose : on ne captent pas bien les formes hiérarchiques et de soumission dans notre culture traditionnelle humaniste qui croit avoir résolu ce problème existentiel par de l'analytique froid mais souvent déconnecté de la réalité (chez nous trop souvent les mots remplacent les actes ou la réalité). Alors on juge les hiérarchies et les soumissions qui sont plus voyantes de manières... très acerbes, se croyant exempté de ces... anachronismes :"Nous, on a passé ce cap de l'humanité n'est-ce pas ?" -> "Veuillez cacher ce sein, Madame, qu'avec décence je ne saurais point voir !". Mais pourtant c'est beaucoup plus insidieux et pervers en occident qu'au Japon. Pourquoi ? Parce qu'au Japon les hiérarchies et les soumissions n'ont jamais été "évacuées" dans l'ordre des relations humaines en tant que tabou justement, mais utilisées en tant que progrès social et organisationnel commun ( -> chacun à sa place dans l'ascenseur karmique (et c'est plutôt en ce point qu'il y aurait historiquement à en redire : L'exemple de Fukushima ou les dérives ségrégationnistes des débuts de Corona au Japon faisant encore récemment de grosses taches noires affreuses sur ce magnifique ciel bleu, puisque dans ce système les sacrifiés font intégralement partie du lot !). Au contraire donc et au Japon (en orient en général, pourrait-on dire en fait), ces deux notions de hirérarchies et de soumissions sont devenues plurielles et gages de cohésions diverses et variés, entre autre communautaires et sociales. Et c'est cela qu'il faut comprendre. Il ne s'agit pas d'un modèle pour le monde en soi (même si c'était la volonté des militaires d'avant-guerre), il s'agit d'une des formes de ce fonctionnement universel que j'ai souligné, et qui a été, au Japon, plus ou moins défini d'une façon très libérale (au sens philosophique du terme s'entend -> générosité (à la japonaise, ce qui serait ici aussi à définir, car très différente de la notre : chrétienne à la base). "La hiérarchie et la soumission" au Japon est pensée et vécu comme un moyen de partage avant tout : du savoir, des idées, des techniques, etc.. et enfin : du pouvoir (Eh oui, et c'est son paradoxe : cette idées hiérarchique permet de partager le pouvoir !). On se méprendrait à voir et dire sur ces formes japonaise et leur pertinences sans en comprendre ce fond je crois, un fond qui correspond vraiment à une vision japonaise de l'utilisation du monde et des êtres humains (Oui : une utilisation, un utilitarisme à tous les niveau. Ce qui peut amener au pire, c'est vrai et ce qui montre bien la différence avec notre humanisme, bien que les résultats "négatifs" ou "horribles" ne soient pas flagrants d'un côté comme de l'autre en fait). c'est donc un système tout comme nous avons la nôtre, avec beaucoup de point s de similitudes mais de façon beaucoup moins claire pour l'occident qui cache bien son jeu sous ses travers de libertés individuelles (comme le soulignent ici, après C.T., Jordy et Guillaume). Quand à l'"exportation" en occident du système hiérarchique japonais, eh bien leur propos étant de rendre les hommes "humainement humains", comme aurait dit Friedrich, et le réussissant plutôt bien quand on en analyse les résultats sur le long terme en Aïkido par exemple, je ne vois pas en quoi cela serait un tant soi peu "déméritoire" ou anachronique à utiliser pour recentrer notre humanisme (faussement libéré) sur un peu plus de responsabilité, personnelle ou communautaire. À condition, bien entendu, et c'est là le piège énorme je le souligne encore ici (-> risque de la caricature délétère !), de ne pas en reproduire les défauts, mais d'en activer/sublilmer les qualités. Pardon pour la longueur de cet avis. Bien à vous. Olivier.
@jean-paulbudsik15716 жыл бұрын
L'Aikido est une voie complexe et à ce titre il n'y a pas un, mais des "Aikido". Erard fait un retour en arrière avec les formes des années 30. UESHIBA a parcouru de nombreuses strates pour nous livrer à la fin de sa vie une forme des plus pur et aussi des plus complexe de par sa sobriété et son efficacité. Comment un vieillard de plus de 80 ans maitrisait de jeunes hommes fougueux prêt à le soumettre... ; et pourtant du haut de ses 1,55 m et 50 kg il faisait mordre la poussière à ces arrogants et avec le sourire.. On m'a rapporté que ceux qui l'on connu ne comprenaient pas ce qu'il disait et vous, comprenez-vous ?!
@seidobudostudies6 жыл бұрын
Et bien, en ce qui me concerne, j'ai fait des études et des recherches sur les conférences de Ueshiba. Donc oui, je comprends surement mieux ce qu'il voulait dire que les jeunes de l'époque qui n'avaient aucun intérêt pour la religion. Par ailleurs, Ueshiba faisait 90kg pour 155 cm (selon ses propres dires dans une interview radio). Il a été décrit comme étant monstrueusement fort par nombre de ses contemporains. On est loin de l'image du petit japonais frêle qui pratique sans force. Enfin, en ce qui concerne "l'évolution" de l'Aikido... kzbin.info/www/bejne/j3TKl6Oglrhngsk Et surtout, cela: kzbin.info/www/bejne/hGGtgqVmiaipbLc Sachant qu'en 1935, Ueshiba enseignait toujours le Daito Ryu. D'une part, les formes des années 60 ne sont pas du tout déconnectées des formes des années 30. Et d'autre part, on n'apprend pas à courir avant d'avoir appris à marcher. Faire des recherches, ça sert aussi et surtout à avoir une vision plus juste que celle qui est donnée par John Stevens et autres romanciers.