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De quoi avez-vous peur ? Des catastrophes climatiques, des guerres, des épidémies, des grandes invasions ou de la peste ?
La peur structure nos sociétés. Elle crée un désordre et un chaos qui fragilise le tissu social et le menace, mais elle est aussi le moyen de créer un nouvel ordre. La stratégie de la menace coalise les forces et oriente les énergies pour rendre capable d’affronter un ennemi. Nombreux sont les penseurs à avoir pensé la peur : Machiavel et Hobbes notamment qui ont compris que celle-ci était au fondement des cités et des sociétés. Avoir peur permet de désigner un ennemi à combattre et donc de se structurer pour le vaincre.
Mais la peur est aussi une arme de guerre qui vise à subvertir et à déstabiliser. Les puissances ennemies savent créer de fausses peurs et de vraies rumeurs pour instiller le doute et désarçonner l’adversaire. Commencer par être vert de peur pour finir mort de peur permet de gagner sans combattre.
La peur s’inscrit dans des lieux et des monuments qui définissent des espaces maudits où il ne fait pas bon se rendre. Tchernobyl, le mur de Berlin, Oradour-sur-Glane sont quelques exemples de ces lieux de la peur qui sont aussi des lieux de mémoire. Ces lieux nous montrent les rapports complexes entre gouvernants et gouvernés : si le peuple se laisse aller à céder aux grandes peurs et aux rumeurs les plus folles, arrive aussi que les dirigeants aient peur du peuple et tente de camoufler ses rebuffades sous le nom de populisme.
Entre réalités, représentations et usages politiques, la peur est un véritable objet géopolitique. C’est l’objet de ce dossier de Conflits de tenter d’en expliquer les ressorts.
Vous retrouverez aussi vos chroniques habituelles ainsi qu’un article sur le rôle majeur joué par les semi-conducteurs dans la guerre technologique entre les États-Unis et la Chine, ainsi qu’une analyse du colonel Pierre Santoni sur la guerre en ville et une étude de la guerre civile par Olivier Battistini.