Le marxisme expliqué (AUDIO)

Le marxisme, c’est quoi ?
1. Philosophie de l’histoire
Chez Marx, l’histoire est bien écrite. Elle est logique. Elle a un sens. Elle a un destination. Elle déploie un mouvement nécessaire. C’est le scénario de la dialectique hégélienne. Marx est un grand élève du philosophe allemand Hegel. Et qu’est-ce que dit la dialectique hégélienne ? On n’accède à la conscience de soi-même, que par l’expérience du négatif.
Pour Hegel et pour Marx, l’histoire des hommes, c’est la même chose. Partout, on trouve ces mouvements thèse-antithèse-synthèse.Thèse : communautarisme des Grecs. Antithèse : individualisme des Romains. Synthèse : démocratie des Modernes.
Quel est le moment de la thèse chez Marx ? C’est le communisme asiatique. Il y avait pas de propriété privée, pas d’Etat, pas de police. L’espace est à tout le monde. Et puis, arrive l’antithèse. Déchirement de la communauté avec l’apparition de la lutte des classes. La lutte entre la classe des dominants et celle des dominés. Avec une première figure, l’opposition du dominus, le maître, et l’esclave.
Pour Hegel, l’évolution de l’histoire, c’est l’évolution des idées. Le communautarisme des Grecs devient individualisme des Romains. Le christianisme est battu par le rationalisme. C’est une histoire de ismes. C’est une histoire d’idées. Mais pour Marx, c’est pas les ismes qui font l’histoire. C’est pas les idées qui s’affrontent et se dépassent. C’est les gens et c’est les rapports de domination matérielle.
Passons au deuxième moment de la lutte des classes. On entre dans le Moyen Age. Avec une nouvelle figure. C’est plus le maître contre l’esclave, c’est le seigneur contre le serf. Le noble et le paysan.
Troisième moment, dit Marx, c’est les Temps Modernes. C’est le bourgeois contre l’ouvrier. Comment se passe la transition ? Les bourgeois sont des anciens serfs. Les dominants sont des anciens dominés. Marx et Engels expliquent dans le Manifeste du parti communiste que certains serfs au Moyen Age se sont enrichis. Jusqu’au jour où ils parviennent à renverser la vapeur. Et c’est la Révolution française.
La Révolution française, c’est pas ce qu’on nous raconte, l’avènement de la justice et de l’égalité. C’est juste le remplacement d’une classe dominante par une autre classe dominante. C’est le remplacement des nobles (des aristocrates) par les bourgeois. La Révolution française, c’est en fait le triomphe du capitalisme. Mais si vous avez bien suivi le mouvement hégélien, vous savez que ce monde-là, capitaliste, ne va pas perdurer. L’antithèse, la lutte des classes, va être dépassée par une synthèse, qui sera retour à l’origine. Une société communiste. Une société sans classes.
Voilà la grande prédiction marxiste. « La production capitaliste engendre elle-même sa propre négation avec la fatalité qui préside aux métamorphoses de la nature. » Le capitalisme va s’effondrer sous le poids de ses contradictions. La première, c’est l’idée que la concurence capitalsite fait des gagnants et des perdants. Soit vous absorbez le concurrent, soit mourir. On arrive à des monopoles. Et donc de moins en moins de riches, mais très riches, et de plus en plus de pauvres... Qui seront autant d’alliés pour la révolution. L’autre contradiction, c’est celle qu’on connaît aujourd’hui. La contradiction écologique, la croissance infinie dans un monde fini. Perspective de l’effondrement.
En tous les cas, ce qui va advenir pour Marx, c’est le retour à l’origine communiste. Dépassement de l’antithèse et donc synthèse. Fin de l’histoire. L’histoire commence et s’arrête avec la lutte des classes.
2. L’idéologie.
C’est le moyen privilégié de la classe dominante pour asservir les dominés. L’idéologie produit le consentement. Et même la joie d’être dominé. Le capitalisme aujourd’hui sait rendre joyeux les dominés. Il sait enrôler le désir. L’idéologie, nous dit Marx, c’est pas juste des discours. C’est tout ce qu’on appelle la culture.
La culture se présente elle-même comme un champ à part entière. Autonome de l’économie. Illusion. Illusion et hypocrisie de l’idéologie, dit Marx. La culture n’est jamais neutre. « Les pensées de la classe dominante sont aussi, à toutes les époques, les pensées domi¬nantes, autrement dit la classe qui est la puissance matérielle dominante de la société est aussi la puissance dominante spirituelle. »
Au Moyen Age, un roman de chevalerie va exalter la fidélité, le sacrifice de soi, la loyauté - soit exactement ce que recherche un seigneur chez ses subordonnés. La religion chrétienne, dit Marx, opium du peuple, dissuade aussi de la révolte. Car elle dit aux pauvres que la pauvreté est une vertu et qu’ils seront récompensés dans l’au-delà. Reste à ta place, dit le prêtre. Dans un monde capitaliste, on va exalter au contraire les gens qui se libèrent du poids de la tradition. On va aussi insister sur le mérite individuel. On va exalter le travail.