Séminaire S01E04 // Salaire à la personne ou revenu différé ? (B.Friot)

Séminaire « Révolution et contre-révolution dans l’institution du travail ».
Saison 2017-2018 : les droits économiques de la personne.
Séance 4 : « Salaire à la personne ou revenu différé ? Les enjeux de classes de l’indemnisation du chômage et de la pension de retraite », par Bernard Friot, sociologue et économiste, professeur émérite à l’université de Nanterre.
Nous avons vu lors de la troisième séance que :
1) Le diplôme comme droit de la personne n’est pas un enjeu de classe. Par contre, la classe dirigeante refuse catégoriquement que la qualification soit un attribut de la personne, car elle se réserve le monopole de la décision en matière de contribution à la production de valeur économique ;
2) Le salaire comme droit de la personne est une conquête révolutionnaire. Il n’est possible que si une dissociation est introduite entre la validation sociale du produit du travail et la rémunération des producteurs⋅ices, et si une socialisation de la valeur permet une allocation macro-économique du salaire.
Nous allons étudier, dans la quatrième séance, deux lieux particulièrement aigus du conflit auquel donne lieu le salaire comme qualification de la personne : l’indemnisation du chômage et la pension de retraite.
Séminaire mensuel avec 10 séances de 18h à 22h (exposé et discussion de 18h à 19h45, repas tiré du sac, atelier de 20h15 à 22h), libre participation aux frais Les séances suivantes auront lieu les lundi 6 novembre, 4 décembre 2017, 8 janvier, 5 février, 12 mars, 9 avril, 14 mai, 4 juin et 2 juillet 2018 aux mêmes horaires.

[@vynce3]

Magnifique démontage des méthodes des réformateurs, et une humilité qui n'a d'égale que l'intelligence de son analyse ! Ce grand Monsieur me redonne confiance en l'homme. Merci à vous ;-)

[@user-nu4sf8kc3x]

Trop bien !

[@22trigone51]

12:48 LUMINEUX

[@frdriiic]

Ou se passe ces séminaires? Il y a des dates mais pas de lieux.

[@KahBilly]

Serait-il possible de donner notre adresse mail pour recevoir le mail avec les docs et les infos avant les séances? J'ai creusé le site de Réseau Salariat sans rien trouver. On peut donner notre mail pour être informés quand on n'habite pas à Paris?

Vous pouvez contacter le groupe Grand-Paris par l'intermédiaire du site reseau-salariat.info afin de transmettre vos coordonnées

[@CD-kx7tj]

J'avais donné mon adresse mail mais... Pas pu venir le 8 janvier. N'hésitez pas à me renvoyer pour la prochaine séance (février) car je compte bien y être. Merci.pour tout et à tout bientôt Mes voeux de travail pour le bien commun humain "tous ensemble" :) Je vais renvoyer un mail au Réseau Salariat Grand Paris pour que vous l'ayez correctement orthographiée. A tout bientôt.

[@borisd9801]

Bonjour, Est-il possible de contacter Bernard Friot afin de lui poser directement quelques questions ? Je remercie par avance.

[@lemoinemichel5199]

Est-ce qu'on peut sérieusement parler de solidarité quand on revend des titres qu'on a acheté pour en dépenser le produit ? Dans ce sens, la solidarité entre celui qui cède ses titres et celui qui les achète n'est rien de plus qu'une forme de la dépendance mutuelle des êtres humains. Elle ne met en œuvre aucun engagement, elle n'est l'effet d'aucune obligation consentie.

[@lemoinemichel5199]

1:22:30 « Quand je dis que les retraités travaillent, c’est performatif comme affirmation » !!! Quel peut bien être le sens du mot performatif ici ? Certainement pas que l’énoncé réalise l’action par le fait même de son énonciation puisqu’il revendique en même temps une valeur de vérité que n’a pas un énoncé performatif. Il signifie seulement qu’il n’a pas d’autre référent que sa profération. Il s’auto déclare vrai sans avoir à argumenter !

[@lemoinemichel5199]

Il y a plusieurs façon de calculer le PIB d'un pays. Soit en additionnant les valeurs ajoutées, soit en partant de la demande et additionnant les revenus des salariés et l'investissement plus les exportations moins les importations. Soit enfin en additionnant les revenus des salariés et les profits réalisés par les entreprises. Les retraites ne figurent pas dans les valeurs ajoutées pas plus que les indemnités de chômage ou les allocations sociales. C'est la production marchande globale c'est-à-dire la richesse produite qu'il s'agit d'évaluer. Dans la première méthode on part de sa création (la valeur ajoutée) dans les autres on part de sa répartition. Mais bénéficier de la production (en avoir sa part) n'implique nullement qu'on travaille (la preuve en est qu'on peut avoir sa part sous la forme du profit - c'est en fait la plus grosse part). Cette méthode par la répartition (la demande) inclut les retraites mais n'implique pas que le retraité travaille seulement qu'il dépense (qu'il est un demandeur). Cette nécessité où se trouve B. Friot de soutenir que les retraités travaillent est la meilleure illustration de l'impasse où aboutit sa construction. Dans un débat une telle affirmation n'a aucune chance de passer. En revanche tout le monde peut comprendre le sens du mot solidarité et repérer ses évitements.. Chacun sait, par exemple, qu'il ne peut circuler sans trop de risque que dans la mesure où il peut s'attendre à ce que les autres respectent globalement le code de la route. Il le fait lui-même pour lui autant que pour les autres. Une société sans solidarité serait une jungle !

[@theofc5658]

Un retraité ne produit aucune valeur. La preuve, un vieux dans une maison de retraite complètement paralysé continue de recevoir sa retraite, ce qui invalide d'emblée sa théorie fumeuse du "si c'est dans le PIB, c'est qu'il y a du travail". Quand va t-il nous dire que le PDG travaille ? C'est effrayant sa façon de penser....

[@vvlaunay]

Ça dépend de ce qu’on appelle valeur c’est justement ce que dit Friot. Si les prolétaires s’emparent de la valeur ils peuvent décider qu’un vieux par le simple fait de son activité quelle qu’elle soit produit de la valeur, de la valeur sociale par exemple.

[@kevin_du_92]

@@vvlaunay Si chacun constate que papi regarde QPUC toute la journée pendant 10 ans, avant, hélas, de sombrer dans la sénilité pour 10 de plus, cela pendant que le Parlement décrète que papi produit une valeur équivalant à sa pension de retraite, le système économique et politique risque de ne pas tenir bien longtemps, cela dit.

[@vvlaunay]

@@kevin_du_92 Et si on leur donnait la possibilité de faire autre chose que de mourrir devant la TV ?

[@kevin_du_92]

Des tas de retraités font beaucoup de choses, ce n'est pas la question. Mon exemple est un cas théorique.

[@lemoinemichel5199]

« la solidarité intergénérationnelle suppose que la pension c’est du revenu différé, c’est-à-dire que les retraités sont des inactifs qui ne produisant plus de valeur ont le droit de récupérer la part de leur salaire qu’ils n’ont pas consommé quand ils étaient actifs… » !!!?? Eh bien non !! B. Friot vient tout juste de rappeler qu’il s’agissait de solidarité intergénérationnelle mais il dévie aussitôt pour faire dire à l’expression autre chose que ce qu’elle dit. Si je récupère un bien que j’ai confié, celui qui me le rend n’est pas solidaire. Il consent seulement à ne pas me spolier ! Ceux qui bénéficient d’une pension aujourd’hui sont ceux qui pendant leur période d’activité ont accepté de céder une partie de la valeur qu’ils ont contribué à créer pour subvenir aux besoins de ceux qui du fait de leur âge étaient alors inactifs. On est dans le cadre du devoir politico-moral, résultant de la prise de conscience de l'interdépendance sociale étroite existant entre les hommes ou dans des groupes humains, et qui incite les hommes à s'unir, à se porter entraide et assistance réciproque et à coopérer entre eux, en tant que membres d'un même corps social. En effet, la solidarité intergénérationnelle ne diffère pas des autres formes de solidarité qui lient les bien - portants aux malades, les valides aux invalides, ceux qui ont été épargnés par une catastrophe et victimes, ou les hommes aux femmes (et vis-versa) etc. J'ai dit qu'avec la solidarité on est dans le cadre d'un devoir politico-moral. Mais il est clair que c'est à cela que résiste toute la classe dominante. Une classe exploiteuse, qui consomme plus qu'elle ne produit, n'est par là-même pas solidaire. Elle refuse la solidarité sociale et est prêtre à tordre les choses dans tous les sens pourvu que cela la dispense d'un devoir de solidarité : salaire différé, salaire continué (dont Friot nous dit qu'il fut inventé sous le second empire), liquidation d'une épargne, fonds de pension etc.. tout ce qu'on voudra sauf la solidarité comme devoir politico-moral, comme base d'une société véritablement humaine.

[@kaizorro03]

Lemoine Michel consommer plus que ce que l'on produit n'est pas qu'un défaut de solidarité mais une véritable prédation. Je comprends cela dit vos réserves et vous remercie d'enrichir la liste des critiques possibles à cette réflexion du salaire continué.

[@Dummy257]

Soumettre l'organisation de la société à la "morale", c'est laisser la porte ouverte au "politiquement incorrects" qui se foutent des "losers" et des "ratés" et se tirent dans les paradis fiscaux. C'est pas en disant "c'est pas gentil" qu'on organise une société décente.

[@chklakla4679]

Ce que Friot distingue c'est la logique capitaliste des caisses complémentaires et la logique communiste du régime général. Dans le " revenu différé" des caisses complémentaires en répartition, c'est le cumul du nombre de trimestres cotisés qui détermine le montant de la pension, celle-ci est une contrepartie. Tandis que dans le régime général, c'est un pourcentage du meilleur salaire indifférent au nombre d'années cotisées, la pension est ici un salaire continué. D'autre part, Friot explique bien que défendre notre système social sur le fondement d'une "solidarité inter-générationnelle" ruine le processus de lutte des classes porteur d'une révolution communiste. Le véritable enjeu défendu derrière l'idée de voir le retraité comme un travailleur "producteur de valeur économique", consiste à sortir des pans entiers de personnes des catégories sociales (retraités, parents, étudiants ...) du marché de l'emploi en les reconnaissant comme acteur de la valeur économique. Pouvoir dire qu'un travailleur reçoit un salaire lié à sa personne, pouvoir décider "ce qui vaut", pouvoir déterminer une échelle des salaires allant de 1 à 3 toutes ces conventions sociales sont essentielles dans le modèle communiste défendu par Friot. Il s'agit encore une fois de conventions sociales. La solidarité " politico-moral" que vous décrivez comme un sujet d'affrontement avec la classe dirigeante aboutira évidemment au revenu de base (que la classe dirigeante présentera comme une concession), mais elle est surtout insuffisante pour prendre le pouvoir économique sur les institutions du travail.