Je ne connais pas assez Wittgenstein pour en déduire ni que Jacques Bouveresse a raison ni qu'il a tort en contestant la notion d'intériorité: celle du vécu subjectif, qui semble pourtant nous constituer, en fait, et plutôt correspondre à ce que NOUS SOMMES, plutôt qu'à servir à réfuter la notion d'incertitude au sujet de celle d'autrui.. Je voudrais donc juste faire remarquer que Monsieur Bouveresse, quand il parle, sait bien, j'ose le supposer, qu'il est lui, lui et pas quelqu'un d'autre, ni Jean, ni Pierre ni d'ailleurs aucun autre être. Lesquels ont tous un ressenti analogue, du moins les êtres humains, capables de conscience réflexive. Ce dont, s'il est difficile d'en rendre compte par une explication analytique (impliquant ou non le rôle du langage), n'en est pas moins plus difficile encore à contester. Dès lors, à quoi donc tend ce genre de discours, qui paraît du reste assez nébuleux au profane que j'avoue être? A saper implicitement l'éventualité même de l'option dite "idéaliste" en philosophie, et à poser celle dite du "réalisme" comme seule envisageable? L'intersubjectivité étant encore une donnée dont il s'agit de rendre compte, mais qui en tout état de cause existe, bien entendu. Je n'en sais trop rien, cet extrait me semblant assez peu explicite à cet égard, alors que le livre de Monsieur Bouveresse intitulé "Le mythe de l'intériorité" est très gros. Quoi qu'il en soit, si le solipsisme par exemple est bel et bien une position absurde et même dépourvue de cohérence, cela ne signifie peut-être pas que le monde dit "extérieur" existe "en soi", sans qu'une saisie par la conscience joue le moindre rôle constitutif de sa réalité. Même si le "Je" transcendantal tel que le conçoit Kant par exemple ne peut être défini autrement qu'à travers sa fonction, en l'occurrence cognitive, et ne saurait en tout état de cause être assimilé à une forme quelconque d'"âme", objectivée voire "réifiée" (considérée comme une "substance")...