Un sujet passionnant et une question essentielle. Mais beaucoup seront sans doute déçus du résultat. Le problème ? M. Didier Pourquery, qui aurait dû diriger le débat, ne l’a pas fait. On aurait dû demander aux intervenants de s’accorder sur la définition de « vérité scientifique »pour espérer avoir une réponse collégiale à la question. Hélas, sans cette unité de départ, chacun est parti dans son domaine avec ses propres définitions… On apprend tout de même des choses très intéressantes : l’incroyable complexité biologique qui crée une crise de la reproductibilité en laboratoire et donc de l’autorité du protocole expérimental, la nécessaire collégialité, le temps laissé à la controverse, l’idée d’une « vérité évolutive » ou de « vérités organisées » avec l’exemple de la traduction où il n’existe pas une bonne traduction mais des bonnes traductions. Tout cela illustre bien le travail de fourmi qu’est la recherche scientifique… Mais on peut regretter que ces scientifiques n’aient pas osé avouer toutes les faiblesses de leurs disciplines et de leurs méthodes qui les éloignent finalement toujours de la vérité (dans son sens de « qualité de ce qui exprime pleinement la réalité des choses ») : le grand nombre de postulats arbitraires dont a besoin la raison pour raisonner, l’ampleur toujours sous-estimée de notre ignorance, l’influence de nos façons de penser sur la formulation des hypothèses, le protocole expérimental et l’interprétation des résultats. Est-ce par crainte de montrer le flanc à l’ennemi ? Une soirée gâchée par le vaniteux Maurice Godelier qui ne répondait pas aux questions, préférant visiblement s’écouter parler et ridiculiser le christianisme par des arguments d’une bassesse intellectuelle sans nom. C’était tout de même savoureux d’entendre ce marxiste des années 1970’ nous mettre en garde sur l’influence des idéologies dans les sciences. Pour l’avoir répété plusieurs fois, je pense qu’il tenait vraiment à ce que toute la salle entende bien qu’il avait travaillé avec Lévi-Strauss. Le pauvre homme... En fin de compte, vive la science et vive l’humilité !
@h.g.darnoncourt53194 жыл бұрын
J'ai entendu dans ces discours autour de la vérité scientifique tout à fait autre chose que vous. J'y ai même entendu l'exact opposé de vos analyses. Loin de plonger comme vous dans la déception, j'ai considéré que les approches très diversifiées de la vérité scientifique qui se sont manifestées ici témoignent justement de la plasticité du concept-même de vérité en sciences. Il suffit de se plonger dans les lectures d'Aristote, de Kant, de Popper, de Kuhn, de Feyerabend, de Latour pour considérer toute la difficulté d'établir une définition close (peut-être comme vous l'attendiez, peut-être comme vous vous l'êtes déjà formée vous-même) de la vérité en science. Je pense, à l'inverse de votre jugement à l'emporte-pièce que Maurice Godelier, a été le plus pertinent des quatre dans ce patchwork d'exposés. Le plus original d'abord : il a exposé clairement qu'une grande partie de l'humanité a vécu durant des centaines de milliers d'années sans aucune nécessité d'avoir à produire la moindre vérité scientifique. Il a rappelé que la vérité des sociétés humaines a consisté en un ensemble de croyances diverses et variées mais toujours sous le paradigme d'un invariant structurel. Les anthropologues, comme les philosophes fouillent à mon sens dans les profondeurs humaines bien plus que leurs collègues des sciences dures. Il s'est manifesté dans ces quatre discours tout l'abîme qui sépare aujourd'hui sciences positives et sciences spéculatives. Maurice Godelier, comme Barbara Cassin, ont voulu ouvrir ici la notion de vérité scientifique que les prophètes postmodernes de la technoscience, au pouvoir désormais, voudraient circonscrire à un protocole hypothético-déductif terriblement réducteur. Derrière votre agacement devant un marxisme dont il ne fait d'ailleurs ici aucune mention explicite, derrière ce même agacement à juger hâtivement sa joie de rappeler la fréquentation d'un homme et d'un chercheur d'exception en la personne de Claude Levi-Strauss, Maurice Godelier a peut-être simplement voulu interroger au plus profond le concept dominant de vérité scientifique, cette vérité-là bien tentée dans son emballement devenu folie, d'anéantir tout autre champ qui lui résisterait dans la définition de l'humanité qui l'a pourtant produite.
@gabrielaurore264210 ай бұрын
Des transgressions prometteuses ? MERCI.
@michelluc8829 Жыл бұрын
Il est regrettable que le panel n'est pas comporté un épistémologiste pour traiter l'aspect philosophique de la vérité scientifique.
@Annabelledelrio9 ай бұрын
... n'ait. Quand on écrit en français. Couinard.
@michelluc88299 ай бұрын
@@Annabelledelrio faute d'inattention qui ne vous donne pas le droit d'être impoli, et ne ne rend pas ma remarque moins pertinente, Imre Lakatos a traité cette question en profondeur et c'est pourquoi il est regrettable qu'aucun épistémologiste n'ait été invité.
@mastersceer21456 жыл бұрын
Tout le monde aura noté qu'Alain Fuchs n'est pas dans la vidéo mais que Jean Jouzel y est ...