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"Quand j’ai un échec, Bertrand ne vient pas me voir tout de suite. Il sait que pendant dix minutes je vais être au bout de ma vie, mais qu'ensuite ça sera reparti. C’est encore plus vrai pour un décathlonien qui enchaîne les épreuves parce qu’après un échec il faut savoir passer à autre chose sans que l’échec d’avant influe sur la performance de l’épreuve d’après sinon c’est un cercle vicieux. Clairement, la perche c’est quelque chose de compliqué. J’avais ce grain de sel en ce moment où dès que je partais avec ma perche je me voyais tomber, chuter, prendre la perche dans le front… Dès qu’il y a le doute c’est horrible, j’ai déjà vu des perchistes arrêter à cause de ce doute. Franchement ces derniers quatre jours, j’ai eu du mal à dormir à cause de la perche. J’ai fait une séance de perche avec un spécialiste la semaine dernière qui m’a dit : “tu te vois comme ça, ok il n’y a pas de soucis. Maintenant imagine que le saut c’est un tunnel, tu ne vas rien voir pendant le saut mais il faut y aller peu importe ce qu’il se passe.” À un moment donné, il faut aussi marcher sur tes doutes. Et hier j’ai marché sur mes doutes, parce que je ne me voyais pas piquer mais j’ai quand même piqué. J’ai ordonné à mes bras de se lever même si je sentais que j’allais me prendre un énorme refus. Moins je vais piquer, plus je vais avoir peur. Mais ça ne veut pas dire que quand j’ai piqué la première fois je n’avais plus peur, c’est-à-dire que ça repartait dans le côté positif où j’allais me voir de plus en plus sauter, jusqu’à la fin où j’ai pris des plus grosses perches et je me voyais sauter sans soucis.
Nous sommes tous pareils, mais il y a le temps de rebondissement en fait, c’est à dire qu’il y a des gens qui vont avoir un échec et qui vont rebondir au bout d’une minute, et il y a des gens qui vont avoir un échec et qui vont rebondir au bout de dix ans. La persévérance c’est rebondir le plus vite possible. “
Kevin MAYER, mai 2019
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