[POD#3] Pression, compétition, désillusion : comment ne pas sombrer en classes préparatoires ?

[@fredericmazoit1441]

Pour résumer en une phrase tout ce podcast (là, je suis évidemment crédible). Il faut savoir pourquoi on fait des études. Si on fait des études pour faire plaisir à quelqu'un, alors l'avis de cette personne est important. Si le but, ce sont les concours, alors tout ce qui ne va pas dans le sens des concours na aucune utilité. En ce qui me concerne, j'ai eu l'immense chance de ne pas aller en CPGE pour les concours. J'y suis allé pour apprendre. J'étais curieux et à partir du moment où j'apprenais quelque chose, j'étais content. Les notes n'ont jamais été importante parce que même si je me plantais, j'étais capable de voir ce que j'avais appris. Les interrogateurs … de merde, je n'en ai jamais eu rien à faire. À part m'apprendre qu'il y a aussi des frustrés parmi eux, il ne m'apportaient rien. Ça m'a aussi aidé à trier. À un moment, je me suis rendu compte que mon niveau en calcul était mauvais et m'empêchait de progresser. J'ai donc passé des heures à faire des calculs « à la con ». Et à d'autres moment, j'ai passé des heures à essayer de réellement comprendre des concepts mathématique. Au passage, je n'ai JAMAIS préparé une seule khôlle. Pour moi, ça n'avait aucun intérêt. Et c'est cette curiosité qui a fait que je me suis inscrit au concours des ENS. Je voulais savoir ce que ça faisait de plancher pendant 6 heures sur une épreuve de maths vraiment difficile. J'étais convaincu que je ne ferais quasiment rien mais, à la limite, c'était le but. Je voulais apprendre et mesurer la différence entre moi et « ces gens là » Et, et c'est sans doute une grosse limitation de mon expérience, j'ai appris que je pouvais faire parti de « ces gens là ».

[@oljenmaths]

Merci infiniment pour ce très chouette partage, que j'épingle tel quel 🙏🏻!

[@urluberlu2757]

Bien le bonsoir! Merci! J'ai eu énormément de problèmes liés à la perte de mes moyens, dès qu'il y avait un enjeu (et ça a eu des conséquences... Certains prof se rendaient heureusement compte qu'il y avait bel et bien là un problème émotionnel, et non pas du "je m'en foutisme"). Je ne suis plus étudiant, mais le problème persiste. C'est aussi le cas lorsque je me fais agresser verbalement. Voilà des conseils que je n'ai encore jamais entendu formulés de cette manière, très claire, très pertinente et qui vont nécessairement m'aider à moins subir mes émotions dans ces cas-là🙏

[@oljenmaths]

Bonsoir et merci pour ce commentaire 🙏🏻! Je n'ai pas été confronté directement à de tels problèmes, mais je n'ai pu m'empêcher de repenser à la demoiselle qui était dans mon trinôme de colle en première année, et qui prenait son petit cachet d'anxiolytiques avant chaque colle pour tenir le coup… Cela me rendait très triste…

[@nicolas_chess]

Bonjour, format toujours aussi agréable à écouter ! Entendre parler de colleur tyrannique me crispe toujours, étant moi-même devenu colleur (je suis encore étudiant en parallèle) mon but n°1 c'est d'aider l'élève à comprendre, s'il s'est noyé dans les connaissances de la semaine je vais revenir à la base, chercher à lui faire comprendre certaines propriétés/définitions/méthodes via des questions guidées, certainement pas l'enfoncer. Dans cette optique je n'ai d'ailleurs jamais été capable de donner moins de 9/20 à un élève tant j'essaie de lui tendre une multitude de perches pour l'aider et qu'il reste motivé à travailler. Je me dit même que j'ai le défaut inverse d'être trop bienveillant. C'est sans doute lié à mon faible écart d'âge (entre 2 et 3 ans) avec les élèves mais j'ai l'impression d'être infiniment plus utile à un élève en difficulté si on a revu ensemble des fondamentaux et qu'il ressort en me remerciant car il n'avait jamais compris cela auparavant plutôt que de l'avoir laissé coulé sur un exercice dont il ne comprend pas les intentions.

[@oljenmaths]

Bonjour Nicolas ! Merci pour ce chouette partage 😁. Si tous les colleurs vous ressemblaient, une partie de cette émission n'aurait même pas vu le jour… mais « avec des si… », comme disait l'autre…

[@etistyle96]

incroyable cette vidéo. je sens le vent des avalanches souffler très fort.

[@oljenmaths]

Winter is coming ☃️!

[@medematiques]

24:33 Je crois que ce qui joue beaucoup sur cette construction identitaire basée sur les notes, c'est le regard des adultes. D'une part le regard du prof. Bien sûr qu'avec ta bienveillance légendaire, tes étudiants n'avaient sans doute pas peur de ton regard le lendemain d'une khôlle catastrophique, lorsque tu te présentais devant eux à 8h avec les comptes-rendus de khôlles dans la main que tu venais de lire en salle des profs quelques minutes plus tôt. Mais quid des profs malveillants, bourrés d'égo jusqu'à la pointe de leurs cheveux, n'enseignant que pour prouver à eux-mêmes qu'ils ont mieux réussi leur vie que leurs collègues du secondaire (je cite les mots de mon prof de 1ère année) ? Quid de ceux qui ne sont pas là par passion, mais simplement parce que la fiche salariale et leur emploi du temps leur font scintiller les pupilles dans une vision de congé payé éternel ? Je fabule ? Je ne crois pas. Ces profs-là, je les ai eu en maths sur mes 2 ans de CPGE, et crois-moi que quand l'un te demande à 8h devant toute la classe : "Avant de commencer le cours, Médéric viens avec moi dans le couloir il faut qu'on discute, je ne suis vraiment pas content !", ou qu'un autre te sort aussi devant toute la classe "Médéric il faut écouter la maitresse, parce que la colleuse d'hier soir me fait comprendre par ta note (12/20) que tu n'écoutes pas beaucoup la maitresse.", tu espères juste ramener des notes supérieures à 14 à chaque séance. En fait, on rejoint un peu ton dernier podcast sur "Pourquoi devenir prof ?" ; répondre à cette question permettrait aussi aux étudiants de s'épanouir sans avoir l'impression permanente d'être des sous-m3rdes et sans être humiliés quasi quotidiennement comme j'ai pu l'être à plusieurs reprises. Aujourd'hui j'en rigole, mes humiliations publiques sont devenues des memes et private jokes avec mes potes de prépa... Mais sur le coup, ça fait drôle. D'autre part, le regard de tes parents. Comment expliques-tu à ton daron qui n'a pas eu son bac, et qui mise tous les espoirs de réussite de la famille sur ton dos, que 12/20 en prépa est une bonne note ? Presque personne ne connait la prépa avant la classe de Première, et les parents nés avant 1980, qui ne connaissent pas ce système si peu démocratisé à leur époque, peuvent difficilement concevoir qu'un parcours parallèle à la fac soit aussi exigent. Je ne compte pas le nombre de fois que j'ai dû justifier à mon père que le 13/20 que j'avais eu en khôlle le soir, c'était pas si mal... Edit : bon bah je me rends compte que tu traites la question de l'humiliation juste après haha 😆 Et pour le coup, j'ai choisi la solution "riposter" jusqu'à ma première (et unique) exclusion de cours de toute ma scolarité (j'avais organisé une sorte de "grève" en jouant à "Devine-tête" avec une pote au fond de la classe PTDR). J'ai ensuite choisi la solution de l'ignorance pour finir mon année, assis confortablement sur une chaise. 😂

[@oljenmaths]

Nous avons longuement échangé par messages audio suite à ce commentaire, donc je n'ai plus grand chose à écrire ici, mais je vais quand même souligner deux petits points, sans trop développer. 🔸Le regard des adultes, ou plus précisément, des personnes à qui l'on octroie sur nous une quelconque autorité, joue effectivement un rôle majeur dans ce que nous vivons. 🔸La solution de la « riposte » est tout à fait valide. J'ai accentué mon discours sur le fait de laisser rebondir à des fins de conservation d'énergie, mais il convient aussi de savoir tenir tête lorsque cela s'impose. D'adulte à adulte, je n'y vois absolument aucun problème, au contraire ! Je mets enfin ici, en lien, la discussion que j'ai eue avec Hugo, qui était dernier de ma classe de mathématiques toute l'année, et dont j'apprécie particulièrement l'état d'esprit : kzbin.info/www/bejne/fZfLgpljosSte7Msi=rP0w71UgO_0CcriG .

[@marinacb73]

Merci pour cette magnifique vidéo !

[@oljenmaths]

Au plaisir 😇!

[@robinteychene5851]

Que penses tu du pdf llg ?

[@oljenmaths]

Très simple : si tu parviens à le digérer, il est au top ! Et cela veut dire que tu disposes déjà d'une bonne méthodologie pour comprendre un cours de mathématiques du supérieur, de bases solides en raisonnement et d'autonomie pour chercher des exercices. L'analogie serait « que penses-tu d'une barre à 100 kg au développé couché ». Je réponds : si tu arrives avec des séries avec une telle barre, c'est super, feu ! Mais si c'est trop lourd et que la marche est haute, je suis convaincu que le contenu que j'ai produit est à même de permettre de meilleurs progrès 😇.

[@robinteychene5851]

⁠@@oljenmathsmerci pour cette réponse

[@fabricefortain7813]

Quelle mpsi ? Pour coller et avoir collé dans plusieurs lycées, avoir le niveau de maîtrise des outils de terminale est tout à fait différent selon le niveau de la prépa dans laquelle on est inscrit. Mpsi à H4 n’a rien à voir avec certains lycées de province. Néanmoins, arriver en prépa avec des « lacunes » de terminale n’est en général pas une bonne chose.

[@sourivore]

Je ne suis pas vraiment d'accord avec le fait que le professeur utilise la palette de notes pour évaluer les élèves les uns par rapport aux autres. En tant que nouveau professeur, je me bats pour avoir un barème clair sur mes évaluations et ainsi lutter contre ce qu'on appelle " la constante macabre"

[@oljenmaths]

Je suis très intéressé par cette manière de noter, et par le calcul de cette « constante macabre » (plus précisément, le détail). Ci-après, je détaille ce que je faisais lorsque j'étais en poste, étape par étape. 🔸J'établis un barème sur xxx points, où chaque point est associé à quelque chose de précis (argument, résultat, etc.) 🔸En fonction de la « performance globale » de la classe, je ramène les notes sur 20 avec une moyenne comprise entre 8 et 12. 🔸Je fournis, avec la solution, une « grille » anonymisée qui indique les points obtenus par chaque élève de la classe à chaque question. On peut ainsi voir ce qui a été traité, mal traité, bien traité, par combien, etc. Et par dessus, il y avait mes incessants discours sur le fait de se focaliser sur une progression personnelle plutôt que sur une note que j'étais plus ou moins obligé de mettre.

[@sourivore]

@@oljenmaths Merci pour ce partage. Pour tout ce qui a trait a la constante macabre il faut se rapprocher des travaux d'Andre Antibi. Ce qui me gêne dans l'étape qui consiste à ramener à une moyenne entre 8 et 12 c'est que la note devient le reflet de son niveau de réussite à l'évaluation par rapport à la classe. Un élève peut très bien avoir un 10 car toute la classe a réussi. Naturellement je m'attendrais qu'un élève qui réussit un problème de niveau disons centrale Supélec ait une note élevée car il s'inscrit dans l'attente de fin de prépa, à savoir la réussite de l'examen, indépendamment du résultat de la classe.