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Un autre citation sur le sujet (d'Henri Denis, qui a même écrit un livre sur le sujet, dans lequel il propose son explication à ce paradoxe) : « Quand on examine l’histoire de l’économie politique, on voit qu’il existe un phénomène qui s’est montré rebelle à toutes les tentatives qui ont été faîtes par les économistes pour en donner une explication. Il s’agit du revenu du capital, que l’on peut nommer profit, en prenant ce terme au sens large ».
Une autre explication proposée à ce paradoxe, sur laquelle semble s'accorder beaucoup d’économistes : son cadre est trop rigide. Donc ce problème serait tout simplement un faux problème. Pour les économistes qui pensent ainsi, dans le monde réel les entreprises ne paient pas toutes des salaires en même temps. Et ne constatent pas leurs profits en même temps, comme dans l’exemple qu’on a vu. Dans la réalité, certaines entreprises vont réaliser des profits pendant que d’autres n’ont pas encore bouclé leur exercice comptable. Et ces profits vont être dépensés et donc réinjectés dans l’économie, ce qui permettra ensuite à d’autres entreprises de réaliser de nouveaux profits. Et ainsi de suite. Le paradoxe des profits n’existerait alors qu’en théorie, par le cadre trop rigide qu’on lui donne, en supposant que tous les salaires sont versés en même temps, et que toutes les entreprises constatent leurs profits en même temps.
De la même manière, dès qu’une entreprise commence à réaliser des profits, elle ne les stocke pas sagement dans un coffre-fort en attendant la fin de l’année comptable, mais les réutilise ou les place. Donc l’argent est directement réinjecté dans l’économie, dépensé et permettra à d’autres entreprises de réaliser aussi des profits.
Cette explication, qui fait du paradoxe des profits un faux problème, a toutefois ses limites, notamment car les entreprises constatent généralement leurs profits sur la même période, à savoir l’année civile. Mais elle constitue aussi, effectivement, une réponse possible à ce paradoxe. Et il est vrai que le problème est posé dans un cadre très rigide.
Mais comme on l’a vu, même dans ce cadre, il est possible d’expliquer comment les entreprises réalisent des profits sur la base des seuls revenus qu’elles injectent dans l’économie.
Une autre réponse courante à ce paradoxe est que les capitalistes n'attendent pas d'avoir réalisé des profits pour consommer. Il faut bien qu'ils vivent avant que les profits soient réalisés. Ils vont donc consommer sur la base des profits qu'ils anticipent de réaliser. Et c'est cette consommation qui leur permettra de réaliser des profits (profits qu'ils ne pourront alors plus utiliser puisqu'ils les auront dépensé en avance). Smith a proposé ce type d'explication : « De même que le vendeur avance à ses ouvriers leurs salaires ou leur subsistance pendant que la marchandise se prépare et est conduite au marché, de même il se fait aussi à lui-même l’avance de sa propre subsistance, laquelle, en général, est en raison du profit qu’il peut raisonnablement attendre de sa marchandise. » (Smith, 1776, p. 126). Marx a avancé un raisonnement similaire dans le Capital : « En pratique, l’opération a lieu de deux façons : si l’affaire n’a été inaugurée que pendant l’année en cours, il se passera un bon moment, quelques mois dans le meilleur des cas, avant que le capitaliste puisse dépenser pour sa consommation personnelle de l’argent provenant de ses rentrées. Il ne suspend pas pour autant sa consommation un seul instant. Il se fait à lui-même une avance d’argent sur la plus-value à gagner (peu importe ici qu’il tire cet argent de sa poche ou, par le crédit, de la poche d’un autre) ; ce faisant, il avance aussi un moyen qui va circuler et permettra de réaliser la plus-value réalisable par la suite. Si, par contre, l’affaire fonctionne régulièrement depuis longtemps déjà, débours et recettes se répartissent sur l’année à diverses échéances. Mais il est une chose qui se poursuit sans interruption : c’est la consommation du capitaliste ; elle est calculée par anticipation sur les recettes habituelles ou attendues et son volume en constitue une certaine proportion » (ibid, p. 368-369).
Concernant la loi des profits de Kalecki, on peut y ajouter les excédents commerciaux. Si un pays a des excédents commerciaux, c'est qu'il a plus d'argent qui rentrent (avec ses exportations) que d'argent qui en sort (avec ses importations). On comprend alors facilement que les revenus des entreprises puissent excéder leurs dépenses. On peut aussi y ajouter les déficits publics, qui agissent comme dirait Kalecki comme des excédents commerciaux. La dette de l'Etat, ce sont des revenus en plus pour les ménages et les entreprises, et donc la possibilité pour les entreprises de réaliser des profits plus importants.
Extrait du film : L'avare (1980).
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